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Juifs, étoient auffi en memoire de quelque éve nement confiderable, comme celle de la Propitiation, en memoire du pardon de l'idolatrie , que les Ifraëlites avoient commise en. adorant le veau d'or. Celle de la Dedicace du Temple, pour folemnifer annuellement cette ceremonie & celle de Purim, en memoire de la délivrance des Ifraëlites des ordres cruels d'Aman. Chez les Païens on celebroit des fêtes. en l'honneur des Heros, en memoire des victaires fignalées, pour la naiffance des Rois, pour le jour de leur avenement à la couronne, pour les dédicaces des Villes & des Temples, & pour celebrer plufieurs autres évenemens. Il y a eu auffi plufieurs jeux établis pour le même. fujet, comme les Jeux Capitolins, en me moire de ce que Jupiter avoit confervé le Capitole, lorfqu'il fut affiegé par les Gaulois. l'an 364. de la fondation de Rome : les Plebeïens en memoire de la paix faite entre le Peuple & les Senateurs, après la retraite du Peuple fur le Mont Aventin. Il y en avoit d'autres pour marquer les époques; comme les Jeux Olympiques qui fe celebroient de quatre ans en quatre. ans vers le folftice d'Eté, fur les bords du fleuve Alphée, proche du Temple de Jupiter Olympien dans l'Elide Province du Peloponefe, inftitués par Hercule, & rétablis 442. ans après. par Iphitus, 22. ou 23. ans avant la fondation de Rome: les Jeux feculaires qui fervoient à marquer les centiémes années, établis per Valerius Publicola, l'an 245. de la fondation de Rome. Entin toutes les Fêtes des Chrêtiens ne font que des memoires des myfteres de Nôtre-Seigneur.

comme de fa Naiffance, de sa Circoncifion, de fa Mort, de fa Refurrection, de fon Afcenfion, &c.ou de la mort, des actions, & des vertus des Martyrs, ou des autres Saints: elles tiennent lieu au peuple de livres, pour les faire fouvenir annuellement de ces Mysteres & de ces Saints.

La feconde maniere de conferver la memoire Des colandes faits remarquables, eft l'ufage des monu- nes, mens materiels. D'abord on fe contentoit de dreffer des colonnes ou des pierres, pour faire reffouvenir de quelque memorable évenement. C'eft ainfi que Jacob aïant eu en Bethel une vifion miraculeufe, qui l'affuroit de la benediction de Dieu, prenant la pierre qui étoit fous fon chevet, la dreffa comme une colonne, & verfa de l'huile deffus, afin que ce fut un monument de la promeffe que le Seigneur lui avoit faite, & qu'en cas qu'il revînt en fanté & en profperité, il pût reconnoître ce lieu par le moïen de cette colonne, le confiderer comme un lieu faint, & y offrir à Dieu la dixième partie des biens qu'il lui auroit donnez. Gen. 28. v. 18. & 22. Quand Jacob & Laban fe reconcilierent, Gen. 31. v. 45. le premier prit une pierre & la dreffa en forme de colonne, pour fervir de monument de cette reconciliation; les freres de Laban prirent auffi des pierres, & en firent un monceau: Jacob & Laban donnerent chacun en leur langue à ce monceau de pierres, le nom de monceau du témoignage, parce que ce monceau de pierre reftoit comme un témoi gnage folemnel du traité qu'ils contractoient enfemble, comme ils le déclarerent eux-mê

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Des infcri

ptions.

mes. Jofué fuivant l'ordre de Dieu, fit porter
par les Ifraëlites douze pierres du lit du Jour-
dain au lieu où ils camperent, après l'avoir
paffé à pied fec, pour fervir de monument à la
pofterité, de ce paffage miraculeux. fof. 4. Les
Tribus des Ifraëlites qui retournerent de la con-
quête de Chanaan dans le païs qui leur avoit été
donné au-de-là du Jourdain,éleverent une efpece
d'Autel de pierre fur les bords de ce fleuve,pour
fervir de monument, ainfi qu'ils s'en explique-
rent aux Députez des autres Tribus, qui leur
furent
envoyez pour favoir leur intention.Xeno-
phon remarque dans l'hiftoire de la fameufe re-
traite des dix mille Grecs, que les foldats aïant
vû lé Pont Euxin, après avoir efluïé beaucoup
de dangers & de fatigues, éleverent une grande
pile de pierres, pour marquer leur joïe, & laif-
fer des veftiges de leur voïage.

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D'abord ces pierres étoient informes, & n'avoient d'autre marque qui fit connoître qu'elles fignifioient quelque chofe, que leur pofition & leur fituation, elles pouvoient remettre devant les yeux quelque évenement; mais on avoit befoin de la memoire, pour favoir ce qu'elles vouloient dire depuis on les a renduës comme parlantes, en deux manieres. Premierement en leur donnant des figures qui reprefentoient des Dieux, des hommes & des batailles, & en faifant des bas-reliefs où ces chofes étoient dépein tes. Secondement, en gravant deffus des caracteres & des lettres, qui contenoient ou des noms, ou des infcriptions, ou des loix. Cette coûtume de graver fur les pierres, a été tres-ancienne chez les Pheniciens & les Egyptiens, comme

Herodote, Strabon, Lucain, Pline, Tacite &c.le reconnoiffent: Diodore de Sicile parle de certains caveaux foûterrains des Egyptiens, que l'on appelloit Syringes, dans lefquels on voïoit des lettres hieroglyphiques. Ce même auteur dit qu'à Nife en Arabie il y avoit une colonne érigée en l'honneur d'Ofiris & d'lfis, avec une inscription en lettres facrées. Dans la Citadelle d'Athenes,il y avoit au rapport de Thucydidel. 6. des colonnes, où étoit marquée l'injuftice des Tyrans qui avoient ufurpé l'autorité. Herodote I. 7. rapporte qu'on érigea une pile par le decret des Amphyctyons, où il y avoit des épi taphes, en l'honneur de ceux qui avoient été tuez aux Thermopyles. Le même Auteur parle dans le 1. 4. de fon hiftoire, d'une colonne avec une infcription, érigée fur les bords du fleuve de Scythie. Plutarque dans fon Traité. de la Mufique, fait mention d'une inscription qui étoit dans la ville de Sicyone, où l'on voïoit les noms des Sacrificateurs, des Poëtes, & des Muficiens d'Argos. Le nombre de ces inscriptions fur des colonnes, fur des pierres, fur des marbres, fur des tables de bois & d'airain, eft prefque infini, & l'on ne peut douter que ce ne foient les plus certains & les plus fideles monumens de l'hiftoire: mais rien n'égale en ce genre pour l'utilité de l'histoire, les mar bres d'Arondel, où font marquées les plus anciennes époques des Grecs.

On écrivoit auffi fur des colonnes & des tables, les Loix & les Ordonnances; Dieu en avoit donné l'exemple, en écrivant lui-même fes Loix fur des tables de pierre, & en ordonnant à

Moyfe que le Deuteronome, ou l'abregé de la Loy fut écrit fur des pierres enduites de chaux. Solon écrivit fur du bois les Loix qu'il donna aux Atheniens. Theopompe remarque que les Corybantes furent les premiers qui trouverent l'invention de dreffer des piles pour y écrire les Loix: cette coûtume fut fuivie par tous les peuples, fi l'on en excepte les Lacedemoniens, chez lefquels Lycurgue leur Legiflateur n'avoit pas voulu que l'on écrivit fes Loix, afin que l'on fut contraint de les apprendre par cœur. Numa fecond Roi de Rome, écrivit les ceremonies de fa Religion fur des tables de chêne, felon le témoignage de Denys d'Halicarnaffe. On lit auffi dans le même Auteur que Tarquin révoqua les Loix que Tullius avoit faites, & qu'il ota de la place publique toutes les tables fur lefquelles elles étoient écrites. On y gravoit en→ core les traitez & les alliances. Romulus fit écrire fur une colonne, le traité d'alliance qu'il contracta avec ceux de Veïes; Tullius celui qu'il fit avec les Sabins, & Tarquin celui qu'il fit avec les Latins. Thucydide I. 5. parle des colonnes de Grece, où les traitez de paix & d'alliance étoient écrits, qui fe trouvoient dans les plaines d'Olinthe, dans l'Ifthme, dans l'Atique, dans Athenes, à Lacedemone, dans Ampelie, & par-tout ailleurs.

DesVilles, Les bâtimens publics, comme les Villes, les des Tem- Temples & les Autels, peuvent être mis au Fles, & des rang des monumens hiftoriques. Les Villes confervoient les noms & la memoire de leurs Autels, & autres ba fondateurs ou de leurs reftaurateurs : les Temples, celle de ceux à qui ils étoient confacrez, & timens,

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