lui acquit une grande connoiffance de la Langue Greque.

Après un affez long séjour en Angleterre, il retourna à Leyde, laiflant à Londres Rogemorter, qui y avoit été fait Miniftre de l'Eglife Hollandoife Reformée. Depuis ce temps il s'appliqua fucceffivement à la Theologie & à la Jurifprudence, fans negliger les belles Lettres, qui faifoient fa principale étude. La frequentation des Savans contribua beaucoup aux progrez qu'il fit dans toutes ces fciences, & il fe reffouvenoit toûjours avec plaifir de l'avantage qu'il avoit eu de demeurer pendant trois ans avec Bonaventure Vulcanius.

Quoiqu'il eut déja quelque connoiffance de la Langue Hebraique, elle étoit trop fuperficielle, pour qu'il s'en contentât; il alla donc à Franeker pour s'y perfectionner fous le fameux Drufius, qui lui apprit outre cela les Langues Chaldaique & Syriaque, & le fit entrer dans la lec-: ture des Rabbins. Il donna auffi, dans cette Ville quelque temps à l'éude de la Jurifprudence. Tome VI.

X

P. Cu

NEUS.

P. CuNEUS.

Il y avoit déja long-tems qu'il travalloit à s'inftruire, il étoit temps qu'il inftruifit les autres. L'Academie de Leyde prévenue de fa capacité le fit en 1611. Profeffeur en Humanitez, & enfuite en Politique, & il expliqua dans ce pofte Juvenal, Seneque le Philofophe, Suetone, Ta cite,& quelques autres Auteurs. Mais comme il aimoit la Jurifprudence préferablement à tout, il fe fit recevoir Docteur en cette Faculté, & demanda permission de fuivre quelque temps le Barreau, & d'aller entendre à la Haye les Avocats celebres.

De retour à Leyde en 1615. il fut nommé Profeffeur en Droit, Charge qu'il a exercée jufqu'à la fin de fa vie, & dans laquelle il expliqua d'abord le Digefte, & enfuite le Code Juftinien. Quoiqu'il fe plaignit d'être diftrait par un grand nombre de confultations & d'affaires, que fa Profeffion lui attiroit, il ne laiffoit pas de s'attacher à d'autres études, principalement à l'Hiftoire Sainte & à celle des Juifs.

-Les Etats de Hollande le choifirent fur la fin de fa vie, pour leur fervir

de Confeil dans les affaires du Com- P. Cu merce & de la Marine, & ceux de Neus,.! Zelande voulurent lui donner la Charge d'Hiftoriographe de la Province. Il fit pour cela un voyage dans fa patrie, où il fut attaqué d'une fievre fâcheufe, qui eut quelque interruption,& lui laiffa la liberté de retourner à Leyde. Mais il en eut peu de temps après de nouvelles attaques qui le conduifirent au tombeau.

Il eft mort au mois de Novembre 1638. dans la cinquante-troifiéme année de fon àge, il s'étoit marié en 1616. & a laifle quelques enfans.. Catalogue de fes Ouvrages.

1. Sadi venales fatira Menippea, in faculi hujus homines plerofque inepte eruditos. Lud. Bat. 1612. & 1616. in 24. It. avec fes Harangues. Cunens étoit d'autant plus propre à cenfurer les défauts des hommes, qu'il étoit d'un temperamment fec, fujet à la colere, & ne pouvant fouffrir les vices que la coutume autorife. Il fe moque dans cet ouvrage des Savans qui fe jouent de la credulité des peuples, & qui s'imaginent que le Lecteur. s'endort fur: leurs

NEUS.

P. Cu- écrits,s'ils ne le reveillent par quelque miracle. Ils font defcendre Dieu du Ciel, pour agir & parler comme il leur plaît ils remontent fans fcrupule jufqu'à l'origine la plus fabuleufe des peuples & des Villes, & fe font un honneur d'appuyer fur ces contes, comme fur autant de veritez, les chofes les plus extraordinaires. En un mot il y fait unefatyre des faux Savans; mais comme elle fft très-piquante, on affure qu'il la defapprouva lui-même dans la fuite. (Bafnage Pref. des Antiquitez fudaïques.)

2. Animadverfionum liber in Nonni Dionyfiaca Lugd. Bat. 1610. in 80. Cuneus releve dans ces remarques les fautes de Nonnus

3. Fuliani Imperatoris Cafares è Graco verfi Lugd. Bat. 1612. in 89. It. dans le recueil de fes Harangues. Cuneus entreprend dans fa Préface de relever la gloire de l'Empereur Julien, en le comparant aux plus grands Heros du Paganifme..

4. De Republica Hebræorum libri tres. Lugd. Bat. 1617. in 8°. It. 1624. in 12. It. Amftelodami. Elzevir.

1632. in 24. Il y a deux éditions de P. Cu cette année, qui different feulement NEUS. en ce que la feconde eft d'un carac tere plus menu & plus net, & qu'on y a corrigé l'Errata, qui fe trouve à la fin de la premiere édition; elle 2.372. pages, & doit être préferée à l'autre qui en a 502. It. cum Annotationibus Joannis Nicolai. Lugd. Bat. 1703. in 49. It. traduction en François fous le titre de la Republique des Hebreux. Amfterdam 1705. in 80. Cet ouvrage n'eft point une Hiftoire fuivie & complete. L'Auteur y a pris feulement les époques des principales revolutions qui font arrivées dans la Republique Judaique, & fait des obfervations déta chées fur fes loix & fes ceremonies les plus importantes.

5. Refponfum in caufa Poftliminii 1631. It. avec fes Harangues. 11 s'agit dans ce petit écrit d'une queftion qui regarde le droit des gens. Trois vaiffeaux Genois avoient pris un bâtiment Turc chargé de riches marchandises qui venoient de Conftantinople; comme les Genois font toûjours en guerre avec les Turcs