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AN.1234

fix journées à faire jufques à la mer de CP. mais fe confiant à la grace de Dieu, ils se mirent hardiment en chemin. Les Grecs envoïerent aprés eux, leur déclarant la difficulté des chemins & de peril où ils expofoient leur vie, & les affurant avecferment, que s'ils alloient plus loin fans guide, ils trouveroient dans les montagnes, & dans les bois des païfans en embufcade qui les tueroient. Les nonces ne s'arrêterent pas pour ces avis. Ils avoient marché fix ou fept milles, qui font environ deux lieues, quand l'officier de l'empereur les joignit; & defcendant de cheval il fe mit à leurs piez, les conjurant de retourner au village d'où ils venoient, & promettant de faire revo quer l'excommunication, & reparer tout ce qui avoit été dit ou fait contre-eux. Ils s'arrêterent donc d'un commun confentement à un village voifin, & renvoïerent de leurs freres querir des livres. Quand ils furent venus au village où on les avoit laissez, le car tophylax s'approcha & foüilla tous les livres & le ba gage des nonces. Il prit même ceux qui étoient revenus, & les aïant menez à part dans une chambre il délia leurs balots. Enfin il trouva l'écrit des Grecs, & dit: J'ai ce que je cherchois. Mais les nonces en avoient fait une traduction qu'ils garderent pardevers eux; & l'apporterent au pape. Les Grecs aïant obte. Vading.1233; nu ce qu'ils defiroient revinrent aux paroles d'honêteté, & laifferent aller en paix les nonces, aprés leur avoir donné une lettre, adreffée au pape air nom des deux patriarches, & du concile de Nymphée, qui eft une tres-longue explication de leur creance fur l'article du S. Efprit. On voit ici par le procedé des Grecs, qu'ils fe croïoient plus forts fur cet article que

7. 23.

to. XI. conc..

466.

AN.1234.

XL.

Albigeois.

VIII. ep. 360. ap. Rain.

1234.2.13.

fur celui des azymes: on voit auffi
que l'empereur
fouhaitoit plus l'union que les patriarches & le clergé;
mais c'eft qu'il efperoit par ce moïen détourner le pa-
pe de procurer du fecours aux Latins de CP.

Cependant le pape Gregoire fe plaignit au roi de Affaires des France Loüis, des lieutenans, ou baillifs, comme on les nommoit alors, qu'il avoit envoyez dans le pays d'Albigeois. Nous avons, dit-il, appris avec étonnement, qu'ils oppriment les églifes & les perfonnes ecclefiaftiques, au lieu de les proteger. Ils chargent leurs fujets de tailles, de collectes & de courvées; & s'ils font quelque faute ils les puniffent arbitrairement, fans refpect pour les feigneurs. Ils faififfent les fiefs & les autres biens, pour contraindre les poffeffeurs à reconnoître leur jurifdiction. De plus ils s'attribuent les biens dont les églifes avoient été dépoüillées par les Albigeois ; & refusent d'observer les tranfactions ou les donations faites par le comte de Montfort, & de jurer la paix, fuivant les ftatuts du concile de Toulouse, c'est celui de 1229. Ils défendent par cri public plufieurs pratiques de pieté, comme d'offrir les premices & les décimes, ou faire des legs pieux. Ils chargent de calomnies les évêques de Beziers & d'Agde, retiennent les châteaux & les biens de leurs églifes; & les obligent à plaider en vôtre cour, contre l'ordre de droit & la coûtume des églifes de la province. Le pape ajoûte plufieurs autres griefs, & conclut en priant le roi d'envoyer un commiffaire autorisé pour terminer ces differens conjointement avec l'archevêque de Vienne legat du faint fiege. La lettre eft du fecond jour de Mai 1234.

L'archevêque de Vienne étoit Jean de Burnin re

AN.1234

Gail. Ch. to.

I.

G. de Pod.

Greg. lib.

76.77.ap.

commandable par fa science & fa vertu, qui tint ce fiege au moins trente-cinq ans. Le pape Gregoire lui donna la legation contre les Albigeois aprés en avoir 1. p. 804. déchargé l'évêque de Tournai; & manda aux arche- Laur. (. 43. vêques de Lyon & de Bourges, & aux autres évêques vs. p. 73. de France,auroi d'Arragon & au comte de Montfort 69. 70. 71. de l'aider dans l'exercice de fa legation. Le legat étoit Rain.n. 14. auffi chargé d'informer contre l'évêque d'Orange ac- vII. p. 463. cufé de plufieurs crimes; & d'examiner les circonftances de la mort de Raimond le vieux comte de Touloufe, pour favoir s'il avoit donné des fignes de penitence, & s'il meritoit la fepulture ecclefiaftique; mais Catel. Comp. cette information ne fut faite que treize ans aprés

en 1247.

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pape pour

VII. ep. 324.

p. 316.

G. Pod. Laug.

c. 43. Catel.

Or encore que l'archevêque eût receu du pape d'amples instructions, & qu'il fût malade de la fiévre com. p. 359, d'aller trouver le quarte, il ne laiffa pas l'inftruire plus particulierement de l'état de la province. Enfuite il fit plufieurs reglemens pour l'exercice de l'inquifition; entre-autres que ceux qui fe convertiroient fincerement & diroient la verité tant par raport à eux-mêmes qu'aux autres, obtiendroient des penitences moderées, fans craindre pour leurs perfonnes ou pour leurs biens, pourvû qu'ils évitaffent la recheute.

Pendant la legation de l'évêque de Tournai le pape avoit donné l'inquifition aux freres Prefcheurs, favoir à Pierre Cellan & à Guillaume Arnauld, qui ayant fait le procés à quelques heretiques de Touloufe s'y rendirent fi odieux, qu'ils furent contraints d'en fortir, & avec eux toute leur communauté & l'évêque même. Sous la legation de l'archevêque de Vienne;

comme les freres Prefcheurs s'étoient rendus trop AN.1234 terribles, on leur donna pour collegue dans l'inquifition un frere Mineur, afin de temperer leur feverité. On ajoûta par grace que les inquifiteurs iroient· fur les lieux entendre les habitans, pour leur ôter fujet de fe plaindre de vexations, fi on les faifoit venir à des lieux éloignez de leurs demeures. Aïant commencé de tenir cette conduite ils vinrent à Castelnau & y appellerent des lieux circonvoifins plufieurs perfonnes de l'un & de l'autre fexe; mais ceux-ci concerterent fi bien ensemble que les inquifiteurs ne purent en tirer prefque aucune lumiere? C'est pourquoi ils pafferent brufquement à Pui-Laurent, où les habitans n'aïant pas encore fait de complot parloient. affez franchement. Enfin il vint un refcrit de la cour de Rome, en vertu duquel l'inquifition demeura long-tems fufpenduë.

Concile d'Ar

les.

・to. XI. con c.

app. p. 2339. Gall. Chr.to.

I. p. 57.

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XLI. La même année 1234. le huitiéme de Juillet Jean Bauffan archevêque d'Arles tint un concile provincial. Il avoit été archidiacre de Marseille, puis évêque de Toulon, d'où en 1232. il fut transferé au siege d'Arles, & le tint vingt-cinq ans. En ce concile il publia vingt-quatre canons, la plûpart contre les heretiques en execution du concile de Latran de 1215. & de celui de Toulouse de 1229. Il eft ordonné aux évêques de prêcher frequemment la foi catholique par eux-mêmes & par d'autres. Les confrairies font défendues, fi elles ne le font par autorité de l'évêque, parce que fous ce nom on faifoit des confpirations contre la tranquillité publique. L'excommunié qui ne fatisfera pas dans un mois, païera pour chaque mois de retardement cinquante fous d'amende avant

67.

C. 13.

AN.1234.

C. 14.

que de recevoir l'abfolution: les évêques s'applique-
ront foigneufement à la correction des mœurs, prin-
cipalement du clergé, & mettront pour cet effet des
infpecteurs chacun dans fon diocese. Si les privilegiez
refusent d'obéir aux fentences & aux cenfures des
prélats, on refufera auffi de leur rendre justice. Parce 17.
que ceux qui favorifoient les heretiques faifoient des
legs à leur profit, le concile défend à qui que ce foit
de faire fon teftament finon en prefence de fon curé.
Voilà donc la raison de ce ftatut fi frequent dans les
conciles de ce temps-là.

C. 21.

XLII.

Mariage de

VII. ep. 41

16.

331.

Dés l'année precedente, Loüis roi de France avoit demandé en mariage Marguerite fille aînée de Rai- S. Louis. mond Berenger comte de Provence; & comme ils étoient parens au quatrième dégré, il envoïa demander dispense au pape, attendu l'utilité de ce mariage pour conferver en Provence la paix & la religion catholique. Le pape accorda la difpenfe par fabulle du ap. Rain. n. fecond jour de Janvier 1234. & le mariage fut celebré à Sens vers la fin du mois de Mai, le roi étant entré Gefta S. Lud. dans fa vingtiéme année. Ce fut l'archevêque Gau- Duchesne. p. tier qui leur donna la benediction nuptiale, & couronna la reine folemnellement. Quelque tems auparavant un religieux aïant oui dire fur de faux raports que le roi avoit des concubines, & que la reine Blanche fa mere ne l'ignoroit pas, le rapporta à cette princeffe avec étonnement, & par maniere de reprimende. Elle justifia humblement fon fils & elle, affurant que c'étoit une fauffeté, & ajoûta; Le roi mon fils eft la creature que j'aime le plus ; & toutefois s'il étoit malade à la mort, & qu'on me promît qu'il gueriroit en péchant une feule fois avec une femme, j'ai

vita S. Ľud,

c. 4.

d. p. 4466

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