Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Si Dorante jamais va vous interroger;
Si de gré, fi par force il veut vous engager
A lui développer les fecrets de Madame,
A veiller fur les pas de fa foeur, de fa femme,
Gardez-vous bien furtout....

BABET.

Vaine précaution!
Le mefonge eft vertu dans cette occafion.
Qui ne fçait quel parti doit prendre une fuivante,
Dont le premier devoir eft d'être confidente
Ce feroit dans Paris un monftre à faire peur,
Qu'une qui trahiroit Madame pour Monfieur.
JUSTINË.

Pardonnez fi j'ai fait un difcours inutile;
A vous voir j'ai bien crû que vous étiez habile:
Mais je ne penfois pas que ce fût à ce point;
Vous répondez à tout,& ne balancez point;
Mais il eft tard: allez trouver votre Maîtreffe,
Et pour la bien coëffer, redoublez votre adreffe.
BABET.
J'y vais.

SCENE II
JUSTINE feule.

Q

Velle rusée ! ô fiecle ! ô tems! & mœurs!

Tremblez hommes,tremblez, j'approuve vos ter◄ reurs ;

La femme la plus fimple a l'art de vous furprendre,

Et toujours... Mais voici le valet de Clitandre.

WWRNAVNA

SCENE III.

JUSTINE,

CHAMPAGNE.

CHAMPAGNE

Bonjour Juftine.

JUSTINE.

Eh bien Champagne, que dit-on ?

Ton Maître eft-il content de notre invention ?
En attend-il l'effet que j'ofe m'en promettre?

CHAMPAGNE.

Je ne fçai. Tu pourras l'apprendre par la Lettre Qu'il écrit a Julie. Eft-il jour là-dedans ?

Non.

JUSTINE.

CHAMPAGNE lui donnant la Lettre. Tiens, tu la rendras quand il en fera tems. A ne te point mentir cet amour de mon Maître, Tous fes foins empreffez...

JUSTINE.

Te fatiguent peut-être CHAMPAGNE.

Tu l'as dit. Eft-il rien de plus trifte en effet ? Toujours fans aucun fruit filer l'amour parfait, JUSTINE.

a

Julie aime Clitandre, & d'un ardeur fidelle.
CHAMPAGNE. A

Eh morbleu, s'il eft vrai, que ne l'époufe-t'ellee
JUSTINE.

Tu parles comme un fot.

CHAMPAGNE,

CHAMPAGNE.

Grand merci. Mais pourquoi

Le fait-elle languir fans lui donner sa foi ?

JUSTINE.

Ignores-tu qu'il faut que fon frere y confente?

CHAMPAGNE.
Elle ne fera rien fans l'avis de Dorante;
Je la garantie fille encore à foixante ans.

D'où vient?

JUSTINE.

CHAMPAGNE.

Donnera-t'il quatre cent mille francs?

On garde avec plaifir une pareille fomme.
S'en dépouillera-t'il en faveur d'un autre homme?
S'il en eft comme l'on dit le jufte poffeffeur
Jufqu'au jour où l'hymen engagera fa fœur.
JUSTIN E.
Telle fut à la mort la volonté du pere.

CHAMPAGNE,
Ce pere en fentimens ne fe connoiffoit guere,
S'il crut que l'interêt cedant à l'amitié,
Dorante de fes biens quitteroit la moitié.
AJUSTINE.

Sans doute à l'y forcer nous aurons de la peine.
Mais ai-je encor formé quelque entreprise vaine?
Grace au Ciel mes projets ont toujours réüssi;
Et j'aurai le plaifir d'achever celui-ci.

Oui, j'ai juré d'unir Clitandre avec Julie;
J'ai le fecours d'Erafte, & celui de Celie.
Je tiendrai ma parole, ou bien je perirai.

SCENE IV.

JUSTINE, CHAMPAGNE,

Q

DUBOIS.

DUBOIS dans fa couliffe.

Uand Monfieur fera prêt je vous avertirai:
Voilà pour vous fervir tout ce que je puis

faire.

CHAMPAGNE.

Avec qui parlez-vous, Monfieur le Secretaire? DUBOIS.

Avec un bon Normand qu'on met au desespoir. Il pourfuit un Arrêt qu'il ne fçauroit avoir. J'ai honte en verité de le voir tant remettre. JUSTINE à Champagne bas.

Songe à l'entretenir. Je vais rendre ta Lettre,' Et chercher la réponse.

SCENE V.

DUBOIS, CHAMPAGNE.

DUBOIS.

A ce qui me paroît,

Tu t'introduis ceans par un fort bon endroit.
Franc Meffager d'amour tu prétends....
CHAMPAGNE.

Qu'eft-ce à dire

DUBOIS.

Les gens de ton métier craignent peu la fatire:
Ils vantent leur talens au lieu de lès cacher.
Va, ne te fâche point.

CHAMPAGNE.

Eh pourquoi me fâcher?

Ma foi, Monfieur Dubois, mon métier vaut le

vôtre.

DUBOIS.

Temeraire, ofes-tu comparer l'un à l'autre ?

CHAMPAGNE.

Je gagne plus que vous, j'en fuis sûr.

DUBOIS.

Je le croi.

Un Manovre à prefent doit gagner plus que moi. CHAMPAGNE.

D'où vient?

DUBOIS.

Notre Patron morbleu ne veut rien faire, J'attends depuis un an qu'il rapporte une affaire. Je ne puis l'obtenir.

CHAMPAGNE.

Le travail lui fait peur
DUBOIS.

Non, non, je l'ai gueri de la commune erreur.
Je lui dis chaque jour : Si vous vouliez me croire,
Que vous auriez Monfieur, & de biens & de
gloire!

[ocr errors]

Sans peine, fans travail, fans incommodité,
Que vous feriez bientôt un Juge redouté !
Perdez votre air de Cour, quittez ces cotteries,
Où l'on ne penfe rien que des badineries.
Un air plus férieux convient à votre état,
La mine fait fouvent le quart d'un Magiftrat.
Reformez votre habit, rendez-le plus modefte
Soyez fier, grave, dur, & je réponds du refte.
De la main du Greffier je prendrai les procez;

« AnteriorContinuar »