Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Tu perceras des cœurs la noire iniquité :
O mon divin Sauveur ! ah! quelle différence!
Entre ce jour heureux, lorfque par ta clémence,
On te vit, pour fouffrir, habiter parmi nous
Calmer, par tes travaux, l'Eternel en courroux
Alors comme un enfant, & foible & miférable,
Ton Trône étoit la crêche, & ton palais l'étable:
Là, fouffrant pour nous mettre à l'abri des

malheurs,

Par un excès d'amour, tu répandis des pleurs ;
Et pour nous mériter une paix bienheureuse
La mort fur une croix te parut glorieufe:
Avant que d'expirer fous le poids de tes maux,
Tu daignas pardonner à tes propres bourreaux ;
Mais hélas ! en ce jour comme un juge infléxible,
porteras contr'eux ta Sentence terrible;
Ton Trône environné de foudres & d'éclairs,
Paroîtra formidable aux yeux de l'Univers.
Là, dans l'effroi commun de toute la nature,
Tu verras à tes pieds la pâle créature,

Tu

Ét tous les morts fortir du fein de leurs tombeaux,

Attendre pour jamais, ou les biens ou les maux, Que répondrai - je, hélas ! à ce Dieu de vengeance,

Moi qui depuis long-tems, & l'outrage & l'a fenfe?

Ah! Seigneur, que ton bras fur moi foit fuf

pandu,

Qu'envain le fang d'un Dieu ne foit pas répandu:

Quelles graces, hélas! ne dois-je pas te rendre! Dans un âge avancé tu veux encore m'attendre ; De tes bontés, Seigneur, daigne me prévenir, Pour ne plus t'offenfer dans le tems à venir. Arrache de mon cœur cette indigne femence

D'envie & de foupçon, de tiédeur, de ven

geance;

Doux Jefus, bonté feule, en qui j'ofe efpérer, Je détefte mon crime, & je vais le pleurer: Non, je n'attendrai pas ce jour fi plein d'allarmes, Où l'on ne répandra que d'inutiles larmes, Pendant mon trifte exil, afflige-moi, Seigneur, Afin de m'épargner au jour de ta fureur.

STANCES..

Les huit félicités du vrai Philofophe.

1741.

HEUREUX celui qui retiré du monde,

Et de fes plaifirs dégoûté
Jouit dans une paix profonde
Des douceurs de la liberté !
Heureux celui qui de la folitude,
Mettant à profit les loisirs,
De fon cœur fait l'utile étude,
De fes livres fait fes plaifirs!
Heureux celui qui maître de foi-même,
Et dégagé d'ambition,

N'afpire qu'au bonheur fuprême
D'une fimple condition!
Heureux celui qui connoiffant, abhore,
Amour, tes dangereux appas!
Plus heureux mille fois encore
Celui qui ne les connoît pas !
Heureux celui qui peu jaloux de plaire,
Et de captiver les efprits,

D'un feul ami tendre & fincére

Goûte l'ineftimable prix !

Heureux celui qui cherchant l'art utile

De commander aux paffions,
Peut indépendant & tranquille,
Régner fur leurs impreffions!
Heureux celui qui dans la douce ivreffe
D'un cœur nullement combattu,
N'a pour objet que la fageffe,
N'a pour guide que la vertu !
Heureux enfin celui qui fans envie,
Et fans murmurer, peut fouffrir;
Et qui ne défire la vie,

Que pour apprendre à bien mourir !

STANCES.

Imitation de l'onziéme Ode du fecond livre d'Horace, par Monfieur Fourneaux, Curé de Saint Brice, 1713. Eheu! fugaces, Poftume, Poftume.

C

'EST envain que des destinées,
Postume, on prétend s'affranchir;
Les Dieux ont compté nos années
Et rien ne les pourra fléchir.

Le tems qui court avec vîtesse,
Amene l'âge fur les pas;
Et nos jours n'échapperont pas
A l'inévitable vieilleffe.

En vain par mille facrifices,

Nous fatiguons les immortels :
En vain le fang de nos geniffes
Coule en tout tems fur leurs autels..

L'infléxible Dieu du Ténare
Rit de: nos vœux ambitieux;
Et dans peu la parque barbare,
Doit nous rejoindre à nos ayeux.-

Hélas! le plus rare mérite,
Ne' pourra nous en exempter;
Et nous devons tous habiter
Les noirs ivages du Cocyte.

De tous ces Palais magnifiques Vains monuments de notre orgueil ; De ces lambris, de ces portiques, Rien ne nous fuit dans le cercueil..

Ces tréfors que notre vieilleffe Sous cent clefs aura renfermés, Rempliront bientôt d'allégreffe Tous nos héritiers affamés.

Ils béniront le Ciel propice, De ce qu'au gré de leurs défirs Nous aurons, par notre avarice Pris foin d'affurer leurs plaifirs.

[ocr errors]
[ocr errors]

Jouiffons donc, nion cher Postume, Des jours qu'on daigne nous laiffer Et que le plaifir les confume, Puifqu'ils doivent firât passer.

STANCES.

Seconde traduction de l'Ode d'Horace: Eheu! fugaces Postume, Postume, par Charuel d'Antrain, 1742.

STANCES

IRRÉGULIÈRES.

Eheu! fugaces, Poftume,&c.

POSTU

OSTUME, ah! cher Postume, avec quelle
viteffe,

De nos ans paffagers fuit le rapide cours!
Voici notre bel age; & voilà la vieilleffe
Prête à nous améñer fes rides, fa trifteffe
La mort la fuit de près ; & c'est fait de nos jours,

Non fi trecenis, &c.

Vainement, par le facrifice

:

De cent & cent taureaux offerts,
Tu voudrois faire un Dieu propice,
De l'infléxible Dieu qui préfide aux enfers:
Jaloux de recevoir la proye,

Il attend le tribut affreux
Que la cruelle mort envoye
Dans fon Empire ténébreu x.

Scilicet omnibus, &c.

Nous la pafferons tous du Styx l'onde fatale; Monarques & bergers, nous la pafferons rous Nous verrons Titius, Geryon & Tentale, Gémiffants fous le poids du céleste courroux,

« AnteriorContinuar »