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fuite le fiége de Malaga dont la garnison se défendit avec beaucoup de valeur; mais elle fut enfin obligée de fe rendre. La perte de cette place entraîna celle de quantité d'autres. Ce qui rendit les rois catholiques maîtres de toute la partie occidentale du roïaume de Grenade. Le gouvernement de Malaga fut donné à dom Garcie Fernandez Manrique. La prife de cette place parut d'une fi grande importance, que l'on en fit des réjouiffances publiques à Rome. Le pape fe rendit cet effet à l'église de fainte Marie du peuple & y celebra pontificalement la messe. Ferdinand fit present au faint pere de cent Maures, qui entrerent dans Rome avec leurs chaînes, une partie fut diftribuée aux cardinaux & l'autre aux principaux feigneurs Romains. Comme il y avoit dans Malaga beaucoup de renegats qui s'y étoient refugiez pour le mettre à couvert des pourfuites de l'inquifition, le pape nomma deux cardinaux, le vice-chancelier & Balue pour les pourfuivre & faire leur procès. Il y en eut plus de deux mille

brûlez à Valence & ailleurs.

Un peu après le commencement de cette année Jacques III. roi d'Ecoffe demanda à Innocent VIII. la canonifation de Marguerite petite fille d'Edmond II. roi d'Angleterre, & fille d'Edouard premier, fecond fils d'Edmond & d'Agathe, qu'on croit avoir été fille ou niece de l'empereur Conrad le Salique. Marguerite étoit morte en odeur de fainteté dans le mois de Novembre de l'année 1093. quatre jours après fon mari Maçolme roi d'Ecoffe, qui avoit été tué au paffage de la riviere d'Alne en combattant contre Robert comte de Northumbrie. Le pape à la priere des Ecoffois donna une bulle dattée du deuxième de Juin 1487. par laquelle il nomme l'archevêque de

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Baillet, vies des

S. André, l'évêque de Glafcow & d'autres, pour faire AN. 1487. les informations neceffaires. Quelques-uns disent, qu'elle avoit déja été canonifée folemnellement par 2. au 10. de fuin Innocent IV. en 1251. On croit que fon chef est à Douay chez les Jefuites Ecoffois.

faints in-fol. to.

p. 119.

LXVIII.

Le pape condam

rande.

Trithem. Bel

ecclefiaft.

c. 39.

P. Alexand. hift.

p. 104.

lect.jud. de novis

$10. & feq.

Jean Pic prince de la Mirandole & de Concorde, ne les thefes de un des plus fçavans hommes de fon fiecle, avoit Jean Pic de la Mi- foutenu à Rome l'année précedente des thefes fameuses sur toutes les fciences, fur la théologie, les larm, de fcript. mathématiques, la magic, la cabale & la phyfique. Paul Jov.in elog. Il y avoit neuf cent positions extraites des auteurs Dupin biblior.des Grecs & Latins, Hebreux & Chaldéens. Jean Pic aut. to. 12. p. 106. n'avoit alors que vingt-trois ans. Ces theses furent fac. 15. part. I. répandues dans tout le monde, & il les foutint en D'Argentré col homme confommé dans toutes les fciences. La jufte errorib. to. 1. pag. réputation qu'il s'acquit par-là lui fufcita des adverfaires. On voulut trouver à redire à fes thefes, & on en taxa quelques-unes d'herefie. Le pape fit examiner l'extrait qu'on lui prefenta, & on jugea qu'il y avoit treize propofitions infoutenables. Picles défendit par une apologie qu'il compofa en dix sept nuits, elle eft au commencement de fes œuvres. Jean Pic y rapporte une chose affez finguliere, & qui marque combien l'ignorance fait faire de fautes; il dit, qu'un théologien qui fe mêloit de cenfurer fes thefes, étant interrogé fur ce que fignifioit le mot de cabale, répondit que c'étoit un homme méchant & heretique, qui avoit écrit contre Jesus-Chrift, & que fes fectateurs avoient eu de lui le nom de cabalistes. Ceux qui n'étoient pas plus éclairez que ce théologien, accuferent Jean Pic de magie, ne pouvant comprendre qu'un jeune homme de cet âge pût être fi fçavant, Le pape néanmoins défendit la lecture de ces thefes

fous peine d'excommunication, & fit citer Pic de la Mirandole à Rome. Mais les chofes en demeurerentpour lors.

AN. 1487.

LXIX. Propofitions ex

traites des thefes

de Jean Pic.

D'Argentré, ibid.

Dupin loco fupra

cit.

Voici les treize propofitions qui furent extraites de fes thefes. 1. Jefus-Chrift n'eft pas réellement« defcendu aux enfers quant à la prefence; mais feu- «< lement quant aux effets. « Jean Pic dans fon apologie juftifie cette premiere propofition. Il avoue qu'on foar. P cus, pagi doit croire que l'ame de Jesus-Chrift eft defcenduë 83. edit. Bafil. aux enfers; mais que quant à la maniere il n'y a rien de déterminé, & que l'ame étant féparée du corps, n'étant pas dans le lieu par presence, mais par operation; la propofition qui n'a point d'autre fens, ne peut être condamnée d'herefie; que ce font au contraire ceux qui la condamnent comme telle, qui font dans l'erreur, parce que ceux-là fe trompent qui croïent comme de foi ce qui ne l'eft pas.

p. 100.

2. Une peine infinie n'eft pas dûë au peché « Joan, Pic. ibid. mortel qui eft d'un temps fini; mais feulement une «< peine finie. « Sur cette propofition Jean Pic dit, qu'il faut diftinguer deux chofes dans le peché ; l'averfion de Dieu & la converfion à la créature: & que de même, on peut dire que la peine eft dûë au peché en deux fens, ou en tant qu'elle lui fera effectivement renduë, ou en tant qu'il le mérite : que le peché mortel en tant qu'il eft averfion de Dieu, qui eft un bien infini, est objectivement infini & mérite une peine éternelle; mais que la peine éternelle ne fuivra le peché mortel, que quand le peché sera infini dans fa durée ; fçavoir, en cas que l'homme demeure dans ce peché & y perfevere pendant toute l'éternité; car s'il en fait penitence avant fa mort, & qu'il

n'y demeure que pendant un temps fini, sa peine në AN. 1487. fera point infinie.

Joan. Pic.ibid. p. 102.

Joan. Pic.ilid., p.105.

Joan. Pic. ibid. 2.110.

Joan. Pic. ibid. P. 120.

3.

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L'on ne doit adorer la Croix ni aucune »image, d'adoration de latrie, pas même dans le sens » de faint Thomas. » Sur cette propofition, Jean Pic dit, que le fentiment de faint Thomas touchant l'adoration de la Croix & des images, eft qu'on les adore en tant qu'images, qu'au contraire Guillaume Durant, Henri de Gand, Robert Holket & plufieurs autres théologiens foutiennent qu'on ne doit en aucune maniere adorer ni l'image, ni la croix ; mais qu'on adore feulement ce qu'elles reprefentent: que c'eft cette derniere opinion qu'il a fuivie comme plus probable, en rejettant celle de S. Thomas.

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4. » Je n'assure pas que Dieu puiffe être uni hipof» tatiquement à toute créature, mais feulement à une créature raisonnable. Jean Pic répond qu'il n'a point afsuré, comme a fait Henri de Gand, qu'abfolu»ment la divinité ne peut pas être unie hipoftatique»ment à une créature fans raison; mais qu'il a fcule»ment fufpendu fon jugement là-deffus, fans vouloir rien décider d'une maniere pofitive.

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5. » Il n'y a point de fcience qui nous rende plus » certains de la doctrine de Jefus-Chrift que la magie »& la cabale. Il répond que cette propofition doit >>être restrainte aux fciences qui n'ont point pour fondement la révelation, & que c'eft de celles-là » feules qu'il a prétendu parler dans fes thefes.

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6. » Suppofé l'opinion commune, que le verbe peut s'unir hipoftatiquement à une créature inanimée, il fe peut faire que le corps de Jefus-Chrift foit réelle»ment fur l'autel, fans que le pain foit changé au

corps de Jefus-Chrift, ou anéanti; ce qui doit s'en-«" tendre de la poffibilité, & non pas que la chofe foit « ainsi. « L'auteur dit que cette propofition ne donne aucune atteinte à la préfence réelle du corps & du fang de Jesus-Chrift dans l'euchariftic.. Il agita la question; fçavoir fi l'on peut apporter quelque autre moïen pour expliquer la converfion du pain & du vin au corps & au fang de Jesus Christ, que la tranfubftantiation; & fi l'on peut fe fervir pour cela de l'union de Jesus-Chrift avec le pain ; & après avoir allegué des raifons & des autoritez de part & d'autre, il répond à celle que l'on apporte pour montrer qu'on peut foutenir encore une maniere d'expliquer la préfence réelle differente de la tranfubftantiation, & fait voir que la conclusion de ses theses ne favorise point ce fentiment.

сс

AN. 1487.

p. II.

7. Il est plus raisonnable de croire qu'Origene « fan. Pic, ibid, foit fauvé que damné. « Sur cette propofition il avoüë que les herefies attribuées à Origene font impies; mais il foutient qu'il a pû affurer fans témerité qu'elles lui ont été fauffement attribuées, & qu'en cas qu'il les ait foutenuës, il a pû croire qu'il s'en étoit repenti; que l'églife n'a jamais déterminé qu'Origene fut damné, & qu'enfin quand elle l'auroit fait, l'on ne feroit pas obligé de tenir en cela fon jugement comme de foi, parce qu'il ne feroit pas plus certain que celui de la canonisation des faints, lequel, felon le fentiment de faint Thomas, n'eft pas de foi.

8. Comme perfonne n'eft précisément d'un avis,« Joan. Pic. ibid. parce qu'il veut en être ; de même perfonne ne croit « P.148. précisément, parce qu'il veut croire. « Jean Pic répond que cette propofition eft veritable, parce que perfonne ne peut croire une chofe qu'il n'ait des mo

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