Imágenes de páginas
PDF
EPUB

aprés Menés, premier Roi d'Egypte. Eufebe (Præp. Ev. 1. 1.) dit qu'Athothis, fils de Menės, eft celui que les Egyptiens appellent Thouth; les Alexandrins, Thoth ; & les Grecs, Mercure. Je paffe fous filence les imaginations de ceux qui le confondent avec Adam, ou avec Noé, ou avec Chanaan, ou avec Meïfe; auffi-bien que l'opinion de quelques Auteurs, qui prétendent que le nom de Mercure eft un nom myftique, qui ne defigne point une perfonne particuliere; mais en general un homme doüé de la parole & de la vertu divine.

On attribuë (comme nous avons déja dit) à· ce premier Mercure, des caracteres hieroglyphiques gravez, fur des colonnes trouvées dans la terre Seriadique. C'eft Manethon qui rapporte ce fait, en marquant qu'il a écrit son histoire fur des mémoires tirez des colonnes posées en la terre Seriadique, écrits en Dialecte facré, & en lettres hieroglyphiques par Thoth, qui eft le premier Mercure, & expliquez par le fecond Mercure, dans les Livres qu'il a mis dans les Temples des Egyptiens. Sanchoniaton donne une idée de ces lettres hieroglyphiques, dans un paffage cité par Eusebe, dans le premier livre de la Preparation Evangelique. Le Dieu Taant, dit-il, a reprefenté le Ciel & le vifage des Dieux ; il a fait des caracteres facrez de Saturne, de Dagon, & d'autres ; il a donné à Saturne, pour marque de fon Regne, quatre yeux, deux au visage, & deux derriere la tête, dont il y avoit deux ouverts, & deux fermez, &quatre ailes aux épaules, dont deux étoient élevées, & deux abaißées. Ce qui étoit un fymbole, que Saturne voioit en dormant, & dormoit en

وو

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

voïant; qu'il voloit en fe repofant, & qu'il feres, pofoit en volant; au lieu qu'il n'avoit donné que deux ailes aux autres Dieux qui fuivoient Saturne: il avoit auffi mis deux aîles à la tête de ce Dien, l'une pour marquer fon efprit de gouvernement L'autre pour fignifier fa perfpicacité. Il n'eft pas inutile de remarquer en cet endroit, aprés S. Clement d'Alexandrie, l. 5. des Stromates qu'il y avoit chez les Egyptiens trois fortes d'écritures, l'Epiftolographique, propre pour écrire des lettres; la Hieratique, dont fe fervoient ceux qui écrivoient des chofes facrées, & que celle-ci étoit de deux efpeces; la Chyriologique, par les "lettres ordinaires ; & la Symbolique, par des fignes, qui parloient, ou proprement par l'imi"tation, ou tropiquement, ou allegoriquement par des Enigmes. Voici des exemples de ces trois "fortes d'écritures fymboliques: De la premiere; "quand ils expriment le foleil par le figne d'un "cercle, & la terre en reprefentant fa figure: De "la feconde; quand ils font les éloges des Rois, par des fables theologiques: De la troifiéme; quand ils figurent le mouvement des aftres, par "des corps de ferpens, & le foleil par un efcarbot. Si Athothis eft le premier Mercure, & qu'il n'ait écrit qu'en lettres hieroglyphiques, on ne peut pas luy attribuer beaucoup d'ouvrages; & ce qui eft remarqué dans la Dynastie des Thinites, qu'il a fait des livres anatomiques, n'a pas plus de fondement que d'autorité.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Du fecond Le fecond Mercure des Egyptiens ne fe trouve Mercure point fous ce nom dans leurs Dynafties; mais des Egyp. dans la fuite des Rois Thebains, faite par Eratiens. thoftene. On trouve à coté du 35o. Roi, nommé

Syphocés, Epuns iris Hoaise, qui est aussi Mercure, fils de Vulcain. Cela n'a point de rapport à ce que dit Manethon, Que ce fecond Mercure étoit fils d'Agathomedon, & pere de Tat. Mais il faut qu'il y ait de la broüillerie dans cet endroit, car Tat, dont Manethon le fait pere, eft Mercure même. Cependant Eufebe, en fuivant Manethon, dit dans fa chronique fur la 5o. année aprés la fortie du Peuple Juif de l'Egypte : L'on fait qu'en ce temps fut Tat, fils de Mercure Trismegifte. Si le livre d'Afclepius étoit veritablement de ce Mercure Trifmegifte, il feroit petit fils du premier; car il dit que fon Aieul étoit l'ancien Mercure, qui a été le pere du confeil, & qui a inftruit tout le monde. Ce fecond Mercure, fi l'on en croit Manethon, a fait des livres de l'hiftoire Egyptienne, dans lefquels il expliquoit les colonnes que le premier Mercure avoit laiffées. Ses Ouvrages étoient confervez dans les archives fecretes des Temples d'Egypte. Philon de Biblos cite fon Ouvrage fous le titre de Livre de l'Origine du monde, dans Eusebe, 1. 1. prep.Evang. c. 7. Ces livres étoient appellez Genealogiques, felon Manethon. On lui attribue encore quantité d'autres Ouvrages. Jamblique, 1. VII. des myfteres des Egyptiens, dit que Mercure avoit compofé vingt mille livres, & felon Manethon 36525. Julius Firmicus lui attribue auffi 20.mille volumes: Jamblique dit encore qu'il avoit laiffé cent livres fur les Dieux de l'Empirée, le même nombre fur les Dieux de l'Ether, & mille fur les Dieux Celeftes. S. Clement d'Alexandrie, 1. 6.des Stromates reduit ces: livres au nombre de 42. dont il y en a 36. qui

contiennent toute la Philofophie des Egyptiens, & fix qui regardent la medecine. Il y en avoit du temps de Galien fur la medecine, qui portoient encore le nom de Mercure; mais ce fçavant Medecin remarque qu'il étoit vifible, que c'étoient des fictions & des inventions de celui qui les avoit fabriquez.

[ocr errors]

De tous les livres que nous avons à prefent qui portent le nom d'Hermés, ou de Mercure Trifmegifte, il n'y en a pas un qui foit veritablement de la premiere antiquité: les plus confiderables font: Le Pimander, ou le Pamander, qui a été imprimé en latin, de la verfion de Marfile Fircin, à Venise en 1483. en grec, par les foins de Turnebe à Paris en 1554. & en grec & en latin par ceux de François de Candale, à Bourdeaux en 1574. & à Cologne en 1620. L. Patricius en a donné une Edition plus ample, avec une nouvelle verfion, imprimée à Venise en 1591 & à Londres en 1628.Le Dialogue intitulé Afclepius, ou, La Parole parfaite touchant Dieu l'homme & le monde, dont on n'a qu'une verfion, que l'on attribue à Apulée, imprimée à Venife en 1531. à Bafle en 1597. & à Francfort en 1621. Les trois livres d'Afclepius à Ammon, que l'on a en grec & en latin. Ces Ouvrages font, comme on a prouvé, des écrits de quelques Philofophes Platoniciens, qui ont vêcu du temps du chriftianifme.

On a encore quantité d'autres Ouvrages d'Aftrologie & de Chimie, fous le nom d'Hermés qui vifiblement ont été compofez par des Impofteurs; du nombre des premiers eft la Fatromathe matique d'Hermés, ou des prognoftiques de l'é

Wenement des maladies, par l'afpect des Plane tes & des Aftres, dont la verfion faite par Boderius, a été imprimée en latin en 1535. le grec à Nuremberg en 1532. par les foins de Camera rius; & le grec & le latin ont été donnez enfemble par Hæschelius en 1597. Il n'eft point fait mention de cet ouvrage dans Ptolomée, ni dans Julius Firmicus, qui s'étoit attaché à l'étude de l'Aftrologie Egyptienne, & qui cite les Ouvrages de cette nature, attribuez à Efculape, à Potofiris, à Necepfis, & à Abraham. Il y a auffi deux livres d'Horoscope donnez en latin fous le nom d'Hermés, par Wolphius; & imprimez à Bafle en 1559. mais quoi qu'ils portent le nom d'Hermés, Hermés même y eft cité, & Ptolomée. C'est l'Ouvrage de quelque Arabe Chrêtien, car il parle des miracles, des prodiges, des propitiatoires divins, & des lieux Ecclefiaftiques. Il cite les Canons & l'Almagefte de Ptolomée, que les Grecs, dit-il, appellent le grand Ouvrage. Les Aphorifmes,ou les cent fentences Aftrologiques, differentes du Centiloque de Ptolomée qui ont été publiez fous le nom d'Hermés à Venife en 1493. font encore de quelque Arabe. Il y a dans l'Anthologie foixantefix vers, attribuez à Hermés, fur les fignifications des tremblemens de terre.Plufieurs Auteurs ont encore attribué à Hermés les Cyranides ; car ce nom n'eft pas le nom de l'Auteur, ni même, comme quelques-uns l'ont expliqué, le nom de Cyran, Roi de Perfe. Saumaife & Scaliger prétendent que c'eft un mot Arabe, qui fignifie collections.Goar fur Syncelle,& Allatius,croyent que c'eft un mot aftrologique qui yient de

,

« AnteriorContinuar »