Quoi! difoit-il, verrai-je tous les cœurs, Généreuse & compatisfante Il eft une illuftre mortelle En qui l'on voit briller les talents, les vertus à Les qualités d'une Bergere, Avec les charmes de Venus: Sans elle que pourrions-nous faire ? Par elle, chaque jour nos honneurs font accrus; Redoublons nos foins pour lui plaire, Déja fes yeux lancent tes traits, Il faut y confier ta chaîne : Nul mortel ne pourra la brifer déformais, FABLE. LE PAON, LE DINDON ET LA POULETTE, Par M. Desforges Maillard, 1757UN Paon faifoit la roue, étalant la beauté De fa brillante queue; un gros Dinde à côté L'imitoit gravement; le premier dit à l'autre, S Je vous trouve, ma foi, plaisant, Mon beau Monfieur, eh! pourquoi non ! Une foutane magnifique ? Sans doute, & fa livrée eft celle de Pluton Comment, dit l'oifeau noir, qui fe gourme & fe pique, Médecins renommés, Magiftrats, Souverains, Sans en faire femblant, une oreille attentive. Pourfuit-il de nouveau, déployant fes richesses; Comme les ont tant d'autres fats: Mais fi le bruit qui court eft un bruit véridique, A tes rares beautés, tu joints celle du chant; Redis moi donc, mon cher, ton éloge en mufique, Il m'en paroîtra plus charmant. Le Dindon revanché par ce trait fatirique, Tout Dindon qu'il étoit, en rit malignement; Mais étonné du compliment, Le Paon baiffe la queue ; & fermant fa boutique, Il allonge un pas lent, & va trifte & capot C'eft celle des talents, qu'il fe doit à lui-même. FABLE LE SERIN ET LA FAUVETTE Sauvage, 1757. ECLOS lui: CLOS, nourri dans une cage, Un Serin vivoit fans ennui; Il n'étoit point dans le bocage. D'oifeau plus heureux que Une inconftante Fauvette S'approcha du Serin joyeux, Celui-ci pour lui faire fête Entonne un air mélodieux: Vous chantez, dit-elle, des mieux; Cependant vivre feul, toujours dans la retraite, Me femble un fort bien' ennuyeux. Ce mot lâché, comme par aventure, Sur le Serin fit fon impreffion. (Dans une fragile nature Un rien fait naître une tentation,) Il ne fit plus qu'une trifte figure: Plus il alloit, plus fa condition Le dégoûtoit, lui fembloit dure; Il forme enfin la réfolution D'abandonner la cabane importune: Il fort, & fit un trou, comme on dit, à la lune. Notre Serin dans les premiers moments Tout semble beau dans les commencements) Nouveaux objets, nouveaux amufements: Dans leurs Concerts charmants Qui mit le Pélerin à deux doigts du trépas: Je trouve une mifére ex:rême, Au lieu de la félicité, Dont je m'étois flatté : Si le changement plaît ; fi quelquefois on l'aime, C'eft qu'on le voit du beau côté. FABLE. LE SINGE BARBIER. 1750: UN Perruquier dans fa boutique Avoit un Singe des plus beaux; Se rappellant un jour à la mémoire Faifons, dit-il, un des plus beaux exploits, Ce que mon maître peut, je le puis bien, je crois; Le magot fe met en posture, Il enduit bien fa grotesque figure, Dont le tranchant rapide Emporte de fa gorge un large échantillon, |