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Epris du feul amour d'un céleste avenir,
Il ne foupira point après une couronne
Que la mort peut ravir.

Eh! comment fur un trône occupé par son Pere,

Eût-il porté les yeux, ce religieux Fils;

Lui qui pour

conferver une tête fi chere

Se fût donné pour prix ?

Quel fiécle vit jamais un Prince plus fidèle, Et dont le zele ardent pût moins être suspect? Quel fiécle vit jamais un plus rare modéle D'amour & de respect?

Que nous offre l'Hiftoire? Un injufte Alé xandre

Qui mouilloit de fes pleurs les lauriers paternels; Des fils qui, pour régner, ne fçurent pas attendre

Les décrets éternels.

Celui que tu regrette, ô généreux Monarque, Craignit plus qu'il n'aima le pouvoir fouverain; Pouvoir qu'il n'eût reçu que des mains de la Parque

Qui rompra ton destin.

Auffi tu lui rendis tendresse

fort:

pour

tendreffe ;

Dans les jous de douleurs tu gémis fur fon fort: Aujourd'hui languiffant, abbattu de trifteffe, Tu pleure encor sa mort.

Quelque noble rayon de ta Majefté pure,

N

Qu'on vit avec éclat fur fon front répandu ; Tu n'aimois en lui feulement la nature, Mais bien plus la vertu.

pas

Mais fi ce n'eft nous, pour fi ce n'eft t pour

la

France, Ceffons donc de pouffer des foupirs indifcrets ; It fa vie & fa mort nous donnent l'efpérance Qu'il jouit de la paix.

On le vit dans fes maux humble, foumis, fidèle,

Seul tranquille au milieu de fes amis en pleurs; Et content d'acheter une joie éternelle

Par de courtes douleurs.

S'il n'eft point d'autres maux que le Ciel nous réserve,

Ce défaftre pour nous fera moins dangereux; Grand Roi, qu'à tes Sujets le Seigneur te conferve,

Et nous ferons heureux!.

Ah! fi de nos forfaits l'iniquité te laffe, Donne-nous un efprit plus fouple à tes leçons, Change nos cœurs, Seigneur, & rends - nous par ta grace

Plus dignes de tes dons.

Et toi, cher aux François, Fils d'un Prince

fi fage,

Héritier de fon nom,

fois-le de fa vertu.

Que le Roi confolé retrouve en-toi l'image
Du Fils qu'il a perdu.

ODE

SUR LA MORT

DE STANISLAS LECZINSKI, ROI DE POLOGNE, Duc de LORRAINE ET DE BAR,

Par Monfieur l'Abbé Godard.

I.

JUSTEMENT irrité le ciel frappe nos Princes

Ils portent vos péchés, ô coupables Provinces: Nos neveux l'apprendront, (quel objet de douleur!)

Ils fauront qu'un Dauphin, chéri de tous les Ordres,

Fut immolé par nos défordres,

Lui qui de l'Univers auroit fait le bonheur.

I I.

STANISLAS à nos cris mêle fes tendres plain

tes,

Dans fon cœur paternel nos douleurs font empreintes ;

Falloit-il qu'auffi-tôt il doublât nos regrets?
Il fe vit enlever fa fragile Couronne;

Mais il obtient un fecond Trône, Où de la pâle envie il ne craint plus les traits.

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Oui, la Bonté divine ardemment implorée Eft fourde à ta priére, ô Lorraine éplorée,

STANISLAS eft reçu parmi les Immortels &
Son efprit dégagé de fa demeure fombre
Voit maintenant fans ombre

L'Agneau qu'il adoroit voilé fur nos Autels,
I V..

PHILOSOPHES du fiécle, orgueilleufe pouffière, Dont l'efprit abruti croit que tout eft matiére, Fixez vos yeux. hardis fur ce brillant flambeau ; Jamais fut-il mortel plus prudent & plus fage; La vertu qui fut fon partage

Prouve qu'il penfoit vivre au delà du tombeau,

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STANISLAS méritoit en régnant fur foi-même Que l'Europe le vît orné du Diadême ; Ce grand Prince doué d'un cœur fi généreux, Précédé par fa gloire, entre dans Varfovie,

Où le conduit la feule envie

De régner fur les cœurs, de faire des heureux,

V. I,

AINSI l'Aftre du jour dans la faifon nouvelle Féconde après l'hiver la terre qui l'appelle, Son éclat eft pour nous, il n'en retire rien, Il darde fes rayons pour enrichir nos plaines, De fes préfens nos mains font pleines, L'Aigle & le Moucheron lui doivent leur for

tien.

VII.

De l'Etat ébranlé reprenant la conduite, De fes devoirs de Prince en bon Pere il s'ac

quitte;

L'âge d'or étoit prêt à defcendre des Cieux :
Pologne, contre toi l'abyme fe déchaîne,
Les Ruffes vont fervir sa haine,

Et tu perdras le fruit d'un choix fi gloricu,

VIII.

A fauver STANISLAS tout le monde s'empreffe, L'amour arme pour lui le Peuple & la Noblesse: » Pour un fi digne Roi, difent les Polonois » Sacrifions nos jours: Contens de le connoître, » A nos Fils laiffons un tel Maître ; « C'eft ton langage, Amour, ainfi tu raifonnois.

I X.

DANTZIC à STANISLAS vient s'offrir

retraite,

pour

A repouffer Lafci* cette Ville s'apprête,
Du Comte de Munich ** elle foutient l'effort;
On tient bon quatre mois, mais la cinquiéme

A fes

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Il faut céder à la Fortune,
yeux le bon droit affez fouvent à tort.

X.

MÉRITER un Royaume étoit-ce donc un
crime?

Le Juste à la fureur fervira de victime ?
Non: l'Ange du Seigneur a pris foinde fes jours:
En vain les ennemis s'opposent à fa fuite,

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Il fe dérobe à leur pourfuite; On croit tenir David, il s'échappe toujours. X I.

STANISLAS foutenu d'un fecours invifible, Aux traits du fort oppofe un courage invincible. Louis des opprimés l'appui, le défenfeur, Louis dont le regard fait frémir l'injustice, Louis à la vertu propice

Venge un Beau-pere aimé contre fon oppreffeur.

* Général des Ruffes.
** Général de l'Empire.

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