Quel injufte chagrin & vous trouble & vousgêne. APPIUS. Je crains l'aspect d'une inhumaine; reux, dre mé, poir ? Je ne me souvins plus des loix de mon devoir; Lemer entre eux un éternel divorce, CLODIUS. feste, ce , C'est d'avoir employé mes soins & mon as dresse Pour rompre le bonheur qu'Icile s'est promis; Je le hais plus lui seul que tous mes ennemis. Depuis que par sa brigue assurant ma disgrace , Je l'ai vû dans nos Camps commander en ma plam Et par l'injufte choix de Rome & du Senat, Des honneurs qu'on me doit obtenir tout l'éclat; Que je serois heureux de le pouvoir détruire ! Je gouterai du moins le plaisir de lui nuire, Puisqu'enfin votre amour me permet aujourd'hui D'attacher à ses jours un éternel ennui. Mais je n'aurois pas crů, quelque ardeur qui vous preffe , Que le coeur d'Appius fît voir tant de foiblesse. Tout flatte vos delirs, tout succede à vos voeux, Vous n'avez qu'à vouloir , Seigneur , pour être heureux : Cependant un Rival que votre amour accable, Vous gêne, & vous paroît encore redoutable. Il vous le falloit craindre en cet instant cruel Que conduisant déja Virginie à l'Autel, Par les liens facrez d'un heureux Hymenée Il ' alloit à fon fort joindre fa destinée ; Lorsque tout étoit prêt, la coupe, le couteau La victime, l'encens, le Prêtre, le flambeau Quand Plautie elle-même à ses desirs propice, Pour l'Hymen de sa fille offroit un facrifice : C'étoit alors , Seigneur , qu'on eût pu pardonner Le trouble ou votre coeur semble s'abandonner : Mais j'ai mis à ces noeuds un invincible obstacle, Et pour vous épargner ce funeste spectacle, J'ai ravi la conquête à cet heureux Amant. Dans le Temple , à l'Autel, dans le même mo ment Qu'il formoit ce lien à votre amour contraire; ز Et malgré les soupirs & les pleurs d'une mere, dre APPIUS. CLODIUS. APPIUS. mon amour. me , Captive dans ces lieux , elle ait appris encore Qu'elle est prête à tomber dans la honte des fers; Ce seroit à la fois trop de malheurs divers. Attendons, pour lui faire un aveu fi terrible, Que le tems ait rendu sa douleur moins sensible; Epargnons ses soupirs , & cherchons un moment Où je trouve son cour moins plein de sonAmant, Mais cachons-lui fur-tout que c'est moi qui l'op prime; Et puisqu'enfin l'amour me coûte un fi grand criQue j'en rougiffe seul, ou que ma honte au moins N'ait dans tous mes remords que tes yeux pour témoins. CLODIUS. Prenez garde, Seigneur, qu'une injuste contrainte Ne renverse à la fin tout le fruit de ma feinte. Vous nourrissez un feu prêt à vous consumer , Vous languirez toujours... APPIU S. Celle de t'allarmer, J'ai mes raisons ; je veux qu'une action si noire, Loin de ternir ma vie, en releve la gloire. Deguisons ce forfait , couvrons-en la noirceur, Et faisons admirer ce qui feroit horreur. Si la vertu souvent paffe pour impofture, Le crime imite aufli la vertu la plus pure; Et mon coupable amour sera mieux écouté Sous un pretexe adroit de generosité. Je vais donc annoncer moi-même à Virginie Qu'à la tirer des fers la gloire me convie, Et que rien desormais la peut secourir, Que la main & la foi que je lui viens offrir; Sous ces dehors flateurs je cacherai mon crimne, Par-là je gagnerai son coeur ou son estime Et l'on imputera , par ce subril détour , A la seule pitié des effets de l'amour. ne CLODIUS. AP PLUS. CLODIU S. S CEN E I I. APPIU'S, CLODIUS, FABIAN, PISON. FABIAN Plautie , aux pleurs abandonnée i Seigneur , à vous attendre elt toujours obftinée. |