SCENE V I. ISMENIE, BARSINE, SINORIX, SINORIX. Apprenez Pprenez une heureuse nouvelle,, Madame, Arminius va paroître à vos yeux, pelle 2: Fy cours SCENE V I I. ISMENIE, BARSINE... Q IS MENIE. U'ai-je entendu ? Dans quel tems juftes Dieux! Allez-vous prefenter mon Amant à mes yeux? Quels malheurs, quels combats quel fpectacle barbare Ce funefte retour aujourd'hui me prépare? Ah! pouvois-je prévoir cet affreux changement ? Jufqu'ici les Deltins propices & fideles Marquoient tous mes momens par des faveurs nouvelles : Mais dans un feul inftant leurs tyraniques loix Ont fait tomber fur moi tous les maux à la fois. Je reffens en un jour plus d'ennuis, plus d'allar mes. Qu'en dix ans de bonheur je n'ai trouvé de char mes C'en elt trop, juftes Dieux ! & fi votre rigueur Condamnoit les tranfports d'une innocente ar deur; Si vous vouliez punir mon ame trop charmée Ah! Madame, efperez... Que veux-tu que j'efpere? Tu le vois mieux que moi, tout me devient contraire. Mais c'est trop m'attendrir. Mes foupirs & mes pleurs M'arrêtent en ces lieux fans parer mes malheurs. Courons donc à mon Frere apprendre ma difgra ce: 4145 Il m'aime, un fort pareil aujourd'hui le menace. Cherchons-le, puiffions-nous accorder en ce jour Les devoirs oppofez du fang & de l'amour. Fin du premier Alte. Q A CTE II SCENE PREMIERE. ISMENIE, BARSINE. IS MEN I E. Ue fait Arminius, dis, l'as-tu vû, Barfine? Attendra-t'il ici le fort qu'on lui deftine? De ces lieux ennemis ne veut-il point sortir? BARSIN E. A s'éloigner, Madame, il ne peut confentir Helas! à quels tourmens fa fermeté m'expofe! Il perira, Barfine, & j'en ferai la caufe. Va, retourne vers lui, qu'il parte en ce moment, Je le veux, je l'ordonne; & s'il m'aime ardem ment, De fon amour pour moi lá marque la plus chere C'eft de fuir les Romains, & Varus, & mon Pere. Qu'il ne s'obftine plus à demeurer ici; Cours, redouble tes pas. BARSINE. Madame, le voici. WYROID OYA TA SCENE II ARMINIUS, ISMENIE, BARSINE. ARMINIUS. Madame, malgré vous, malgré votre défen J'ofe jufqu'en ces lieux chercher votre prefence. Je viens lire mon fort dans les yeux d'Ifmenie. re, En vain à mon amour tout le resté eft contraire : Mais fi d'intelligence avec mes ennemis, [mis;Ils détruifent l'efpoir qu'ils m'ont toujours perSans laiffer aux Romains le foin de me pourfui- vre, Madame, avec plaisir je vais ceffer-de-vivre. ISMENIE. Dans un tems moins cruel, vous le fçavez, Sei gneur, J'aurois à vous revoir borné tout mon bonheur: Mais, helas! la douceur d'une fi chere vûë, Par une jufte crainte eft ici suspenduë. Je vous vois à regret dans ce Camp malheureux, Où vous n'avez pour vous que mes timides vœux? Où de votre Rival la puiffance m'allarme; Où pour vous perdre enfin, tout conspire, tout s'arme. Falloit-il dans ces lieux venir porter vos pas? ARMINIUS. Ne le fçavez-vous pas ? Abfent depuis fix mois de tout ce que j'adore, Je ne pouvois fans vous vivre un moment encore. J'ai volé vers ce Camp, plein d'amour & d'efpoir. Eh! qui jamais, Madame, auroit ofé prévoir Le funefte deffein qu'a formé votre Pere? Je fçavois qu'engage dans un parti contraire, Ce Prince s'étoit joint avec mes ennemis :Mais devois-je penfer, qu'indignement foûmis, Il n'eût point confervé des droits fur une Armée A vaincre les Romains long-tems accoutumée ? Qu'il reconnût ici Varus pour Souverain, Et voulût vous forcer de lui donner la main ? Pouvois-je Toupçonner.. ... ISMENIE.. Oui, vous deviez tout croire Eh! Madame, l'Amour raifonne-t'il fi jufte ? |