Imágenes de páginas
PDF
EPUB

POUR SERVIR

A L'HISTOIRE

DE S

HOMMES

ILLUSTRES

DANS LA REPUBLIQUE des Lettres,

Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages.

CLAUDE-GASPAR BACHET
DE MEZIRIAC.

LAUDE-Gafpar Bachet CLAUDE

fieur de Meziriac fortoit
d'une famille noble &
ancienne de Breffe. Son

pere Jean Bachet étoit Confeiller du Duc de Savoye & JuA

Tome VI.

GASPAR

BACHET

DE ME

ZIRIAC

CHET.

C. G.BA- ge des appellations de B, qul étoit, pendant que la Breffe appartenoit à ce Prince le premier Office de Magiftrature du pays. Il laifla entre autres enfans celui dont j'ai à parler, & Guillaume Bachet Seigneur de Vanluyfant, Prefident de Election de Bre, mort en 13 fans enfans. Cétoir un bon Poëte Latin & François, comme il l'a fait connoître, principalement par une excellente & naive traduction de quelques-unes des Epitres d'Ovide, qui ont été imprimées avec celles de fon frere.25\3

Claude Gafpar Bachet prit le nom de Meziriac, quoique le nom veri table de la terre qui le lui donna foit Meyleria, mais peut-être le changea-t-il pour le rendre plus doux & plus coulant.

Il fe rendit trè -habile dans les Langues, & particulierement dans fa Greque, dans les Mathematiques, & dans les autres fciences curieufes; mais ce qu'il poffedoit le mieux étoit l'Hiftoire fabu'éufe, dans la Da quelle il a paffé parmi les Doctes, pour le premier homme de fon ficcle,

>

Il paffa dans fa jeuneffe beaucoup C. G.BA de temps à Paris & à Rome, & il fit CHET. dans cette derniere Ville quantité de vers Italiens en concurrence avec M. de Vaugelas, qui y étoit en même temps que lui. Colomiez rapporte dans le Colomefiana, fur la foi de M. Patin dont il tenoit ce fait, que M. de Meiriac avoit été Jeluite à l'âge de vingt ans, qu'il avoit fait la premiere clafle à Milan, mais qu'étant tombé malade en cette Ville il quitta la focieté. C'eft ce que M. Pelliffon n'a pas sçû.

A fon retour d'Italie il fe retira chez lui à Bourg en Breffe, où il fe refolut de mener une vie tranquille. Il étoit déja connu & compré entre les premiers efprits de fon temps, & cela lui fuffifoit. Quant au bien il avoit au commencement cinq ou fix mille livres de rente, & il s'en trouva huit ou dix par la mort de Guillaume Bachet fon frere aîné. Il ne travailla jamais pour en acquerir d'avantage; il évita au contraire les charges publiques, & les emplois que les autres recherchent avec empreffe ment. Lorsqu'il étoit encore à Paris

CHET.

C. G.BA- on parla de lui pour être Precepteur du Roy Louis XIII. mais la crainte qu'il eût d'être chargé de ce pefant fardeau l'engagea à fe hâter de quitter la Cour.

Retiré dans fa patrie, il fongea à fe marier, & fe conduifit dans cette importante affaire avec le même defintereflement qui l'avoit toûjours fait agir. Il ne chercha ni les richeffes, ni les grandes alliances, il ne fe propofa que d'avoir une compagne avec laquelle il pût paffer doucement fes jours. Ainfi il préfera aux plus riches partis une femme fans biens, mais de bonne famille, bien faite d'une humeur fort douce, & affortiffante avec la fienne. Il ne fe repentit point de ce choix, & il prenoit fouvent plaifir à en parler à fes amis comme de la meilleure chofe qu'il eût jamais faite. Elle s'appelloit Philiberte de Chaben, & il en a eu plufieurs enfans.

,

La fanté, ce bien précieux, qui rend tous les autres plus agréables, ne lui manquoit pas, fa feule incommodité étoit d'avoir quelquefois de legeres atteintes de goutte. Mais la

principale partie de fon bonheur con-C. G.BA Liftoit dans la bonté de son esprit, CHET. car il l'avoit naturellement aifé doux, moderé, & il étoit de ceux à qui toutes chofes plaisent, & qui fe divertiffent à tout.

Il partageoit fon temps entre les divertiffemens honnêtes & l'étude, & il les mêloit quelquefois d'une telle maniere qu'il faifoit apporter fon porte feuille pour écrire quelque chofe dans des compagnies où l'on s'amufoit à jouer & à danfer. Cette humeur libre & familiere jointe à fon merite, à fa naiffance & à fon bien lui procuroient dans fa patrie une efpece d'empire dont il ne fe fervoit que pour faire du bien à ceux qu'il en croyoit dignes.

L'Academie Françoife le reçût en 1635. dans fon corps,quoi qu'abfent, lorfqu'elle ne faifoit que de s'établir; fa reputation & fa vafte érudition lui procurerent cet honneur.

Il est mort le 26. Fevrier 1638. ceux qui prétendent qu'il n'avoit alors gueres plus de quarante-cinq ans fe trompent; puifque fon per qui l'avoit eu d'un premier mariage

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »