faire, & la broche tient dans le trou,

que

il faut retirer celle-ci de plus de moitié, & ferrer encore l'étranglement que je fuppofe avoir été fait droit ; autrement le cartouche se trouveroit trop court, & ne feroit plus bon à rien.

44. Otez alors la filagore, la broche & la baguette, & arrêtez l'étranglement avec cinq boucles de petite ficelle à nauds coulans, appellés le nœud de l'Artificier, qui fe fait le premier bout de la boucle en deffus, & l'autre en dessous. On en met au moins quatre pour les petits cartouches, & plus pour les autres: on les ferre l'un après l'autre, & on coupe la ficelle à quelques lignes près des noeuds. Pl. 1, fig. G,a.

Cette ficelle, comme vous voyez, Monfieur, fert à retenir le reffort du carton, & empêche l'étranglement de fe relâcher.

Le Comte. Je vois maintenant, Monfieur P'utilité de ces tours de ficelle; mais pourquoi refferre-t-on ainfi l'ouverture des fufées ? C'est fans doute par ce trou que doit fortir le feu?

L'Amateur. Rien n'échappe, Monsieur, à votre pénétration, & vous avez raifon de penser que le feu fort par le trou de l'étranglement des cartouches, car il en devient la lumiere; mais il n'eft pas encore tems de réfoudre cette question.

45. Votre cartouche étant étranglé & lié, remettez la baguette & la broche dedans

& frappez légérement fur la baguette, afin d'arrondir la gorge du cartouche, & de lui faire prendre la forme du bouton de fa broche, lequel lui donne à peu près la figure de l'embouchure d'un Serpent d'Eglife ou d'une petite écuelle: retirez la broche, & en tenant le cartouche d'une main, donnez encore de l'autre quelques petits coups de maillet fur la baguette, pour effacer les plis du carton autour de l'étranglement ; (on fait les mêmes opérations pour étrangler & nouer les autres calibres de cartouches, avec les broches & pointes de fer qui leur conviennent.)

Les cartouches ainfi finis, on les laiffe fécher à fait; car fi on les chargeoit auffi-tôt étranglés, ils fe furbaifferoient fur le noeud de l'étranglement, & ils feroient perdus.

Le Comte. Et les cartouches des gros & petits ferpentaux, faits de la longueur & du travers des cartes; comment s'étranglent-ils, Monfieur?

46. L'Amateur. Lorfqu'ils font ébarbés & à peu près fecs, on les étrangle comme les précé dens, le rouleau dedans, à quelques lignes près du bout; mais de fuite & à la main, avec une petite ficelle cablée, roulée d'un bout fur un petit bâton, & arrêtée de l'autre par une boucle, à un crochet à vis en bois, placé de hauteur à pouvoir s'en fervir étant affis devant, en observant de les fermer, autant que l'on peut ; après

quoi on arrête l'étranglement avec quatre ou cinq boucles de bon fil du noeud de l'Artificier, que l'on ne coupe que quand on les a tous noués, comme un grand chapelet.

DIALOGUE SIX IEM E. Moulage des pots & chapitaux des fufées volantes.

L'AMATEUR. Nous nous fommes occupés 47. jufqu'à préfent, Monfieur, de la maniere de faire des cartouches & de les étrangler; mais cela ne fuffit pas, il faut encore favoir mouler ceux propres à contenir les garnitures des fufées volantes.

Le Comte. Votre converfation m'intéreffe trop, Monfieur, pour ne pas la fuivre avec une nou velle attention.

48. L'Amateur. Ces cartouches que l'on appelle póts ou gobelets, fe font, Monfieur, avec des bandes de mince papier gris, coupées les unes de trois, & les autres de quatre pouces & demi de hauteur, & toujours de longueur à pouvoir faire autour des moules fur lefquels on les forme, quatre révolutions pour les groffes fufées, & trois pour les moyenes & les petites, en y ajoutant quelques lignes pour le recouvrement. 49. On donne à ces moules que l'on fait de bois

léger, deux figures cylindriques, d'inégales lon gueurs & groffeurs: la premiere doit avoir quatre pouces & demi de long, & de groffeur environ deux fois moins un quart, celle des cartouches: la feconde de deux pouces de long, & un peu moins de groffeur que les fufées : on abat & on arrondit en mourant, de la forme d'un cul de verre à boire, l'arrête du bas du grand cylindre, jufqu'au diametre du petit. Pl. 1, fig. H.

Ainfi, Monfieur, en fuivant toujours votre exemple de fufée d'un pouce, le moule à pot pour çe calibre, aura dans fa partie de quatre pouces & demi de long, vingt-une lignes d'épaiffeur, & onze lignes dans celle de deux pouces, & ainfi pour d'autres calibres.

Le Comte. Mais, Monfieur, fi les cartouches ont deux ou trois lignes de plus d'épaiffeur que la regle, ils ne pourront pas entrer dans le trou du petit cylindre des pots; car je prévois que c'est ainfi qu'on les ajufte.

50. L'Amateur. Vous faififfez, Monfieur, on ne peut mieux, la façon d'employer les pots; mais comme le trou de leurs petits cylindres que j'appelle des douilles, doit être un peu moins fort que les cartouches, afin qu'ils n'y entrent pas librement, s'il y a trop de différence entre eux pour la regagner, on ajufte fur la pate du

moule, un anneau mobile de carton, & on moule deffus, ou on l'ôte fuivant le befoin,

Le Comte, Il n'y a rien à répliquer, Monfieur; je vois feulement, d'après mon objection, que le trou de la douille des pots doit toujours être un peu moins fort que les cartouches.

51. L'Amateur. Pour fixer la hauteur des pots, & n'avoir plus à en couper par le haut, lorsqu'ils font faits, on pique deux points fur les moules, l'un au - deffus de l'autre, à partir du bas du grand cylindre, & fuivant les mefures que vous en trouverez plus loin. Je vous dirai feulement ici, que pour votre fufée d'un pouce, les deux points du moule à pot doivent être marqués l'un à vingt-huit, & l'autre à quarante trois lignes de hauteur, afin de vous régler pour les pots que nous allons mouler,

52. Roulez fur ce moule, en ferrant avec lá main, une bande de papier de la longueur prefcrite, le premier tour à fec & le reste collé avec de la colle de farine fans terre graffe, ainfi que je l'ai ci-devant dit : tirez le moule par le petit bout un peu en dedans; coupez à fleur l'excédent du cartouche, & defcendez-le à l'un ou à l'autre des points; car il faut en faire de chaque hauteur, dont vous verrez l'ufage en fon tems.

53. Dans cet état, faites plufieurs plis autour de la partie arrondie, du bas du gros cylindre du