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verfité envoïa suivant l'ordre du Pape, furent Geofroi An. 1231. de Poitiers & Guillaume d'Auxerre, qui lui demanderent un reglement pour leur fervir de loi aprés leur rétablissement, & de preservatif contre de pareils inconveniens. Ils negotierent fi bien qu'ils obtinrent du pape Gregoire une bulle adreffée aux maîtres & aux écoliers de Paris, & datée du treiziéme d'Avril 1231. qui commence ainfi.

Paris la mere des sciences eft un autre Cariach-fepher la ville des lettres : c'eft le laboratoire où la fageffe met en œuvre les métaux tirez de ses mines: l'or & l'argent dont elle compofe les ornemens de l'églife, le fer dont elle fabrique ses armes. Venant au fujet, le pape donne ces reglemens. Le chancelier de l'église de Paris entrant en charge jurera devant l'évêque en presence de deux docteurs pour l'université, qu'il ne donnera la licence de regenter en theologie ou en decret qu'à des hommes dignes, fans acception de perfonnes ni de nations; & avant que de donner la licence il s'informera foigneufement des mœurs, de la doctrine & du talent de celui qui la demande. Les docteurs en theologie ou en decret,avant que de commencer leurs leçons jureront de rendre fidelle temoignage de ce que deffus. Le chancelier jurera d'examiner de même les phyficiens & les artistes. Nous vous donnons pouvoir, ajoûte-t-il, de faire des reglemens touchant la maniere & l'heure des leçons des bacheliers, la taxe des logemens, la correction des rebelles. Que fi on vous faifoit quelque infulte notable, & que dans quinze jours on ne vous donnât pas fatisfaction: il vous fera permis de fufpendre vos leçons, jusques à ce que vous l'aïez reçuë,

Tome XVII.

B

AN. 1231.

L'évêque de Paris en reprimant les defordres aura égard à l'honneur des écoliers: en forte que les fautes ne demeurent pas impunies, & qu'on ne prenne pas les innocens à l'occafion des coupables. Les écoliers ne feront point emprisonnez pour dettes, & l'évêque n'exigera point d'amande pour lever les cenfures. Le chancelier n'exigera rien non plus pour accorder la licence. Les vacances d'efté ne feront pas de plus d'un mois ; & pendant ces vacances les bacheliers pourront continuer leurs leçons. Nous défendons expreffement aux écoliers de marcher armez par la ville; & à l'univerfité de foûtenir ceux qui troublent la paix & l'étude. Ceux qui feignent d'être écoliers fans frequenter les écoles ni être attachez à aucun maître, ne jouïront point de la franchise des écoliers. Les maîtres és arts feront des leçons de Priscien, c'étoit pour la grammaire : mais ils ne se serviront point à Paris de ces livres de phyfique, qui ont été défendus pour caufe au concile provincial, jufques à ce qu'ils aient été examinez & purgez de tout foupçon d'erreur. C'est la physique d'Aristote défendue generalement par le reglement que fit en 1215. legat Robert de Courçon; & nous apprenons ici Sup.l.LXXVII. qu'il le fit en un concile. Or le pape adoucit par cette bulle la défense du legat.

n. 39. Launoi. Arift.

fort. c. 6.

It. ep. 25. ap.

le

Toutefois trois ans auparavant, le pape Gregoire avoit écrit aux profeffeurs de Paris, pour leur faire des reproches de ce que quelques-uns d'entre-eux enRain. 1128.. flez de vanité & introduifant une nouveauté profane, détournoient l'écriture fainte à la doctrine phyfique des philofophes, au lieu de l'expliquer fuivant la tradition des peres. Il leur ordonne de rejetter cette

29.

fcience mondaine, & d'enseigner la theologie dans fa pureté,fans alterer la parole de Dieu par les inventions des philofophes. La lettre eft du feptiéme de Juillet 1228. Conformément à cette défense le reglement de l'an 1231. continue ainfi : Les maîtres & les écoliers de theologie ne fe piqueront point d'être philofophes; & ne traiteront dans les écoles que les queftions qui peuvent être decidées par les livres theologiques, & par les traitez des peres. Il regle enfuite la difpofition des biens des écoliers decedez à Paris, fans avoir fait de teftament; & marque les précautions neceffaires pour les conserver & les rendre à leurs heritiers. S'il n'en paroît point, les biens feront emploïez en œuvres pies. Enfin le pape dispense les docteurs & les écoliers du ferment qu'ils avoient fait de ne point retourner à Paris.

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AN. 1231.

143.

En confequence de cette bulle il écrivit au jeune Du Boulai. P; roi Louis une lettre où il dit: Il importe à vôtre honneur & à votre falut, que les études foient rétablies à Paris comme auparavant, & que vous favorifiez l'execution de nôtre reglement. C'eft pourquoi nous vous prions de proteger les étudians à l'exemple de vos ancestres, & de faire observer le privilege qui leur a été accordé par le roi Philippe vôtre aïeul de glorieuse memoire. Ordonnez que les logemens foient taxez par deux docteurs & deux bourgeois :

afin

a

que les écoliers ne foient point contraints à les loüer trop cher. La lettre eft du quatorziéme d'Avril, p. 1454 & fut fuivie d'une autre, par laquelle le pape recommande au roiles deux docteurs Geofroi de Poitiers & Guillaume d'Auxerre; qui avoient follicité à Rome la cause de l'université; & craignoient qu'à leur

AN. 1231. retour à Paris on ne leur rendît de mauvais offices auprés du roi. Il y a une lettre semblable à la reine sa

IV.

Château

Gonthier.

Can. 1. 34.

*. 2. 12.

mere.

La même année 1231. Juhel de Maïenne archevêConcile de que de Tours, tint un concile provincial avec fes fuffragans à Château-Gonthier en Anjou. Nous en 0.11.p. 1.384. avons trente-fept canons, dont voici ceux que j'eftime les plus importans. Les mariages clandeftins fe-. ront declarez nuls; & pour les prevenir, il eft défendu de contracter par paroles de préfent, fans avoir auparavant publié les bans dans l'église fuivant la coûtume. Les archiprêtres, ni les doïens ruraux ne s'attribueront point jurifdiction pour les caufes de mariages; & les archidiacres, les archiprêtres ni les autres aïant jurisdiction, n'auront point d'officiaux hors la ville épiscopale, mais ils y feront leur charge en perfonne. On voit ici combien se multiplioient les tribunaux ecclefiaftiques;& par les fermens que l'on ordonne aux juges & aux avocats,il paroît que la cor55. 36. ruption étoit grande dans les jugemens. On défend aux laïques de ceder leurs actions à des clercs, pour les faire paffer à la jurifdiction ecclefiaftique.

C. 19.

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Les recteurs ou curez prefentez par les patrons feront ferment de n'avoir rien donné ni promis pour obtenir la cure; & aprés que l'évêque la leur aura conferée, ils feront encore ferment de lui obéir & de conferver les droits de l'églife. Le patron qui aura prefenté un ignorant perdra fon droit pour cette fois. On ne donnera une cure qu'à celui qui entend & parle la langue du lieu : cette regle regarde la baffe-Bretagne, où le peuple conserve encore sa langue particuliere. On ne pourvoira point à l'avenir

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dans une église cathedrale de chanoine pour la pre- AN. 1231. miere prébende vacante. Les clercs débauchez,principalement ceux que l'on nomme Goliards, c'étoit des bouffons, feront entierement rafez par ordre des prélats, enforte qu'il n'y paroiffe plus de tonfure clericale. Les croïfez convaincus d'homicide ou d'autre crime énorme feront dépouillez de la croix, & privez de leurs privileges par le juge ecclefiaftique. Il y a plufieurs canons contre le rélâchement qui s'intro- 27. 28. 29. duifoit chez les moines. On leur défend entre-autres d'être folitaires, c'est-à-dire de demeurer feuls dans les prieurez où la conventualité avoit ceffé.

c. 24. 25. 268

V.

S. Guillaume

29. Ful.

Br. to. 2. Po

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La province de Tours avoit alors un prélat d'une Pinchon. grande vertu, Guillaume Pinchon évêque de faint Visa ap. Sur. Brieu. Il étoit de noble race, & occupoit déja ce fie-Lobin. hift ge en 1223. Quoique bien fait de fa perfonne & d'une conversation fort agréable, il vêcut toûjours dans une grande pureté, & garda la virginité nonobstant deux dangereufes épreuves où il fe trouva expofé. Ses aumônes étoient abondantes, & dans une année de difette, aprés avoir donné tout fon blé, il emprunta encore celui des chanoines, afin de mettre les pauvres en état d'attendre la moiffon. Outre l'office canonial, il difoit tous les jours le pfautier, mortifioit fon corps, & couchoit souvent à terre, quoiqu'il eût un lit convenable à fa dignité.

que

Pendant la guerre entre les François & les Bretons, la ville de S. Brieu étant attaquée, le faint évêalloit par les rues confolant les habitans; & se jetta même fouvent au milieu des ennemis, pour arrêter le pillage au peril de fa vie. Si quelquefois prefpar fon clergé, il fe croïoit obligé à excommunier

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