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qu'il fut obligé d'en paffer cinq fur cette côte qu'il AN. 1502 reconnut; hors d'efperance d'avancer à caufe du mauvais temps & des vents contraires, il prit le parti de retourner en Portugal où il arriva le dix-huitiéme de Juin 1504. & y mourut en 1508. laissant plufieurs lettres & une relation de fes quatre voïages, qu'il dédia à René II. duc de Lorraine, qui prit le titre de roi de Sicile.

L'archevêque de Tolede commença dans cette année à travailler au grand projet d'une bible polyglotte ou en plufieurs langues. Dans ce deffein il fit venir d'Alcala à Toledè beaucoup de fçavans hommes dans les langues Grecque, Hebraïque, Arabe & autres, dont la connoiffance est abfolument neceffaire pour la parfaite intelligence de l'écriture fainte, & que ce prélat avoit autrefois apprifes exactement. On trouve dans cette bible le texte Hebreu de la maniere dont les Juifs le lifent; la verfion Grecque des septante; la verfion Latine de faint Jerôme, que nous appellons Vulgate ; & enfin les paraphrafes Chaldaiques d'Onkelos fur les cinq livres de Moïfe feulement, & l'on a joint une traduction litterale au Grec des septante. Il y a deux préfaces à la tête; la premiere adreffée à Leon X. parce que cette bible ne fut imprimée qu'en 1515. & l'on y remarque que Ximenés qui en eft l'auteur, y dit en termes exprès, qu'il est très-utile à l'églife de donner au public les originaux de l'écriture fainte, foit parce qu'il n'y a aucune traduction qui puiffe parfaitement reprefenter fes originaux, foit parce qu'on doit avoir recours au texte Hebreu pour les livres de l'ancien teftament, & au Grec pour ceux du nouveau, felon le fentiment des faints peres. La feconde préface femble:

CXLII. L'archevêque de

Tolede travail à

une bible polyglotte

Alvar. Gomez,

de Caftro, de reb. gestis cardinal.

Ximen. lib. 2.

Raynald. ad anne 1502. n. 25.

n'être

pas de Ximenés, parce que tout ce qu'il a dit AN. 1502. dans la premiere en faveur du texte Hebreu, y est détruit ; car il y témoigne qu'on a placé l'ancienne verfion Latine de faint Jerôme entre le texte Hebreu & le texte des feptante, comme entre la fynagogue & l'églife Orientale, pour reprefenter Notre-Seigneur Jefus-Chrift entre deux larrons.

Voïez M. Dupin

ménes fur l bible,

On n'a pas fait difficulté de corriger les traducdans fes prolego- tions Grecque & Latine fur le texte Hebreu, & soulabibliotheque vent même affez mal-à-propos, & fans aucune neLong, prêtre de ceffité ; ce qui eft arrivé principalement dans la ver

facrée du P. le

l'Oratoire.

fion des septante qu'on a réformée ou plûtôt corrompuë en plufieurs endroits, pour la rendre plus conforme à l'original Hebreu ; l'on a fait la même chofe à l'égard de la Vulgate. Comme les exemplaires Latins étoient fort défectueux, on s'eft auffi donné la liberté de la réformer, non feulement fur d'anciens exemplaires Latins; mais même fur le texte Hebreu, de forte qu'on ne s'eft pas contenté d'en ôter les fautes des copiftes; mais on en a retranché pluficurs chofes qu'on a crû n'y devoir pas être. L'archevêque de Tolede ne jugea pas à propos de donner d'autres paraphrafes Chaldaïques que celle d'Onkelos fur le Pentateuque. Il fit néanmoins traduire en Latin les autres paraphrafes, après en avoir retranché les fables du Talmud; mais il fe contenta de les mettre dans la bibliothequé d'Alcala, & ne les publia pas, parce que la mort le prévint.

Pour ce qui eft du nouveau testament, on y voit le texte Grec imprimé fans accens & fans efprits ; parce qu'en effet les plus anciens manufcrits n'en ont point, & qu'on a cru par-là mieux reprefenter les originaux Grecs. Ce qu'on n'a pourtant point ob

fervé dans l'édition des feptante, parce que c'est une version de l'écriture & non pas un texte original. Les A N. 1502. exemplaires qu'avoit l'archevêque étoient affez bons; mais pour les avoir voulu réformer fur le texte Hebreu, on les a corrompus en plufieurs endroits, vû qu'alors on ignoroit la veritable maniere de corriger les exemplaires Grecs. Cependant on a réimprimé depuis cette même édition d'Alcala dans la bible d'Anvers ou de Philippe II. dans la polyglotte de Paris de M. le Jay, & dans la bible à quatre colonnes attribuée à Vatable. Outre la bible dont je viens de parler, Ximenés fit encore un dictionnaire des mots Hebreux & Chaldaïques de la bible, qu'on trouve à la fin dans plufieurs exemplaires; mais qui manque dans la plupart par la negligence de ceux qui les firent relier après la mort de ce prélat. On travailla à cette bible pendant plus de douze ans, Ximenés s'y appliqua lui-même avec beaucoup d'affiduité, & en fit toute la dépense qui monta à des fommes immenfes.

CXLIII.

Jugement de la

Tujet des impréca

lect.jud. de novis

La faculté de théologie de Paris donna beaucoup de preuves de fon attachement à la faine doctrine faculté de théolodans ce fiecle à caufe des erreurs qui s'éleverent dès gie de Paris, au l'an 1500. Aïant été confultée en 1501. par Henri de tions. Bergue évêque de Cambray à l'occafion d'un diffe-D'Argentré colrend survenu entre ce prélat & les chanoines de fa ca- erroribus, tom. I. thédrale ; elle donna fà décision le premier de Juillet. Le chapitre aiant ceffé de celebrer l'office pour faire aut. tom. 13. in 4. de la peine à fon évêque, fut excommunié par l'archevêque de Rheims le métropolitain, ou plus veritablement pas fes officiaux, & dénoncé comme tel. Les chanoines irritez de cette fentence, au retour d'une proceffion qu'ils firent le vingt-quatriéme de Novem

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pag. 5+4.545. Dupin bibliot. des

p. 208.

bre & qu'ils réïtercrent plufieurs femaines autour de

AN. 1502. leur églife, fe profternerent au milieu du chœur devant le grand autel où l'Euchariftie étoit renfermée dans le ciboire. Le celebrant avec le diacre & le foûdiacre fe profternerent de même, mais tournant le dos à l'autel, la tête vers l'Occident, & firent chanter par les enfans de chœur plufieurs imprécations tirées de differens endroits de la fainte écriture, & principalement des pfeaumes, contre ceux qui les perfécutoient, y ajoûtant des vœux pour en être délivrez.

Ex 1. regift. MS.

theol. Parif. fol. 160. verfo.

a

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Les queftions propofées à la faculté se réduifoient cenfurar. facult. à fix. 1. La nouveauté, felon faint Bernard, étant la mere de la témerité, la fœur de la fuperstition & la fille de la legereté; cette nouvelle maniere de prier des chanoines contre le rit ancien, n'est-elle pas fufpecte de témerité, de fuperftition & de legereté ? La faculté répond, » que l'ufage de l'église universelle étant de » prier le vifage tourné vers l'Orient, on ne doit point >>changer cet ufage fans être autorifé par le fuperieur.» 2. N'est-ce pas une chofe fuperftitieufe & fufpecte dans la foi de prier en tournant le dos au faint Sacrement, du côté de l'Occident, la coûtume de l'églife de Cambray jufqu'à prefent, étant de prier vers l'Orient? On répond comme à la premiere queftion, » qu'il faut suivre le rit de l'église universelle. » 3. Si la maniere de prier observée le celebrant & par les chanoines n'eft pas fufpecte de magie? On répond que « le chapitre ne doit point être accufé ni fufpect de "magie pour avoir fait chanter des prieres par des en» fans de chœur.”4. Le chapitre aïant été excommunié par l'archevêque de Rheims ou fes officiaux, & dénoncé comme tel, ceux qui ont affifté à ces prieres ou à ces imprécations, & qui les ont autorisées par

par

leur prefence, n'ont-ils pas encourus quelques cenfures, & ne font-ils point irréguliers ? La faculté ne fit aucune réponse précise fur cette question. 5. Si des chrétiens peuvent impunément emploïer les paroles des prophetes en forme d'imprécations contre d'autres chrétiens leurs ennemis ; & fuppofé qu'ils ne le puiffent faire, quelle punition méritent-ils? La faculté répond, «qu'il n'est point permis de se servir de ces imprécations contre perfonne, fi elles ne font éta- « blies par une autorité legitime; qu'il eft encore moins « permis d'en faire qui renferment le peché ou la dam-nation; qu'enfin ceux qui les font fans être autori-« fez doivent paffer pour témeraires, orgueilleux, impies & punis pour l'injure qu'ils font à l'honneur «< de leur pere & de leur évêque.» 6. Enfin fi ces imprécations peuvent nuire à ceux contre lefquels elles font prononcées, n'étant munics d'aucune autorité pu blique ? Et la faculté conclut que « ces imprécations « font à craindre pour celui qui a donné occafion de « les faire." Telle fut la décifion de la faculté de théologie prononcée le premier de Juillet 1501.

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сс

AN. 1502.

CXLIV. Autre jugement

touchant les exfaute de païer les

communications

décimes.

Sup.. 76.

D'Argentré col

Dans l'année fuivante 1502. les chanoines de la cathédrale de Paris s'étant adreffez à elle pour avoir son avis doctrinal fur les cenfures portées par le fou verain pontife contre ceux qui ne vouloient pas fe foumettre à l'impofition & au païement des décimes fa fainteté. On difcuta l'affaire dans une établies par affemblée de l'univerfité; on la porta ensuite à lá faculté de théologie, qui donna fa décision le premier d'Avril étant affemblée chez les Mathurins felon la rif.tom. 4. p. 6. coûtume, & le lendemain toute l'univerfité s'affembla & confirma la décifion de la faculté.

La premiere propofition portoit. Si les cenfures

lect.judic. p. 346.

Dupin tom. 13,

p. 209.
Hift. univerf.Pa-

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