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voïa contre moi dans le roïaume. La feconde fois ils AN.1239. furent condamnez à en donner cinq cens, qui furent deftinez à aller Outre-mer, ce qui ne fut point execu té. Enfin je n'ai pû jamais terminer l'affaire par ce moïen. Telles étoient les répoffes de l'empereur aux plaintes du pape, qui ne les jugea pas fuffifantes, puifqu'il réitera les mêmes plaintes dans la bulle d'excommunication.octo

du

XXIII.

pape con

Mais quand il eut veu la lettre circulaire de FriAutre lettre deric adreffée à tous les princes, il en publia une de tre Frideric. fon côté adreffée auffi à tous les princes & à tous les ap.Rain. 1239 prélats, qui efttrés-longue & commence ainfi: Une Parif. p. 455. bête pleine de noms de blasfême s'eft élevée de la mer, to, x1. conc. p. & le tefte de la defcription de cette bête tirée de l'ApoApoc. XIII. I. calypfe. Cette bêre eft Frideric felon le pape Gre

n. 22. Matth.

340.

Sup. liv.

LXXIX. n. 37.

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pon

goire, & dans fa lettre il pretend détruire tour ce que ce prince avoit avancé contre lui, comme étant des menfonges & des calomnies. Il reprend tout ce qui s'eft paffé depuis le commencement de fon tificat. Le refus que Frideric fit de paffer à la terre fainte en 227. fous pretexte de fa maladie, que le pape traite toûjours de feinte, & il l'accufe indirecteAbid. n. 46. ment de la mort du Lantgrave de Turinge, difant qu'on publioit qu'il avoit été empoisonné. Le pape raporte enfuite le paffage de Frideric en Syrie, & fon traité honteux avec le fultan. Sur le reproche d'avoir empêché par fes legats que Frideric ne recouvrât le rolaume de Jerufalem, il fe contente de dire qu'un homme fenfé nelle pourra crbire.

Il paffe à l'invafion des terres de l'église en Italie par Rainald, & dit qu'il agiffoit en vertu d'une commiffion de Frideric fcellée en or, & qu'il étoit foûte

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nu par fon argent & par fes vaffaux. Que les fervi-
teurs de l'églife porterent la guerre dans le roïaume
de Sicile, pour en tarir la fource; & que les habitans
de ce roïaume obéiffant alors au S. Siege ne violoient
point leur ferment fait à Frideric: puifqu'ils en étoient
absous par l'excommunication prononcée contre lui.
Venant à la guerre de Lombardie il dit que l'évene-
ment a fait voir que Frideric auroit plus aisément
reduit cette province par la clemence, que par la ri-
gueur qu'il a emploïée contre des peuples déja trem-
blans pour leurs fautes;
leurs fautes; & qu'il ne devoit pas fomen-
ter leurs divifions en fe fervant des uns contre les

autres.

AN.1239.

Aprés que le pape a repeté ce qu'il avoit dit dans les lettres precedentes des loins que l'églife Romaine a pris de Frideric dés fon enfance, de fon ingratitude envers elle, & de l'oppreffion des églifes du roïaume de Sicile: il vient à la juftification de l'évêque de Conc. p. 346. Palestrine fon legat en Lombardie; & dit, qu'on n'a rien à reprocher à ce prélat, de ce qu'étant à Plaifance il a reconcilié les parens divifez entre eux, avec proteftation de ne rien faire contre les droits de l'empire. Quant à Gregoire de Montelongo, nous luj avons donné, dit le pape, la legation de Lombardie pour prévenir la guerre, voïant la mauvaise foi de Frideric: qui nous offroit toute forte de fatisfaction par l'archevêque de Palerme & fes autres ambaffadeurs, & en même tems s'emparoit par voye de fait dela Sardagne & des diocefes de Maffe & de Lune appartenans à l'églife.

Sur ce que Frideric l'accufoit d'être indigne du S. fiege. Nous confeffons dit-il, nôtre indignité & nô- p. 347. G

AN. 1239.

tre insuffisance : toutefois nous nous acquittons de no-
tre charge le mieux qu'il nous eft poffible, & quand
il eft neceffaire nous ufons de la plenitude de nôtre
puiffance pour accorder des difpenfes aux perfonnes
diftinguées. Mais Frideric qui voudroit ufurper mê-
me les fonctions des évêques & leur puiffance fpi-
rituelle, a fouvent effaïé d'ébranler la fermeté de l'é.
glife: en nous offrant des châteaux & des mariages
entre fes parens & les nôtres. Or fe voiant refufé
comme il eft notoire à toute notre cour, il emploïe
l'artifice groffier de nous imputer ce qu'il a fait lui-
même. Ceci regarde la propofition de mariage entre
la niece du pape & le fils naturel de l'empereur. Le
pape ajoûte: Dieu a permis que Frideric lui-même
découvre dans fa lettre le fonds de fes mauvais fenti-
mens: foûtenant hardiment qu'en qualité de vicaire
de J. C. nous n'avons pû l'excommunier. Il foûtient
donc que l'église n'a pas la puiffance de lier & délier
donnée par
N. S. à S. Pierre & à fes fucceffeurs: he
refie capitale d'où l'on peut conclure qu'il ne croit
pas mieux les autres articles de foi. Mais vous venez
de voir que Frideric dans fa lettre dit expreffement,
qu'il ne craint point la sentence de Gregoire, non
par mépris de l'autorité papale, mais à caufe de l'in-
dignité de la perfone, & pour qu'il ne refu-
fe pas le jugement de l'église, il demande la convo-
cation d'un concile.

montrer

Le pape ajoûte: Nous avons des preuves encore plus fortes contre fa foi. C'eft qu'il a dit, que le mon de entier avoit été trompé par trois impofteurs, JefusChrift, Moïse & Mahomet, mettant J. C. crucifié au-deffous des deux autres morts dans la gloire. Il a

de plus ofe dire qu'il n'y a que des infenfèz qui croïent que Dieu createur de tout ait pû naître d'une vierge qu'un homme ne peut être conçû que par l'union des deux fexe; & qu'on ne doit croire que ce qu'on peut montrer par la raifon naturelle. On pourra prouver en tems & lieu tous ces blasfêmes; & qu'il a combattu la foi en plufieurs autres manieres, tant par fes paroles que par les actions. La lettre finit en ordonnant aux évêques de la rendre publique. Elle eft datée du premier de Juillet & n'eft pas moins remplie d'injures que celle de l'empereur.

1239.

AN. 1239

ap. Rain.

n. 26.

Quant au blasfême touchant les trois impofteurs, Matth. Parif. Mathieu Paris le raporte, mais comme une calomnie imputée à Frideric par fes ennemis, dont fa reputation ne laissa pas d'être obfcurcie. Ils difoient auffi, ajoûte-t-il, qu'il avoit proferé des blasfêmes abominables & incroïables touchant l'euchariftie, & qu'il croïoit plus à la religion de Mahomet qu'à celle de J. C. enfin le bruit fe répandit parmi le peuple qu'il étoit depuis long-tems allié aux Sarrafins & les aimoit plus que les Chrétiens. Dieu fait fi les auteurs de ces mauvais difcours pechoient ou non. Ainfi parle Mathieu Paris. L'auteur de la vie de Gregoire IX. qui eft contemporain, dit en parlant de cette erreur de Frideric: Il l'a prife par le commerce avec les Grecs & les Arabes, qui lui promettoient la monarchie univerfelle par la connoiffance des aftres; & l'ont tellement infatué, qu'il fe croit un dieu fous l'apparence d'un homme, & dit hautement, qu'il eft venu 1 trois impofteurs pour feduire le genre humain. Il ajoûte qu'il doit détruire une quatrieme imposture obit

ap.Rain1139

AN.1239.

XXIV.

Petr. de vin.

1. epist. 31.

tolerée par les hommes fimples qui eft l'autorité du

pape.

30

Frideric ayant vû cette lettre ne demeura pas fans Réponse réponse. Il en fit écrire une adreffée aux cardinaux, où d'abord il établit l'allegorie des deux grands luminaires, pour fignifier le facerdoce & l'empire: ce qui fait voir que c'eftoit alors un principe convenu de part & d'autre. Enfuite il rend au pape injures pour injures, employant de même des figures tirées des livres facrez, c'eft dit-il le grand dragon qui feduit l'univers, l'Ante-Chrift, un autre Balaam & un prince de tenebres. Pour fe juftifier touchant les trois feducteurs, il fait fa profeffion de foi correcte & catholique fur la divinité de J. C. & le myftere de l'incarnattion: & parle de Moyfe & de Mahomet comme doit faire un Chrétien. Il reproche aux cardi naux de n'avoir pas retenu les emportemens du pape, qu'il attribuë à la jalousie de ses bons fuccés contre les Lombards. Il foûtient que le pape a perdu fa puiffance en perdant la vertu, il tient fes cenfures nulles & pour des injures dont il doit tirer vengeance même par le fer, fi les cardinaux ne ramenent le pape à la raison, & n'arrêtent le cours d'un procedé fi violent.

pc.

XXV.

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pour

La guerre étant ainfi declarée de part & d'autre, Ordonnances l'empereur Frideric fit publier au mois de Juin 1239. contre le pa- dans fon royaume de Sicile les articles fuivans. Les Ric. S. Germ. freres Prefcheurs & les Mineurs originaires des lieux rebelles de Lombardie ferent chaffez du royaume, & on fe gardera des autres, afin qu'ils ne faffent rien contre l'empereur. Il en fera de même des autres religieux. On levera fur les églises cathedrales un sub.

p. 1031.

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