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Frideric, premierement le dimanche des Rameaux, AN. 1259. puis le jeudi faint vingt quatriéme de Mars 1239. Elle étoit conçûë en ces termes :

ap. Rain. n.2. Matth. Parif.

P. 412.

De l'autorité du Pere, & du Fils & du S. Efprit, des Apôtres S. Pierre & S. Paul & de la nôtre, nous excommunions & anathematisons Frideric, foi difant empereur, pour avoir excité fedition à Rome contre l'église, à deffein de nous en chaffer nous & les ab. Stad. cardinaux, contre les prérogatives d'honneur & de dignité qui appartiennent au faint fiege, contre la liberté ecclefiaftique, & au préjudice du ferment qu'il a fait à l'églife. Item, pour avoir empêché par quelques-uns des fiens l'évêque de Palestrine legat du faint fiege de proceder en fa legation contre les Albigeois. Item, parce qu'il ne permet pas de remplir les fieges de quelques églifes cathedrales & autres vacantes dans le roïaume de Sicile: ce qui met en danger la liberté de l'églife & même la foi, parce qu'il n'y a perfonne qui propose la parole de Dieu & qui gouverne les ames. On voit ici les noms des églifes vacantes au nombre de vingt évêchez, entre autres Catane, Regio, Squillace, & deux Monafteres. Item parce que dans le même roïaume les clercs font pris, emprifonnez, profcrits & mis à mort. On y profane & on y détruit les églifes confacrées à Dieu. Frideric ne permet point de rétablir l'église de Sore.

Item, parce qu'il retient le neveu du roi de Tunis, qui venoit à l'église Romaine pour recevoir le baptême. Parce qu'il a pris, & retient en prison Pierre Sarafin noble citoïen Romain, qui venoit à Rome de part du roi d'Angleterre. Item, parce qu'il a envahi plufieurs terres de l'églife, entre-autres la Sarda.

la

A a iij

Gloff. inqui

fitio.

AN. 1239. gne. Il a auffi envahi & ravagé les terres de quelques nobles du roïaume de Sicile, que l'église tenoit en fa main. Il a dépoüillé de leurs biens quelques églifes cathedrales & quelques Monasteres, principalement par une injufte inquifition: on nommoit ainfi les imDu Cange. pofitions. Dans le même roïaume les Templiers & les Hofpitaliers dépouillez de leurs biens, n'ont pas été entierement rétablis, fuivant la teneur de la paix. On y contraint les prélats, les abbez de Cisteaux & LXXIX. n. 65. d'autres ordres de donner une certaine fomme par mois, pour la construction de nouveaux châteaux. Item contre la teneur du traité de paix ceux qui ont été du parti de l'église font dépouillez de tous leurs biens, & contraints d'aller en exil: leurs femmes & leurs enfans demeurant en captivité.

Sup. liv.

Enfin nous l'excommunions, parce qu'il empêche le fecours de la terre fainte, & le rétabliffement de l'empire de Romanie. Et nous declarons abfous de leur ferment tous ceux qui lui ont juré fidelité: leur défendant étroitement de l'obferver, tant qu'il demeurera excommunié. Quant aux vexations des nobles, des pauvres, des veuves & des orphelins, pour lefquels Frideric a autrefois juré d'obéir aux ordres de l'églife, nous prétendons l'admonester & proceder felon la juftice. Mais quant aux articles precedens pour lesquels il a été par nous admonesté fouvent & foigneufement & n'a tenu compte d'obéir, c'est pour ceux-là que nous l'excommunions. Au refte, parce qu'il est notablement diffamé prefque par tout le monde, tant à caufe de fes paroles que de fes actions, comme n'ayant pas de bons fentimens de la foi catholique: nous procederons fur ce fujet, Dieu aidant,

felon que l'ordre du droit le requiert.

AN.1239.

Mon. Pad.

L'empereur Frideric étoit à Padoue, où il paffa en grande joïe & grande magnificence la fête de Pâques, qui cette année 1239. fut le vingt-feptiéme de sign. R. Ital. Mars. Mais lorsqu'il receut la nouvelle de l'excom. lib. 18 p. 53. munication publiée contre lui par le pape, il en fut outré de colere, & écrivit aux Romains pour leur Petr. Vin. 1. faire de grands reproches de l'avoir fouffert, fans Matth. Parif. prendre la défense contre le pape. Il les exhorte à P. 415. reparer leur faute en le vengeant de l'injure qu'il a foufferte: autrement il les menace de leur ôter fes bonnes graces comme à des ingrats.

P. 7.

Par. p. 423. to. XI. conc. p.

337 Rain.

1239. n. 13.15.

Cependant le pape écrivit une lettre circulaire à tous les prélats de la chretienté, où il dit en fubftan- ap. Matth. ce. Tout le monde fait avec quel foin le faint fiege a protegé Frideric dés fon enfance pour lui conferver fon roïaume de Sicile, & comme enfuite il l'a élevé à la dignité imperiale. Mais fon ingratitude a été telle qu'aprés l'avoir averti plufieurs fois de fes fautes, nous avons été reduit malgré nous à le punir. Le pape raporte enfuite fes plaintes contre Frideric comme dans la bulle d'excommunication, & ajoûte: C'est pourquoi nous vous enjoignons de publier cette fentence tous les dimanches & les fêtes au fon des cloches, dans tous les lieux de vôtre jurifdiction. Cette lettre du pape eft datée du onzième d'Avril & adreffée aux legats, comme à Otton en Angleterre & aux ordinaires des lieux, comme à l'archevêque de Roüen & ses fuffragans. Elle fut auffi adreffée aux rois, aux ducs, aux comtes & aux principaux feigneurs, avec les changemens convenables fuivant la qualité des perfonnes.

AN.1239.

X X.

Frideric de fon côté écrivit aux rois & aux princes une lettre, où il reprend tous les fujets de plainApologie de tes qu'il prétendoit avoir contre Gregoire depuis le Petr. de yin. commencement de fon pontificat. Il étoit, dit-il, Matth. Parif. nôtre ami étant dans un moindre rang, mais fi-tôt

l'empereur.

1. ep. 21.

P. 451.

qu'il a été pape, oubliant tous les bienfaits dont les empereurs Chrétiens ont enrichi l'églife, il a exercé fa malignité contre nous. Car prenant occafion de ce que pour éviter le fcandale, nous nous étions obligez par ferment & fous peine d'excommunication de LXXIX. 2. 37. paffer à la terre fainte dans un certain terme:

Sup. liv.

il nous

à declaré excommunié, quoi que nous eussions été retenu par maladie, & a ajoûté plufieurs autres caufes de cette cenfure, pour lesquelles nous n'avons jamais été admoneftez. Nous avons toutefois humblement obéï à cette cenfure, à laquelle nous nous étions foûmis volontairement, & aïant recouvré la fanté nous avons demandé l'abfolution, nous preparant au voïage d'Outre-mer. Le pape nous l'a indignement refufée, & nous n'avons pas laiffé d'accomplir nôtre vœcu, croïant qu'il auroit plus d'égard au bien du fervice de J. C. qu'à contenter fa haine. Mais au contraire il nous a preparé toutes fortes d'obstacles en Syrie, jufques à faire écrire au sultan par fes legats de ne nous pas rendre les faints lieux dépendans de nôtre roïaume de Jerusalem: nous en gardons les lettres qui ont été interceptées. D'ailleurs pape eft entré à main armée dans nôtre roïaume de Sicile, fous prétexte que Renald fils du défunt LXXIX. 2. 43. duc de Spolete fe preparoit à entrer fur les terres de l'églife: ce qu'il faifoit à nôtre infçu, comme nous l'avons bien montré depuis en le puniffant. Cepen

Sup. liv.

le

pendant

dant que les generaux du pape publioient que nous avions été pris en Sicile.

A nôtre retour d'Outre-mer nous nous fom mes contentez de nous défendre fans nous vanger, & avons écouté volontiers les propofitions de paix mais le jour même de la reconciliation le pape nous a preffez inftamment de revenir en Italie fans armée, fous pretexte que ce feroit allarmer nos fidelles fujets, affurant qu'il nous applaniroit toutes les difficultez. Toutefois nous avons des preuves qu'il faifoit tout le contraire, par fes lettres & par fes nonces. En effet les rebelles fermerent de tous côtez les chemins à nôtre fils & aux seigneurs qui venoient d'Allemagne nous trouver : ce qui nous obligea de les renvoyer & de retourner dans le royaume de Sicile. Nous y goûtions quelque repos, quand le pape nous preffa de marcher contre les Romains, qui nous étoient fidelles & contre quelques rebelles de Tofcane: promettant de foûtenir avec nous les droits de l'empire. Cedant donc à fes inftances nous déclarâmes la guerre aux Romains qui affiegeoient alors Viterbe; & cependant il écrivoit fecretement à Rome que nous agiffions ainfi fans fa participation en haine des Romains. Alors une fedition arrivée en Sicile nous obligea d'aller à Meffine; & auffi-tôt le pape traita fans nous avec les Romains, ne confiderant pas que nous lui avions envoyé un grand fecours de troupes, demeurant nous mêmes defarmez entre les rebelles. Cependant la pureté de nos intentions & nôtre zele pour l'église ne nous permettoient pas encore de nous appercevoir de la mauvaife volonté du pape: en forte que nous laissions à fa discretion la fatisfac Tome XVII, B b

AN.1239

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