faire une piece, nous en fournit encore une parti-. culiere, appellée les moulins de Dom Quichotte, en montant fur les écrous, no. 1 & 3, du premier moyeu, & fur ceux du fecond, n°. 5 & 7, des rais d'une certaine longueur, portant chacun trois ou quatre jets brillans (on peut auffi varier la couleur de leur feu), qui, partant de quatre en quatre, reffemblent affez aux aîles d'un moulin que le vent fait tourner.

594. Ces rais ou plutôt ces barres de deux pieds un quart de longueur, fe font de dix lignes en quarré, à la longueur de huit pouces de l'un des bouts, & fe mettent pour le refte à dix lignes de diametre.

On les viffe fur les moyeux, pour établir une de leurs faces en devant, & on la divife en quatre parties égales, en commençant à fix lignes de leurs quarrés.

On perce un petit trou au milieu de chacune de ces divifions, & on en fait un femblable à fix lignes au-deffous de celui-là.

595. On pratique une cannelure entre les petites divifions fur le devant des rais, & on y atta❤ che les jets avec du fil de fer recuit, en forme d'échelons, en tournant ceux de la premiere roue, la gorge à gauche, & les autres la gorge à droite.

596. On les communique de l'un à l'autre,

pour en former autant de reprises qu'il y en a fur chaque barre (fig. P), & on renferme dans la gorge des premiers d'en bas, un porte-feu 'dont on conduit l'étoupille dans les rainures des moyeux, après en avoir enfilé un bout dans le trou qui traverse le premier moyeu.

On enveloppe fa rainure de devant, de plufieurs tours de papier non collé, & on monte les roues fur un effieu de longueur convenable (il doit porter une embasse pour le fixer fur la perche), en y enfilant d'abord un tuyau de bois, fervant à écarter un peu les moyeux de la perche, afin qu'ils puiffent tourner plus librement fur leur lanterne. On tient les rais de bout, les uns devant les autres, & lorfqu'on veut mettre le feu à la piece, on ôte l'enveloppe & on le préfente à l'étoupille découverte. (Pl. 7, fig. P, eft celle de l'une des aîles de ce moulin dont le dernier jet, en finiffant, communique à un mar ron attaché fur le bout de la barre.)

DIALOGUE

DIXIEM E.

De la diftribution & de l'exécution d'un feu d'artifice,

597. LE COMTE. Vous m'avez certainement

donné, Monfieur, affez de pieces d'artifice pour en compofer un feu complet; il ne me manque plus

plus que de favoir les diftribuer de maniere à en former un coup d'oeil agréable, pendant le jour de la fête, & de les tirer fuivant un certain ordre de gradation qui ne contribue pas peu à les faire valoir encore davantage.

598. L'Amateur. Comme la construction d'un théatre deviendroit difpendieufe, on fe fixe, Monfieur, à de petites décorations peu coûteu fes, qui, arrangées avec goût, ne laiffent pas d'avoir leur mérite.

Une légere & moyenne façade de charpente; revêtue de voliches de fapin, peintes à la détrempe, repréfentant quelques portiques à colonnes avec leurs architraves, furmontées de vases, de balustrades & d'une figure d'amortissement au milieu, ou fimplement des poteaux, des perches & des tréteaux, masqués de verdure, font tout ce qu'il faut pour dreffer une feu d'artifice.

Celui que vous avez projetté de donner au mariage de Mademoiselle votre fœur, & pour lequel je vais vous indiquer la maniere de diftribuer, & d'exécuter les pieces dont vous pourrez le composer, vous fervira de guide dans toute autre circonftance, foit en augmentant ou diminuant le volume des artifices, ou en employant tantôt une piece, & tantôt une autre, fuivant que vous voudrez donner une fête -plus ou moins brillante,

599. En fuppofant une façade à trois portiques cintrés, que nous appellerons le temple de l'hytsmen, décoré d'une pyramide au milieu, d'une balustrade de chaque côté, & de quatre colonnes, furmontées d'autant de vases (cette dépense rn'est rien pour vous, mais alors plus a'impromptu, il y a trop d'ouvrage pour le cacher); vous pouvez, Monfieur, y diftribuer les artififices, & les exécuter dans l'ordre fuivant.

Scene premiere. Pour ouvrir la fête, & inviter les échos d'alentour à venir y prendre part, vingtquatre gros marrons.

Scene feconde. A une certaine distance de l'une des aîles du temple fur le devant, un chevalet pour tirer de fuite trois douzaines de fufées voJantes, moitié de douze & moitié de quinze lignes; & de l'autre côté fur une perche, une douzaine de fufées d'honneur, de dix-huit lignes. (On nomme ainfi les plus groffes fufées que l'on fait toujours partir les dernieres, qui, fe portant à de grandes hauteurs, égaient par leur éclat & leur bruit, l'obscurité & le filence de la nuit.)

Scene troifieme. Un courantin à deux reprises, pour porter le feu à un filet d'illumination de lances, bordant le pourtour de la décoration.

Scene quatrieme. Au milieu de chacun des petits cintres, un foleil tournant à trois reprises, avec batteries & changement de feu, les deux jouant enfemble

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Scene cinquieme, Derriere les vafes des colonnes du dehors un pot à aigrette, pouffant les deux ensemble le feu brillant à vingt-cinq pieds de hauteur, tels que des jets d'eau, dont les gouttes font éclairées par les rayons du foleil, & finiffant par l'explofion d'un petit coup de canon qui jette en l'air nombre de ferpenteaux, traçant par leur course incertaine, des berceaux de feu qui difparoiffent, en faisant une décharge femblable à une falve de moufqueterie.

Scene fixieme. Au milieu de chacune des quatre colonnes par derriere, un foleil tournant à deux reprises avec batteries, formant les quatre enfemble, trois rideaux de feu brillant, pour remplir le vuide des arcades, & éclairer la façade de la décoration.

Scene feptieme. Un peu éloignés de devant des colonnes intérieures, deux brins d'ordonnance, chacun fur un tréteau, garnis de leurs fix pots à feu, jettant alternativement des ferpenteaux, & des fauciffons volans en forme spirale ou vis fans fin, les deux jouant ensemble, en les faisant commencer par différentes garnitures.

Scene huitieme. Bien au devant du milieu des petits portiques, deux poteaux portant chacun une girandole en caprice à cinq reprifes, furmontée de fa gerbe d'aigrette à petard, tournant les deux ensemble, l'une à droite & l'autre à gauche,