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telle de ceux qui les avoient conftruits & dédiez, les Autels, celle de l'occafion pour laquelle ils avoient été dreffez. Ainfi Noé au fortir de l'Arche, dreffa un Autel, pour remercier Dieu de ce qu'il avoit été fauvé du déluge, & laiffer un témoignage de fa reconnoiffance à la pofterité. Les ouvrages extraordinaires & magnifiques, comme les pyramides d'Egypte, les murs de Babylone, &c. n'étoient pas feulement des marques de la puiffance, où de l'art de ceux qui les conftruifoient pour leur temps, mais encore pour la pofterité. Les reftes des Villes, des Palais & des camps, les armes & les os des morts, les débris des vaiffeaux, les drapeaux enlevez, étoient des témoins à la pofterité des batailles & des victoires. Les débris de l'arche

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font apportez par les Hiftoriens pour preuve de la verité du déluge; & la grandeur du Roi Og eft attestée dans l'Ecriture, par celle de fon lit de fer que l'on gardoit encore à Rabbath.

Les fepulchres & les tombeaux fervoient à con- Des tom+ ferver dans les familles la memoire de leurs an- beaux. cêtres. Le lieu de la fepulture de chaque famille, le nombre & la difpofition des tombeaux, les colonnes & les maufolées que l'on érigeoit deffus, diftinguoient les familles & les perfonnes, & marquoient leurs profeffions & leurs actions. On écrivit enfuite fur les tombeaux les noms des morts, leur âge, leur profeffion, & ce qu' ils avoient fait de remarquable. Les Egyptiens confervant les corps mêmes de leurs morts embaumez, fe les reprefentoient de temps en temps, pour ne pas oublier leurs ancêtres. Chez les Romains il y avoit dans les maisons particu

'Des Trephées,

lieres des ftatues & des portraits des hommes illuftres de la famille, que l'on portoit aux funerailles.

Les trophées font une autre efpece de monument, qui ne fervoit pas feulement à la gloire prefente des vainqueurs, mais encore

perpetuer le fouvenir de leur victoire. La coûtume en eft tres ancienne. Quand Jofué eut vaincu les Amalecites, Moïfe éleva comme un trophée de cette victoire, en bâtiffant un autel qu'il nom ma, le Seigneur est mon refuge. Jofué fit élever un monceau de pierres à l'entrée de la caverne où étoient les corps des Rois qu'il avoit défaits: cela étoit general parmi tous les peuples. Les fameufes colonnes d'Hercule furent érigées pour fervir de monument des conquêtes de ce Heros. Herodote dit que Darius au retour de fon expedition contre les Scythes, fit ériger des colonnes de pierres blanches fur le bord du Bofphore, fur lefquelles il avoit mis des infcriptions, fur l'une en lettres Affyriennes, & fur l'autre en lettres grecques. Les Habitans de Samos firent graver fur une pierre les noms de ces dix Capitaines de vaiffeaux, qui avoient vaillamment combattu contre Darius. Strabon remarque que Sefoftris Roi d'Egypte, dont les victoires font celebres, érigea dans tous les païs qu'il avoit conquis, des colonnes fur lefquelles il faifoit graver des figures, qui diftinguoient les peuples effeminez, de ceux qui s'étoient défendus avec valeur. Ce feroit perdre le temps de parler des trophées des Grecs & des Latins; les païs où ils avoient porté leurs armes en étoient pleins; il n'y avoit que les feuls Macedoniens qui n'a

tues

voient point cet ufage; fi l'on en croit Paufanias; mais ils érigeoient chez eux des ftatues Des ft= & des colonnes en l'honneur de ceux qui avoient bien fervi l'Etat. Toutes les villes de la Grece étoient pleines des ftatues de leurs Dieux, de leurs Heros, de leurs fameux Capitaines, & des Philofophes celebres. L'Italie ne cedoit gueres à la Grece pour ces fortes de monumens. Denis d'Halicarnaffe nous apprend que dés les premiers temps on y voïoit les ftatues de Romulus, de l'Augure Nævius, d'Horatius Cocles, de Clelie, de Spurius Caffius, &c. Le nombre s'en augmenta à mesure que la Republique devint floriffante. La même chofe s'obfervoit chez les Perfes. Darius fils d'Hiftape, aïant été élevé sur le Thrône par la rufe de fon Ecuyer, fit ériger fa Statue à cheval avec cette infcription: Darius fils d'Hiftape, a acquis le Roiaume des Perfes par la valeur de fon cheval, & l'artifice d'Oebarus fon Ecuyer. Herodote L. 3. & Quinte Curce, remarquent qu'entre les ornemens du char de Darius, il y avoit deux ftatuës, dont l'une reprefentoit Ninus, & l'autre Belus. On dit que Semiramis ayant eu la nouvelle de la revolte des Babyloniens, comme elle fe coëffeit, ne voulut pas achever de retrouffer fes cheveux, qu'elle n'eût auparavant rangé les rebelles à leur devoir, & que fa ftatue la reprefentoit en cet état. Toutes ces ftatues enfeignoient des particularitez de l'Hiftoire & de la vie des grands Hommes; foit par l'attitude des figures, foit par les bas-reliefs, foit par les infcriptions.

Quant à la monnoic, on ne peut pas dire que Des men. dans la premiere antiquité elle pût être de quel- noies.

B

que ufage pour l'Hiftoire ; car dans les commen cemens on trafiquoit par échange, & quand on commença à emploïer l'or, l'argent, & les autres métaux pour l'achat ( coûtume qui est tresancienne, puisque nous lifons Genef. 3. qu'Abraham acquit la fepulture de Sara quatre cens ficles d'argent.) on n'y imprimoit point de figures qui en fiffent connoître la valeur ; mais on fe fervoit de poids, ce qui eft encore en usage à la Chine & en d'autres Païs. Les premieres figures qu'on a frappées fur la monnoie étoient fimples, & ne faifoient rien connoître de parti→ culier.Telles furent celles de brebis ou de bœufs. On explique par-là ce qui eft rapporté Gen.35.què Jacob acheta le Champ de Sichem cent brebis, ou agneaux: ce que S. Etienne dit dans les Actes avoir été fait à prix d'argent:d'où l'on infere que c'étoient des pieces marquées de la figure d'une brebi, qui à caufe de cela en portoient le nom. La plus ancienne monnoie chez les Grecs étoit marquée de la figure d'un bœuf. Chez les Romains Servius fut le premier, felon Pline, qui marqua la monhoie d'airain de la figure de brebi ou de bœuf. Plutharque nomme auffi le pourceau dans la vie de Publicola. C'est de-là que l'on croit que la monnoie fut appellée pecunia, ou de ce que la premiere monnoie chez les Romains fut faite de cuir. Les Hebreux mirent fur leurs ficles, & autres pieces de cuivre & d'argent, une legende en caracteres Samaritains ou Hebreux, avec une palme, une fleur, une branche de vigne, une gerbe, ou quelqu'autre fymbole, & jamais de tête ni de figure d'hommes, ou d'animaux. Les medailles ou

monnoies des Rois ou des villes de Grece portoient des têtes des Dieux, des Rois, des Magiftrats, avec des legendes, des exergues, & des revers qui faifoient connoître des circonftances hiftoriques. Herodote dit que les Syriens ont été les premiers qui ont fait battre de la monnoie d'or & d'argent pour le commerce de la Province. Strabon, fur le témoignage d'Ephore & Elien, rapportent que ce fut dans l'Isle d'Egine où l'on frappa la premiere monnoye d'argent par l'ordre de Pheidon, d'où ces pieces furent appellées Eginetes. Lucain attribue l'ufage de mettre l'argent en commerce à Ithon, Roi de Theffalie, fils de Deucalion. Cræfus envoïa au Temple de Delphe des pieces rondes d'argent, mais il n'eft point dit qu'elles fuffent marquées. Les plus anciennes monnoies chez les Grecs font celles de Gygés, qui portoient même fon nom; & l'on a tres-peu de pieces de monnoie Grecque, plus anciennes que le temps d'Alexandre. La monnoie des anciens Latins étoit de cuivre : elle étoit gravée d'une double tête d'un côté, pour reprefenter Janus & Saturne, & d'un navire de l'autre. La premiere monnoie de Rome étoit de cuir, de bois peint, & même de terre cuite, felon l'Auteur de la Notice de l'Empire. Quelquesuns ont crû que Numa en avoit fait fabriquer de cuivre, & d'autres prétendent que de fon tems on fe fervoit encore de monnoie de cuir. Du temps de la premiere guerre Punique, la monnoie Romaine d'airain portoit d'un côté un Janus à deux faces, & de l'autre l'éperon d'un navire. On ne commença à Rome à frapper de monnoie d'argent qu'en l'année 485. de fa fondation, & celle

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