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Mon plus grand intérêt est ta félicité. Jamais je n'ai permis qu'un converti périsse.

Mon defir eft content; & je fuis glorieux, De te voir fi contrit, & les larmes aux yeux :Je t'accorde la paix : il n'y a plus de guerre.

Tu fais bien d'adorer la raifon qui m'aigrit, Contre les endurcis je lance mon tonnerre: Et je venge fur eux le Sang de Jesus-Christ.

SONNET

A JESUS-CHRIST crucifié. 1730:

Spectacle étonnant! fur un infame bois, La mort ofe fe prendre à l'Auteur de la vie ; Et l'amour fon complice affouvit fon envie, En immolant un Dieu fur l'Autel de la croix.

Dans ce funeste jour que d'horreurs à la fois! De quels affreux revers cette mort eft fuivie! Au moment qu'à fes yeux la lumière est ravie La nature en défordre eft réduite aux abois.

On ne voit dans les airs que des objets funébres, Le foleil éclipfé fe couvre de ténébres, Pour ne pas voir fon Dieu victime des douleurs.

Infenfible pécheur ! feul auteur de fes peines, Le verras-tu mourir fans verfer quelques pleurs, Lorsqu'il verfe pour toi tout le fang de fes veines?

SONNET

Sur la ruine de Lisbonne. 1756:

MONUMENT

ONUMENT de tes Rois, Cité dont la fplendeur

Faifoit de tant d'États la puiffance & la gloire : Te voilà maintenant une image d'horreur Dont on confervera l'éternelle mémoire.

O Lisbonne ! le jour d'un auffi grand malheur Te montre le pouvoir du Maître du tonnerre: Il parle, & dans l'inftant on a vu ta gran

deur

Tomber, s'anéantir au centre de la terre.

Tes Citoyens tremblants fe trouvent arrêtés: Ils fuyent, mais hélas ! les Cieux font irrités ; L'eau, les vents, & le feu, tout fert à ta ruine.

On n'entend que des cris, qu'un mêlange confus,

D'enfants à demi-morts, de parents éperdus : Tout recourt, mais trop tard, à la Bonté di

vine.

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SONNET.

Hippolyte à Bellefamire. 1702.

JAMAT

AMAIS le tendre Amour n'a furpris ma raison,

J'ai bravé conftamment fon pouvoir & fes chaînes ;

Et dans les plus beaux jours de ma verte faison, Ainfi que fes plaifirs j'ignore encor fes peines.

Malheureux un mortel enivré du poifon Dont ce Dieu fçait charmer fes flèches inhumaines !

Sur un espoir flatteur, comme un autre Jason, Il s'expofe à fouffrir les plus horribles gênes.

Non, je n'aimerai pas... mais quel transport foudain >

Quelle ardeur inconnue embrase tout mon fein! Mon cœur, mon foible cœur va donc enfin fe rendre !

Je ne le fens que trop, fi je revois Iris, Adieu ma liberté, je ferai bientôt pris : Mais hélas ! pour la perdre il ne faut que l'entendre.

SONNE T.

Dieu reconnoiffable dans la Créature.
1696.

V

Ous à qui notre foi paroît une imposture, Qui doutez des fecrets que fon voile a couverts Qui ne connoiffez pas de Maître à l'Univers, Et croyez qu'ici-bas tout roule à l'aventure;

Pouvez-vous du Ciel voir la brillante ftruc

ture,

Le réglé mouvement de tant d'aftres divers :
Le retour des Etés, les retours des Hyvers,
Sans convenir qu'un Dieu préside à la nature?

Que fi pour vous tirer de votre aveuglement,
Toutes ces vérités font foibles arguments:
Je veux bien vous guérir de votre errcur mor
telle:

Incrédules efprits! accourez en ce lieu; Quand vous verrez N.... fi charmante & fi

belle,

Yous avouerez que c'eft le chef-d'œuvre d'un Dieu.

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Et qui portes en tous lieux avec moi mon image:
Qui peux tout exprimer excepté le langage;
Et pour être animé n'as befoin que de voix.

Toi feul peux me montrer, quand chez toi je me vois,

Toutes mes paffions peintes fur mon visage: Tu fuis d'un pas égal mon humeur & mon âge, Et dans leurs changements jamais tu ne deçois.

Les mains d'un Artisan au labeur obstinées, D'un pénible travail font en plufieurs années, Un Portrait qui ne peut reffembler qu'un inftant:

Mais toi, Peintre brillant, d'un Art inimitable, Tu fais fans nul effort un ouvrage inconftant, Qui reffemble toujours, & n'eft jamais femblable.

SONNET

A LA TRÈS-SAINTE TRINITÉ. 1716.

E

N yous feul, ô mon Dieu, je mets ma confiance.

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