C'en eft fait, de ma mort l'inftant fatal eft proche, Le fuplice m'attend au fortir de ce lieu, L'appareil est tout prêt, & pour jamais, adieu, Je ne vous verrai plus... Mais je vous prie encore, C'eft le dernier fouhait d'un coeur qui vous ado

re, De vouloir...

SCENE V.

APPIUS, ICILE, VIRGINIE, CAMILLE, FABIAN, PISON, GARDES.

APPIUS.

Quel fuccez aura votre entretien 2

Qu'avez-vous refolu? parlez, Icile.

ICILE.

C'eft donc là tout l'effet d'une telle entrevûë a

C'eft ainfi que pour
moi vous l'avez refoluë?
J'ai crû que par vos foins je recevrois fa foi.
ICILE.

Je n'ai pas feulement daigné penfer à toi.
Comment t'es-tu flatté que pour fauver ma vie
Je viendrois pour tes feux parler à Virginie?
J'ai dû mieux employer un tems fi precieux,
Qu'à fervir d'un Tyran les deffeins odieux.
APPIUS.

Ah, perfide! ta mort, mais une mort cruelle,
Punira de ton coeur l'audace criminelle;
Rien ne te peut fauver, c'en eft fait..

ICILE.

Hâte-toi,

La mort n'a rien d'affreux ni de trifte pour moi: Mais que dis-je ? ma mort encor plus que ma vie, De ton amour jaloux excitera l'envie;

Je mourrai plaint, heureux, & fans être trahi;
Tu vivras criminel, malheureux, & haï.
VIRGINIE.

Ceffe de te flatter; en vain ta tyrannie
S'attache à feparer Icile & Virginie;

En vain d'un feu fi beau tu veux rompre le cours,
L'amour plus fort que toi nous rejoindra toujours.
APPIUS.

Oui, vous ferez ́unis... mais c'est vous faire gra

ce,

Il faut bien autrement confondre votre audace.
Vous voulez m'irriter; un trépas éclatant
Eft le fuprême bien que votre amour attend:
Mais vous vous abufez; mon adroite colere
Par un long châtiment cherche à se satisfaire :
Je prétens que vos cœurs endurent chaque jour
Mille tourmens divers, mille maux tour
Vous craindrez pour fa vie, il craindra pour la
vôtre;

à tour

Ainfi vous tremblerez fans ceffe l'un & l'autre, Et pourvû que l'effet repond à mes projets, Vous mourrez mille fois fans expirer jamais. Laux Gardes.) Qu'on les ramene.

VIRGINIE.

Adieu, Seigneur.

ICILE.

Adieu Madame.

;

C'E

SCENE VI.

APPIUS feul.

'En eft, fait baniffons la pitié de mon ame› Ne fongeons qu'à vanger le mépris....

Craignez fa fatale douleur. On la voit en tous lieux, de Romaines fuivie, A tous nos Citoyens demander Virginie. Ces femmes, à l'envi, par de triftes accords Expriment leurs regrets en des termes fi forts, Qu'il femble que chacune ayant perdu fa fille, Déplore les malheurs de fa propre famille..

Les unes par des pleurs exhalent leur courroux; D'autres, pour animer le peuple contre vous, Pouffent jufques au Ciel mille cris pitoyables; Plufieurs, pour éviter des difgraces femblables, Embraffent leurs enfans, & courent les cacher, Craignant que de leurs bras on les vienne arracher:

Enfin, à les fauver leur amitié s'empreffe,
Et la peur de les perdre augmente leur tendreffe;
D'ailleurs les Partifans de votre heureux Rival,
Sement par tout un bruit qui vous feroit fatal
On dit que c'eft l'amour, & non pas ma priere.
Qui vous fait enlever Virginie à fa Mere:
Pour vous juftifier dans l'efprit des Romains,
Il faut dès ce moment la remettre en mes mains
Attendant que
ce bruit avec le tems s'efface.

APPIUS.

nous verrons ce qu'il faut que je

Fin du quatrième Alte.

Су

*

ACTE V.

SCENE PREMIERE.

PLAUTIE, PISON, FULVIE

Q

PLAUTIE.

Uoi? l'on me traîne ici! quel injufte pro

jet...?

PISON.

Aux ordres d'Appius j'obéïs à regret,

Madame; mais. ..... .

PLAUTIE.

O Dieux ! quelle fureur l'anime
Ç'en eft fait, ce Tyran marche de crime en crime
Il retient Virginie, & me fait arrêter !
PISON.

Madame, à cet effort il a dû fe porter.
Le foin de fon falut l'a forcé d'y foufcrire,
Il n'a pu s'en defendre, & j'oferai vous dire
Que fon coeur inquiet a long-tems balance;
Mais d'un peril trop grand il s'eft vû menacé.
Vos pleurs étoient plus forts que les armes d'Icile,
Déja de toutes parts on voyoit dans la Ville
Les femmes à l'envi fur vos pas s'affembler;
Déja...