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Exemple; on les affama, & on les contraignit d'évacuer leurs places dans un équipage, qui tout pitoïable qu'il étoit, n'empêcha pas les bandits & les païfans de les exterminer. Louis XII. informé de cette fourberie, appella les ambassadeurs d'Espagne, se plaignit fortement du peu de droiture de leur maître, & ne penfa plus qu'à en tirer vengeance.

Pour y réuffir, il crut qu'il falloit amufer les rois catholiques, pendant qu'il concluroit une paix folide avec l'empereur & l'archiduc fon fils. Le cardinal d'Amboife fe chargea de la negociation, pendant qu'on continuoit toujours les conferences avec les ambafladeurs d'Efpagne. Louis XII. pour mieux diffimuler fon deffein, leur propofa le projet d'un autre traité de paix, les chargea d'en donner avis à leurs maîtres, & de leur demander un nouveau pouvoir. Ferdinand & Ifabelle y confentirent avec joïe. On délibera fur les articles. Le premier fut le mariage du fils aîné de Frederic roi de Naples avec la veuve du jeune Ferdinand, & le renoncement de Frederic à la roïauté en faveur de fon fils. Durant cette negociation les Pifans qui étoient redevables de leur liberté aux François, quitterent leur parti pour le mettre fous la protection d'Efpagne; cette nouvelle fit rompre les conferences. Louis XII. en fut tellement irrité qu'il envoïa fur le champ ordre aux ambassadeurs d'Espagne de ne plus paroître à la cour, & de fortir inceffamment de fes états. Tout commerce fut interdit avec les Espagnols. Tout ce que purent obtenir leurs ambaffadeurs fut de voir la reine & Frederic avant leur départ; & le vingt-fixiéme d'Août ils fe setirerent. Ainsi le foulevement de Pife fut le préTome XXIV.

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texte pour les congedier. Mais le vrai motif fecret A N. 1504. étoit la negociation du traité avec l'empereur.

LVIII.

Ligue entre l'em

d'Autriche & le

roi de France.

des traitez de

n. 1. & 22.

Spond. ad ann.

$504..

Guicciardin. 1. 6.
Bonaccurf.in
Diaries

A peine les ambassadeurs Espagnols furent partis de pereur, l'archiduc Blois,que ceux de Maximilien & de l'archiduc,y arriverent. On commença auffi-tôt les conferences aufquelMariana ibid. les affifterent le marquis de Final envoïé par le pape n. 56. & recueil & Pierre Filholi évêque de Cifteron avec la qualité de paix, tom. 2. légat, Après qu'on eut levé toutes les difficultez pour Raynald.koe ann. l'inveftiture du duché de Milan en faveur de Louis XII. & le mariage de la princeffe Claude avec Charles de Luxembourg, le traité de ligue offensive & défenfive entre l'empereur, l'archiduc & la France, fut conclu & figné à Blois le vingt-deuxième de Septembre. Les principaux articles étoient. . Que l'empereur n'entreprendroit rien contre le duché de Milan, ni les états des princes d'Italie attachez à la France. 2. Qu'on leur accorderoit à eux & à tous leurs vaffaux & amis une amniftie generale pour le paffé. 3. Que l'empereur trois mois après la ratification du traité s'obligeroit de donner l'inveftiture de Milan au roi de France pour lui & fes hoirs mâles, à leur défaut pour fa fille aînée & le duc de Luxembourg conjointement, & en cas que la princeffe mourut, pour la cadette que le duc épouseroit en sa place; de même que fi Charles mouroit, fon cadet Ferdinand épouferoit la princeffe Claude ; & que la France païeroit pour cette inveftiture deux cens mille francs à l'empereur, qui feroient rendus, fi le prince & la princeffe ne laiffoient point de pofterité. 4. Que la France n'entreroit point en negociation avec l'Espagne au fujet de leurs démêlez, & ne figneroit aucun traité que du confentement de l'empereur; que fi le roi catholique ne vouloit pas accepter des conditions hor

nêtes & raisonnables, l'empereur fourniroit à la France tous les fecours dont elle auroit befoin pour recouvrer le roïaume de Naples. 5. Que Louis XII. s'engageroit à donner en France des terres & des penfions aux enfans de Ludovic Sforce, pourvû qu'ils demeuraffent dans le roïaume. 6. Qu'on accorderoit une amnistie generale à tous les rebelles & aux bannis du duché de Milan; que le roi les recevroit dans fes bonnes graces, & les rétabliroit dans tous leurs biens. 7. Qu'on donneroit quatre mois au roi catholique pour entrer dans la ligue, s'il le jugeoit à propos pourvû néanmoins qu'il renonçat à toutes les prétentions fur le roïaume de Naples, & qu'il le cedât à Charles de Luxembourg fon petit fils, aux conditions si souvent propofées, & tant de fois rejettées. 8. Que chacun des trois princes confederez feroit obligé avant trois mois de nommer les autres princes qu'il voudroit être compris dans le traité ; & que les princes & électeurs de l'empire feroient garants de ce traité. Il y a encore beaucoup d'autres articles fort longs, que l'on omet ici comme moins impor

tans.

AN. 1504.

LIX.

Mort de Frederid Mariana lib. 28 ; ".59.

roi de Naples.

n.

Guicciardin. l. 6.

Spond. ad annum

Comme ce traité n'étoit pas fort avantageux au roïaume de France, en ce qu'il en démembroit le duché de Milan, la feigneurie de Genes, le duché de Bourgogne, celui de Bretagne & le comté de Blois; on crut que le roi n'avoit pas envie de l'observer, & il ne l'obferva pas en effet. La mort de Frederic roi de 1504. n.. Naples, & celle de la reine Isabelle fervirent de prétextes. Frederic mourut le neuviéme de Novembre 1504. d'une fiévre quarte à Tours, triste de le voir fans bien, chaffé de fes états, dans une terre étrangere, oublié de fes sujets, trahi par fes meilleurs

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amis, abandonné de tout le monde, dans une dépenAN. 1504. dance indigne de fon rang, entre les mains & à la merci de fes ennemis. Il fentoit bien que les rois de France & d'Espagne ne s'accorderoient jamais ensemble pour le rétablir fur le thrône, que leurs interêts étoient trop oppofez, qu'ils n'agiffoient point l'un & l'autre de bonne foi; & que s'ils propofoient fon rétablissement, ce n'étoit qu'un jeu pour l'amufer, une feinte pour imposer au public, & que dans le fond ils n'y confentiroient jamais. Il ne fe trompoit pas dans fes conjectures. Ce prince avant que de mourir & voïant qu'il touchoit au terme, écrivit au duc de Calabre fon fils une lettre pleine de maxime sages & de confeils falutaires : « Vous devez, lui difoit-il, vous accommoder à l'état de votre fortune prefente; mais » ne jamais oublier votre naiffance, & ne point laiffer échaper l'occafion que la providence pourra en» fin vous fournir de remonter fur un thrône qui » vous appartient, & dont on nous a injuftement chaffé. » Il l'avertiffoit de bien prendre garde de fe rendre méprifable par une vie voluptueufe & déreglée, de fe laiffer corrompre & amolir par la débauche & les délices. « Ne vous rebutez jamais, ajoûtoitil encore, dans les plus grandes difficultez ; mon» trez-vous genereux & liberal autant que la pruden»ce & l'état de vos affaires pourront le permettre ; faites paroître de la hardieffe & du courage; foïcz doux, affable, modefte; confervez au milieu de » vos malheurs cette grandeur d'ame & cette noble ficrté, dont les princes nez fouverains ne doivent » jamais fe dépouiller. » Il lui recommandoit auffi les exercices du corps, comme accoûtumant à la fatigue & à une vie laborieufe,

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AN.

1504.

LX.
Mort d'Ifabelle

Mariana lib. 28.

n. 60.

n. 4.

pond. ut suprai
Bonaccurf.in

Diario.
Oforius.lib.3.

Raynald.hoc ann.
n. 40.

La reine Ifabelle mourut le vingt-fixiéme du même mois à Medina-del-Campo, dix-sept jours après Frederic, âgée de cinquante-trois ans. L'Espagne lui fut redevable de la vafte étendue de fa monarchie & reine de Caftille. des conquêtes de Grenade, de Naples, des ifles Canaries & du Nouveau-monde. Cette princeffe fit le jour de fa mort un testament, par lequel elle conftituoit l'archiducheffe Jeanne fa fille aînée, fon unique heritiere de la Caftille & des roïaumes qui en dépendoient; voulant néanmoins que l'archiduc fon mari y regnât avec elle. Ifabelle ajoûtoit, que fi l'abfence, la maladie, ou quelque autre caufe empêchoit la princeffe de gouverner les états qui lui étoient échûs, ou fi elle-même ne vouloit pas abfolument se charger du gouvernement de la Caftille & des roïaumes qui en dépendoient, on fe conformeroit à ce qui avoit été reglé deux ans auparavant dans l'assemblée des états generaux du roïaume à la priere des peuples; que le roi Ferdinand prendroit la regence en la place & au nom de l'archiducheffe, jufqu'à ce que Charles fon petit-fils eut atteint l'âge de vingt ans accomplis. Elle ordonna encore, qu'outre l'administration des trois grandes maîtrifes des ordres militaires de faint Jacques, de Calatrava & d'Alcantara accordées par le faint fiege au roi Ferdinand, il joüiroit de la moitié de tous les revenus que la Caftille tiroit de toutes les ifles & de la terre-ferme nouvellement découvertes par les Espagnols dans le Nouveau-monde, fans y comprendre vingt-cinq milles ducats qu'il prendroit tous les ans fur les revenus de la couronne. Elle nomma pour les executeurs de fon teftament le roi Ferdinand fon époux, Ximenés archevêque de Tolede, dom Diegue de Deça évêque de Palence, Antoine Xxxx iij

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