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AN. 1239.

Henri. Il fut dés fa premiere jeuneffe chanoine d'Arras, puis l'archevêque le fit chanoine & prevôt de Reims. A l'occafion du different entre le roi & l'évêque de Beauvais Thomas fut chaffé de Reims, & n'y étoit pas encore rentré quand il fut pris & retenu en prison, on ne fait pourquoi, par trois Gentilshommes du païs, Nicolas de Rumigni & Collard fon fils & Hugues Grifondel. C'est pourquoi l'archevêque Henri tint un concile à S. Quentin au mois de 568. Marlot. Novembre où furent faits trois decrets: le

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pre

mier ordonne que les trois Gentilshommes feront admoneftez de mettre en liberté Thomas de Beaumez, & de fatisfaire à lui & aux églises dont il eft chanoine pour l'injure qu'ils lui ont faite. S'ils ne le font ils feront dénoncez excommuniez de l'autorité du pape, & par celle du prefent concile. S'ils foûtiennent l'excommunication pendant quinze jours, les terres qu'ils ont dans la province de Reims feront en interdit, jufques à ce qu'ils aïent rendu le prevôt Thomas & reparé les dommages. Quinze jours aprés la publication de l'interdit, les enfans de ces gentilshommes ne feront admis à aucun benefice dans la province de Reims pendant vingt ans. Si ces moïens ne fuffifent, on implorera le fecours des feigneurs temporels dont leurs biens relevent; & fi ces feigneurs dans le terme qui leur fera prescrit ne font pas leur devoir pour contraindre les trois gentilshommes de recourir à l'églife, ils feront excommuniez & leurs terres mifes en interdit. Enfin nous fupplions, dit le concile, le fouverain feigneur temporel, c'eft-à-dire le roi, d'interpofer fon autorité pour la délivrance du prévôt & la confervation du droit de l'églife. Je n'ai

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XXXI. Eglife d'Angleterre.

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point encore vû de cenfures ecclefiaftiques pouffées à ces deux dégrez. Le fecond decret eft general & étend les mêmes peines à tous ceux qui prendront un chanoine de quelqu'une des églises cathedrales de la province de Reims, & le troifiéme les étend jufques aux chanoines des collegiales. Tous trois font datez du lundi avant la S. André, c'est-à-dire du vingt-huitiéme de Novembre 1239.

Cette année le roi d'Angleterre Henri irrité de n'avoir pû faire élire Guillaume de Savoïe pour l'évêché Matth. Parif. de Vincheftre, fit caffer en cour de Rome les deux élections de Simon prieur de la cathedrale de Norvic pour évêque de la même église & de Raoul de Neuville évêque de Chichestre pour celle de Vincheftre. Le roi obtint ces caffations par Simon le Normand un de ses legistes, dont il avoit une grande troupe, dit Matthieu Paris, comme une meute de chiens, pour les découpler fur les électeurs des prélats. Il avoit chargé le même Simon de demander au pape un ordre pour le legat Otton de demeurer encore en Angleterre, nonobftant la permiffion de retourner à Rome qu'il avoit demandée & obtenue; mais le roi ne croïoit pas pouvoir vivre fans lui, & fauta de joïe quand il le vit demeurer fuivant le nouvel ordre du pape. Au contraire la noblesse fut indignée de cette conduite du

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roi.

Cependant Guillaume Rele fut élû évêque de Coventri par les moines, qui croïoient que fon élection feroit agréable au roi, & peu aprés étant auffi élû par les moines de Norvic, il préfera ce fiege à l'autre, trop voifin des Galois encore indomptables. Il fur donc facré évêque de Norvic la même année 1239.

par S. Edmond archevêque de Cantorberi dans l'égli fe de S. Paul de Londres, en prefence d'une grande multitude de prélats & de seigneurs.

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val. c. 132.

574.

D'un autre côté la prétention de Guillaume de Sa- 4eg. Aur. voïe fur l'évêché de Vincheftre s'évanoüit par fon 133. élection à l'évêché de Liege, qui étoit demeuré vacant Alberic. p. dés le fecond jour de Mai 1238. par le decés de Jean d'Eppe. On proceda à l'élection vers la S. Jean, & les voix furent divifées : une partie élut Otton prevôt de Maftrict, & l'autre élut Guillaume de Savoie élu de Valence frere de Thomas comte de Flandres. Ils allerent l'un & l'autre foûtenir leurs droits en cour de Rome; & l'élection étant examinée, le pape confirma celle de Guillaume en prefence de Conrad archevêque de Cologne fon metropolitain, mais malgré l'empereur Frideric qui protegedit Otton. On disoit Matth. Parif. que le pape vouloit donner à Guillaume le commandement de fon armée contre l'empereur, & il eft certain qu'il lui permit de garder l'administration de l'évêché de Valence, Guillaume demeura en Italie & fut sacré évêque de Liege par le pape Gregoire.

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Cependant Conrad fils de l'empereur vint à Liege, & mit Otton contre les regles dans la chaire épifcopale; mais quand il voulut lui faire prêter ferment par les bourgeois, ils répondirent, qu'ils le feroient volontiers à l'évêque que l'églife auroit receu canoniquement. Pendant ce fchifme qui dura prés d'un année les troupes des deux partis piloient l'évêché de Liege impunément. Enfin on apprit que Guillaume Matth. Paris. de Savoie étoit mort à Viterbe le jour de la Touf. p. 463. faints 1239. & avoit été enterré à Hautecombe abbaie de Cifteaux en Savoie. Le pape en fut fort affli

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XXXII

Le pape exci

te les princes

contre Fride

ric.

chejne.to. s.

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gé & la douleur du roi d'Angleterre alla jusques à déchirer fes habits & les jetter dans le feu. Alors les moines du chapitre de Vincheftre envoyez à Rome obtinrent du pape une bulle, portant qu'ils ne pourroient élire pour leur évêque aucun étranger odieux au roïaume , par quelque recommandation ou juffion que ce fût; mais qu'ils éliroient librement & canoniquement celui qu'ils croiroient le plus digne. De quoi le roi entra en une furieufe colere, comme s'il n'eût pû trouver d'Anglois capable de remplir ce fiege.

La même année le dix-neuvième de Juin nâquit à Londres un fils à ce Prince qu'il fit nommer Edouard. L'évêque de Carlile le catechifa, c'eft à-dire qu'il fit fur lui les exorcifmes, le legat Otton le baptifa quoiqu'il ne fût pas prêtre, & S. Edmond archevêque de Cantorberi le confirma. Il eft remarquable que l'on divisât les ceremonies du catecumenat, & que l'on donnât encore la confirmation tout de fuite. L'enfant eut neuf parains, trois évêques, Roger de Londres, Gautier de Carlile, Guillaume de Rele élû de Norvic: trois comtes & trois autres dont étoit Simon 'le Normand archidiacre de Norvic.

Cependant le pape envoïa en qualité de legat Jaques évêque de Paleftrine autrefois moine de Cifteaux pour publier par toute la France la fentence d'excom-G Nang Du- munication contre l'empereur Frideric. Il étoit porteur d'une lettre du pape Gregoire au roi S. Louis où aprés s'être étendu fur les louanges des rois de 366. Prem.lib. France, qu'il reconnoît avoir été de tout tems fermes Gath. p. 10. dans la foi & zelés protecteurs de l'église ; il ajoûte : C'est pourquoi nous recourons à vous avec une grande confiance pour vous découvrir les plaïes que Fri

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deric fait à l'églife, en s'ingerant aux divins myfteres dont il s'éloignoit comme un païen avant fa con-. damnation; & publiant contre nous des lettres remplies d'impoftures. ilrecommanda enfuite au roi le legat; & dit qu'il y a plus de merite à combattre Frideric ennemi de la foi, qu'à retirer la terre fainte d'entre les mains des infidelles. La lettre eft du vingtuniéme d'Octobre 1239. & le legat partit au même Ric. S. Germ. mois; mais craignant de tomber entre les mains de P. 1033. Frideric il fe déguifa en pelerin, & avec un feul com

pagnon qua.

il alla par terre jusques à Genes où il s'embar

IX. 2. 13.

Le pape écrivit auffi en Allemagne deux lettres Bullar. Greg. contre Frideric adreffées à Albert archidiacre de Paffau & à Philippe d'Affife fon nonce. Dans la premiere dattée du vingt-quatrième de Septembre, il fe plaint que quelques-uns donnent du fecours à Frideric contre Dieu & l'église Romaine; & que ce prince voulant à tort retenir l'empire, maltraite les feigneurs qui refusent de confentir à fes crimes, fans avoir égard à leurs privileges: il les emprifonne, les profcrit, les fait tuer en trahison & les expofe aux affaffins païens: chofe inouie d'un prince Chrétien. Il a v. fup. liv. chaffé du roïaume de Sicile, qui eft le patrimoine de LXXII. 2. 43. S. Pierre, quelques évêques, aprés les avoir dépoüillez de leurs biens ecclefiaftiques & autres. Il a profané des églises, dépouillé des pauvres, des veuves, des orfelins & des religieux; & en a même fait brûler un de l'ordre des freres Mineurs fans forme de procés. Au mépris de nôtre sentence d'excommunication, il a fait celebrer publiquement devant lui l'office divin; & dit que cette fentence ne doit point être obfervée; en

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