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aut. xv. ficcle.

perdu dans fon enfance fon pere & fa mere, qui n'éAN. 1489. toient que boulangers, une dame charitable cut foin Dupin bibl, des de fon éducation & le fit étudier avec un fils unique qu'elle avoit. Elle les envoïa tous deux à Zwol dont le college étoit plus cftimé que celui de Groningue. Weffel y fit beaucoup de progrès, & y enfeigna même enfuite publiquement. Il en fortit pour aller continuer les études à Cologne, où l'on le foupçonna d'être peu orthodoxe. Il voulut enfeigner la théologie à Heidelberg, il y fut refufé, parce qu'il n'étoit que laïque & qu'il ne vouloit pas s'engager dans la clericature. Il revint à Cologne, paffa à Louvain, & de-là à Paris. François de la Rouere general des Freres Mineurs le mena à Bafle du tems du concile, & il s'y fit admirer des habiles gens. Il revint à Rome quand Sixte IV. fut élû pape, & quitta l'Italie pour venir mourir à Groningue fa patrie. On ne peut douter qu'en plufieurs chofes fes fentimens ne fuffent contraires à ceux de l'églife catholique. Après fa mort on brûla plusieurs de ses manuscrits, ce qui en refta fut imprimé à Groningue en 1614. & à Sup. liv.cxv.n.6. Amfterdam en 1617. On a parlé ailleurs de la condamnation que les inquifiteurs d'Allemagne firent l'an 1479. de plufieurs propofitions trop libres qu'il avoit enfeignées.

Le onzième de Septembre de la même année mourut encore Jacques Piccolomini cardinal, qui avoit été fecretaire de Callixte III. & de Pie II. qui lui donna le chapeau. Il a laiffé fept livres de memoires qui contiennent l'histoire de ce qui s'eft paffé dans l'Europe depuis le voïage de Pie II. à Ancone, jusqu'à la mort du cardinal de Cafvajal, c'est-à dire, depuis Fan1464. jafqu'en 1469. C'eft dans cette même an

née

née 1489. que Donat Boffius Milanois finit fa chronique des archevêques de Milan. Il a auffi compofé AN. 1490. une autre chronique des principaux changemens du monde jusqu'à fon tems. On ne fçait pas l'année de fa mort.

CXVII.
Le pape exhorte

la guerre aux

Turcs.

Bzovius ad hune

annum 1490.

Vialand in vica

Innocent. VIII.

Le pape après avoir approuvé sur la fin de 1489. l'ordre des religieufes de la conception de la S. Vierge, les princes à faire qui avoit été inftitué à Tolede par Beatrix de Sylva fille Portugaife, à la priere d'Ifabelle reine de Caftille, & avoit fuivi d'abord la regle de Citeaux ; fa fainteté ne penfa plus qu'à tirer avantage de la perfonne de Zizim dont elle étoit maîtreffe, pour faire la guerre aux Turcs. Elle envoïa dès le commencement de 1490. des nonces à l'empereur, aux rois, aux princes & aux republiques, les exhortant à députer de nouveaux ambaffadeurs à Rome pour le vingt-cinquième de Mars jour de l'Annonciation de la sainte Vierge afin de prendre avec eux les mefures neceffaires à l'entreprise de cette guerre. Les princes fe rendirent aux exhortations du fouverain pontife;on réfolut avec. leurs.envoïez, que chacun contribucroit felon fon pouvoir en argent, armes ou foldats; & l'on convint de laiffer au pape une entiere liberté de lever les annates, les décimes & les autres contributions ; de publier des indulgences, des privileges & une croifade; le pape promit de fa part que fi l'un des trois rois, de France, d'Efpagne ou d'Angleterre fe chargeoit de la conduite des troupes, il s'y trouveroit lui-même en perfonne; que fi aucun roi n'étoit chef, il fe contenteroit de nommer deux légats, l'un pour l'armée de mer, l'autre pour celle de terre ; que les Italiens, les François, les Efpagnols & les Anglois ferviroient dans la premiere; les Allemands, les Bo

Tome XXIV.

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hemiens, les Hongrois & les Polonois dans la feconA N. 1490. de. Les légats & les nonces furent envoïcz dans toutes les provinces à ce fujet; mais tous ces grands projets furent fans execution. Les princes n'avoient garde de préferer le bien public à leurs interêts perfonnels; & le fouverain pontife lui-même, fi l'on en croit quelques hiftoriens, quelques belles apparences de zele qu'il fit paroître, étoit dans les mêmes fenti

CXVIII. Bajazet & le foudan d'Egypte envoient des ambaffadeurs au pape.

mens.

Pendant qu'on faifoit tous ces préparatifs assez inutilement, Bajazet fort irrité contre le grand-maître de Rhodes de s'être deffaifi de la perfonne de Zizim Raynald.hoc ann. fon frere, envoïa des ambaffadeurs au pape, pour 1490. n. 2. 3. faire alliance avec lui, & lui promettre fix-vingt mil

le écus d'or, pourvû qu'il voulut arrêter Zizim & le retenir en prifon. Dans le même tems le faint pere en reçut d'autres du foudan d'Egypte pour l'engager à lui livrer le même prince, afin de pouvoir plus sûrement faire la guerre aux Turcs. L'ambassadeur de Bajazet fut reçû avec beaucoup d'honneur; tous les cardinaux & les officiers du pape allerent au-devant de lui ; il étoit chargé de l'argent qu'on promettoit, avec beaucoup de pierreries & de prefens, cette fomme devoit fervir à païer trois ans de la penfion de Zizim, à quarante mille écus d'or par chaque année. Il eut une audience publique en prefence de tout le facré college. Il paroît que le pape accepta fes propofitions, & qu'il reçut tous les ans la fomme dont on étoit convenu pour l'entretien de Zizim. Ce n'étoit pas vouloir faire la guerre aux Turcs, pour laquelle il ne laifoit pas de lever des décimes.

Raynald. ibid. L'ambaffadeur que le foudan d'Egypte avoit envoïé à Rome, étoit Antoine Milan gardien des Cordeliers

n. 4.

de Jerufalem. Il avoit ordre en paffant par l'Espagne, de menacer les rois catholiques Ferdinand & AN. 1490. Isabelle de la part du soudan, qu'il se vengeroit fur tous les chrétiens qui étoient en Egypte & en Syrie, & qu'il leur feroit fouffrir les tourmens les plus cruels, fi on ne laiffoit les Maures en repos, & fi l'on ne ceffoit de leur faire la guerre. Mais le Cordelier ne s'acquitta point de fa commiffion. Il fe contenta d'informer Ferdinand roi de Naples des ordres dont il étoit chargé; & celui-ci qui n'étoit pas tout-à-fait ennemi des Maures en donna avis au roi d'Arragon, qui l'inftruifit des juftes fujets qu'il avoit de faire la guerre à ces infideles, & lui dit qu'il redoutoit peu les menaces du foudan. Le gardien des Cordeliers étant arrivé à Rome eut audience du pape; il demanda qu'on lui remît Zizim pour le faire chef de l'armée du soudan, & offrit en échange quatre cent mille ducats, & la ville de Jerufalem qui feroit fous la domination des chrétiens, à qui l'on accorderoit une entiere liberté pour faire le voïage de la terre-fainte fans païer aucun tribut; il promit encore de remettre au pape toutes les conquêtes qu'on feroit fur Bajazet, quand ce feroit même Conftantinople. On tint plufieurs confiftoires fur ces propofitions en prefence des cardinaux ; mais on ne décida rien.

CXIX.

empoisonner fon

Raynald.ad banc

ann. n. s.

Cependant les belles offres & les prefens de Bajazet devoient être fufpects, puifque quelques mois Bajazet veut fire auparavant il avoit tenté de faire empoifonner fon frere. frere Zizim. Un certain Chriftophle Macrin furnommé le Picentin, fort irrité d'avoir été privé & même chassé de son emploi par les gens du pape, s'en alla à Conftantinople & promit au fultan de mettre fin à la guerre en tuant & le pape & Zizim. Le Mu

phti lui procura plufieurs conferences avec Bajazet ; AN. 1490. on le chargea d'or, de pierres prétieufes & d'autres prefens; on lui promit le gouvernement de l'isle de Negrepont, & une flotte de deux cens galeres, s'il pouvoit empoisonner la fontaine dans laquelle on puifoit l'eau pour la boiffon du pape & de Zizim ; on lui donna même une phiole pleine d'un poifon très-violent. Chriftophle promit des merveilles; il partit de Conftantinople & vint à Rome, où aïant été arrêté pour d'autres crimes, on l'appliqua à la queftion dans laquelle il confeffa le deffein qui l'avoit amené à Rome. Sur fon aveu on le condamna au dernier fupplice dans le mois de Mai. Il fut conduit par la ville & déchiré avec des tenailles ardentes, & fes membres expofez à differentes portes de Rome, pour inspirer de la terreur aux complices de fon crime, qui étoient en grand nombre, & dont quelquesuns furent punis.

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Innocent VIII. nonobftant l'accord qu'il avoit fait avec Bajazet, travailloit toujours à réunir les princes pour faire la guerre aux Turcs. Il s'adreffa à Maximilien roi des Romains qui promit d'y contribuer, pourvû qu'on rétablit auparavant la concorde entre l'empereur Frederic fon pere & Matthias roi de Hongrie, & qu'on reconciliât ces deux princes. Le fouverain pontife envoïa auffi Bernard Stich à Naples, pour rendre au roi Ferdinand les lettres de Frederic & de Maximilien, & d'Albert duc de Saxe, & l'engager à prendre les armes pour la défenfe de la religion. Mais ce prince bien loin de fatisfaire fa fainteté, ne penfoit qu'à l'inquieter & la chagriner. Il lui enleva dans cette année Benevent dont il avoit chaffé les magiftrats qu'Innocent avoit établis Enfin

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