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j'apelle efprit de chicane. Or les avocats & les praticiens en qui dominoit cet efprit étoient des clercs, ils étoient alors les feuls qui érudiaffent la jurifprudence civile ou canonique, comme la medecine & les autres sciences: il étoit bien défendu aux moines d'en faire profeffion publique, mais non pas aux clercs feculiers. Si la vanité feule & l'ambition de fe diftinguer fourniffoit aux philofophes & aux theologiens tant de mauvaises fubtilités pour difputer fans fin & ne fe confeffer jamais vaincus : combien l'avidité du gain y excitoit-elle plus puiffamment les avocats,& qu'étoit-ce qu'un tel clergé ? L'efprit de l'évangile n'eft que fincerité, candeur, charité, definterreffement des clercs fi depourvûs de ces vertus étoient bien éloignés de les enfeigner aux autres. Les évêques & les autres fuperieurs les mieux intentionés étant inf truits aux mêmes écoles n'en favoient pas affés pour remedier à ces maux : nous le voïons par leurs conftitutions, qui ne tendent la plûpart qu'à regler le détail de la procedure & pourvoir à des inconveniens particuliers fans aller à la fource du mal. Il falloit reprendre l'édifice par les fondemens en formant un nouveau clergé, choifi comme autrefois entre les plus parfaits du peuple, examiné par de longues épreuves & élevé au facré miniftere par la feule confideration du merite. Voïés ce que j'en ai dit au fecond difcours. Sans ces fages précautions les meilleures loix font méprifées & par confequent inutiles. Mais pour former un tel clergé il eut fallu que les évêques euffent renoncé à leurs interêts particuliers: qu'ils n'euffent pas defiré d'avancer leurs parens dans les dignités ecclefiaftiques; & qu'ils euffent eu la force de refifter aux princes, qui vouloient en pourvoir leurs enfans à la décharge des familles. Il eut fallu du moins connoître l'anciene difcipline, mais on n'étudioit plus les livres où l'on eût pû l'aprendre.

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n. 6.

XVIII.

Plan de meilleu

Etudions-les donc à prefent, nous qui les avons entre les mains: re montons aux Conftitutions apoftoliques, aux canons de Nicée & des autres premiers conciles : aux épiftres canoniques de S. Gregoire Thau- res études. maturge & de S. Bafile, aux lettres de S. Cyprien & des autres peres ? j'ai marqué dans l'histoire celles que j'ai crû les plus propres à nous inftruire de l'anciene difcipline. Et comme nous ne pouvons nous tranfporter hors de nôtre fiécle, ni changer l'ufage felon lequel nous vivons: étudions auffi les conftitutions modernes & les livres des canoniftes mais contentons-nous de les fuivre autant qu'il eft befoin pour nous conformer à l'état préfent des affaires : fans les admirer, & nous boucher les yeux pour ne pas voir leurs défauts, leur groffiereté, leur ignorance de l'antiquité, leurs mauvaises fubtilités, la baffeffe de leurs fentimens Souvenous nous toujours de la nobleffe & de la pureté des anciens canons, qui ne tendoient qu'à conferver les bones mœurs & à fortifier la pratique de l'évangile.

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On pourroit de même à proportion rétablir l'étude de la theologie, & l'ouvrage eft déja bien avancé. Les univerfités ont eu le malheur de commencer dans un temps où le goût des bones études étoit perdu; mais on l'a retrouvé peu à peu depuis plus de deux cens ans, comme vous verrés dans la fuite de l'histoire; & elles en ont profité. On a étudié cu

Rom. XII. 3.

Jo. IV. 23.
Ti. 11. 14,

rieufement les langues favantes, on a cultivé & perfectioné les langues vulgaires. On s'eft apliqué à l'histoire, à la critique, à la recherche des livres originaux en chaque genre, on en a fait des éditions correctes. Il ne reste qu'à profiter du bonheur de nôtre fiécle & mettre en œuvre la matiere fi bien préparée.

Or j'eftime que le meilleur moïen eft de garder dans l'étude la fobrieté que S. Paul nous recommande dans les fentimens, n'étudiant que ce que nous pouvons favoir, & commençant toûjours par le plus important. Lifons affiduëment l'Ecriture fainte, nous arrêtant au fens literal le plus fimple & le plus droit, foit pour les dogmes foit pour les mœurs. Retranchons toutes les queftions préliminaires de la theologie en general & de chaque traité en particulier: entrons d'abord en matiere, voïons quels textes de l'écriture nous obligent à croire la Trinité, l'Incarnation & les autres myfteres; & comment l'autorité de l'église a fixé le langage neceffaire pour exprimer ce que nous en croïons. Contentons nous de favoir ce que Dieu a fait, foit que nous le conoiffions par nôtre experience ou par fa revelation fans entrer dans les queftions dangereufes du poffible ou du convenable.

Quant à la morale il faut s'en tenir aux grands principes fi clairement propofés dans l'Ecriture, la charité, la fincerité, l'humilité, le defintereffement, la mortification des fens ; & fur tout le bien garder de croire que le chemin du ciel fe foit aplani avec le temps, & que le relâchement des derniers fiécles ait prefcrit contre l'évangile. J. C. eft venu au monde, non pour établir un culte exterieur & inftituer de nouvelles ceremonies: mais pour faire adorer fon Pere en efprit & en verité: pour se purifier un peuple agréable à Dieu & appliqué aux bones œuvres, Toute morale qui ne tend pas à former un tel peuple n'eft pas la fienne.

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AN.1230.

xv. epift. 80. 1230. n. 34.

ap. Rain.

ep. 83. ibid. m. 35.

Ind. rer. Ar

rag. to. 3.

Sup. l. LXXIX. n. 58.

chez lui chargé de dépouilles & de gloire, rendant graces à Dieu & à S. Jacques, que l'on difoit avoir apparu dans la bataille avec des guerriers vêtus de blanc combattant contre les infidelles. Alfonfe fe préparoit à continuer la guerre, mais allant en pelerinage à S. Jacques, il tomba malade en Galice à Villa-nueva de Lemos; & aïant receu de la main des évêques la penitence & le viatique, il mourut le vingt-cinquiéme de Septembre de l'ere 1268. l'an de J. C. 1230. aïant regné quarante-deux ans. Il fut enterré auprés de fon pere à Compostelle dans l'église S. Jacques. Son fils Ferdinand déja roi de Castille lui fucceda & réünit ainfi les deux roïaumes de Caftille & de Leon.

Le pape Gregoire IX. aïant appris les heureux fuccés des armes chrétiennes, écrivit aux croifez du roïaume de Leon, les exhortant à conferver & étendre leurs conquêtes, & leur promettant des indulgences. Il écrivit auffi à Gregoire archevêque de Compoftelle, lui donnant commiffion pour cette fois feulement d'établir des chanoines & d'ordonner des évêques aux deux anciennes citez de Merida & de Badajos: à la charge qu'à l'avenir l'élection de ces évêques appartiendroit au chapitre, fuivant le droit commun: la lettre eft du vingt-neuviéme d'Octobre. Merida eft Emerita tres-connue dans l'antiquité & metropole de la Lufitanie : pour Badajos on conjecture que c'est l'ancienne Pax Augusta.

Jaques roi d'Arragon âgé feulement de vingt-un Hifp.ill.p.75. an venoit de faire fur les Mores la conquête de l'ifle de Majorque. Etant parti de Tarraçone aprés le concile, il fe rendit à Lerida, où il receut la croix de la main du legat Jean d'Abbeville, & avec lui plusieurs

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