Des Monumens Hiftoriques, que l'on prétend eftre plus anciens que le Déluge.

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UOIQU'ON doive raifonnablement Des écrits fuppofer que les premiers hommes ont eu l'ufage de l'écriture, auffi-bien miers hom que celui de la parole, il n'eft pas mes. certain qu'ils s'en foient fervis pour écrire l'Hiftoire de leur temps. Comme leur vie étoit tres-longue, & que la maniere dont ils vivoient eftoit fort fimple, ils pouvoient fe paffer plus

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facilement du fecours de l'écriture; pour faire fçavoir à leurs defcendans ce qu'il eftoit necef faire qu'ils fçûffent des temps paffez. On ne peut pas neanmoins nier abfolument qu'ils ne tinffent des regiftres, ou ne fiffent des memoires des chofes qu'il leur eftoit important de remarquer; comme de la naiffance de leurs enfans, de la mort de leurs peres, du bien qu'ils avoient reçû de leurs amis, du mal que leur avoient fait feurs ennemis; & des principales avantures de & leur vie. Mais tout ce qu'on en peut dire, n'eft que par conjecture; car non-feulement il ne nous refte rien de ce qui pouvoit avoir efté écrit avant le déluge,mais ce qu'on a dit des monumens que Fon fuppofe plus anciens, paroît apocryphe ou fabuleux.Car les livres attribucz à Adam,à Cham, à Seth,& aux autres Patriarches qui ont efté citez par quelques Anciens, eftoient certainement fabriquez fous ces noms par des Juifs, ou par des Heretiques. Il n'y a que le livre d'Enoch qui pût avoir quelque apparence d'antiquité, puis qu'il femble cité dans l'Epître de faint Jude. Mais on a remarqué après faint Jerôme, que cet Apôtre a pû alleguer un livre apocryphe, & que les fragmens que l'on rapporte de cet ouvrage, font connoître qu'il eftoit fuppofé. Des colon. On parle encore de certaines colonnes dreffées par les enfans de Seth, fur lefquelles il y avoit quelque chofe d'écrit; mais ce qu'on en dit n'eft fondé que fur le témoignage de Jofephe, qu'il ne faut que lire, pour eftre perfuadé que c'eft une imagination toute pure. Seth, dit cet Hiftorien, l'un des enfans d'Adam, ayant dié élevé pár fon pere, & étant venu à un âge

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de difcernement, fe porta au bien ; il fut vertueux, &laißa des enfans qui l'imiterent: étans donc tous gens de probité, ils demeurerent dans leur Païs fans diffenfion, & pafferent leur vie beureusement fans qu'il leur arrivât rien de fâcheux. Ils inven terent la fcience des chofes celeftes & des aftres; & de peur que leurs inventions ne fuffent perdues, & que les hommes ne periffent avant que de les avoir apprifes; parce qu' Adam leur avoit prédit que tout Punivers feroit renverfe une fois par le feu, & une autre fois par le déluge d'eaux, ils firent deux colonnes; l'une de ciment, l'autre de pierre, écrivirent sur les deux ce qu'ils avoient inventé; afin que fi celle de ciment periffoit par le déluge, celle de pierre fubfiftâts pour conferver aux hommes la memoire des chofes qui étoient écrites deffus. Il ajoûte, que l'on tient que la colonne de pierre qu'ils avoient érigée, étoit demeurée jusqu'à son temps en Syrie. Je dis qu'il ne faut que lire ce paffage, pour être convaincu que ce fait eft fabuleux. L'application que l'on prétend que les enfans de Seth eurent à la fcience des aftres; la précaution qu'on leur fait prendre d'écrire leurs découvertes fur deux colonnes; la prédiction de la ruine du monde, une fois par le feu, & une autrefois par le déluge, que l'on fuppofe faite par Adam; la conferva tion d'une de ces colonnes jufqu'au temps de Jofephe, en Syrie, font des chofes fi fort hors d'apparence, qu'il faudroit être bien credule pour y ajoûter foy, fur le feul témoignage de Jofephe, qui ne cite aucun Auteur plus ancien pour garant.

Les colonnes, que l'on fuppofe avoir été éle vées dans la terre Seriadique, par le premier

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Thoth ou Mercure d'Egypte, fur lefquelles i avoit écrit les Dynasties des premiers Rois d'E gypte en caracteres hieroglyphiques, ne font pas moins fufpectes. Manethon qui vivoit sous le Roi Prolomée Philadelphe, eft le premier & le feul Auteur qui en ait fait mention, la terre Seriadique eft un païs inconnu; & il y a bien de l'apparence, que l'on a confondu cette Hiftoire avec la précedente, en changeant X7. The overáda, qui fignifie la Syrie, en terre Seriadique; d'autant plus que l'Auteur du livre fur l'Exameron attribué à Euftathe, parlant des colonnes de Seth, dit qu'elles étoient, y Enipia, dans la terre de Seiriad. Enfin les ca→ racteres, ou plûtôt les figures que l'on fuppofe avoir été gravées deffus les colonnes de Thoth, étoient inintelligibles ; & les quinze premieres dynafties des Egyptiens, font fabuleufes.

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Vanité des Les Chaldéens fe vantoient d'avoir des obferobferva vations des aftres de quatre millions fept cent tions des trente mil ans. Berofe, Abydene, & Apollodore Chaldéens nomment dix Rois de ce peuple, qu'ils fuppofent avoir tous regné avant le déluge, & donnent à chacun plufieurs milliers d'années forte que depuis Alorus jufqu'à Xifuthrus, qui eft le dernier, il y a quatre cent trente-deux mille ans. Ciceron fe mocque de ces vaines obfervations, & ajoûte qu'il n'y a aucun Auteur digne de foi qui en puiffe rendre témoignage. Simplicius remarque qu'Alexandre-le-Grand, quand il eut pris Babylone, aïant fait chercher par le Philofophe Callifthene, les plus anciennes obfervations du païs, n'en put trouver qui remontaflent plus haut que 1903 ans. Pline suivans

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