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AN. 1231.

le

envoïé des clercs qui parlerent pour
lui & pour
jufticier: mais le pape ne goûta point leurs raisons, &
l'archevêque obtint tout ce qu'il demanda. Car outre
la bonté de fa cause, il étoit diftingué par sa science
& fa vertu, merveilleufement éloquent & bien fait de
fa perfonne. Mais en revenant il mourut à trois jour-
nées en deça de Rome, le troifiéme jour d'Août 1231.
Ainfi tout ce qu'il avoit obtenu demeura fans effet.

Les moines de Cantorberi élûrent à fa place Raoul de Neuville évêque deChichestre & chancelier du roi, homme d'une integrité & d'une fermeté éprouvées. Ils le prefenterent au roi le vingt-quatrième de Septembre, & le roi à qui il étoit trés-agréable lui donna auffi-tôt l'inveftiture du temporel de l'archevêché. Les moines étant prêts d'aller àRome,pour faire confirmer l'élection, prierent Raoul de contribuer aux frais du voyage. Mais il tefufa de leur rien donner pour ce fu jet, craignant qu'il y eût de la fimonie ; & fe remet. tant à la providence pour devenir archevêque ou demeurer chancelier. Les moines étant arrivez à Ro me, le pape s'informa foigneusement du docteur Simon de Langton, quel étoit celui qu'ils avoient élû. Simon répondit, que c'étoit un courtisan ignorant & prompt à parler, & ce qui étoit le plus important; que s'il devenoit archevêque, il travailleroit suivant le defir du roi, à délivrer l'Angleterre du joug que le roi Jean lui avoit impofé, pour être fujette & tribue taire de l'église Romaine. Que Raoul poufferoit cette affaire au peril de fa vie, fondé fur les appellations que l'évêque Eftienne avoit interjettées devant l'autel de S. Paul de Londres, quand le roi Jean remit sa couronne entre les mains du legat. Le pape aïant

ouj

oui ce difcours caffa la poftulation, & renvoïa les AN. 1231moines avec permiffion d'élire un autre archevêque.

,

X I.

traitez en An

Matth. Par.

1231.

En ce tems on fit courir en Angleterre des lettres Romains malqui portoient: A tel évêque ou tel chapitre tous ceux gleterre. qui aiment mieux mourir que d'être opprimés par an. 12; 1. les Romains falut. Vous n'ignorez pas fans doute P.313. comment les Romains & leurs legats se sont comportez jufques à prefent avec les ecclefiaftiques d'Angleterre. Ils conferent à leurs gens comme il leur plaît les benefices du roïaume à vôtre trés-grand préjudice; & prononcent des fentences de fufpenfe contre vous & contre les autres collateurs, de peur que vous ne conferiez les benefices à perfonne du roïaume jufques à ce que cinq Romains aïent été pouvûs en chaque églife chacun d'un benefice de cent livres de revenu. Et enfuite: Nous vous défendons étroitement de prendre aucune part aux affaires des Romains: autrement fachez que vous ferez traitez comme eux, & que vos biens feront brûlez. Il y avoit une lettre pareille adreffée à ceux qui tenoient à ferme les benefices des Romains, & elle ordonnoit de ne leur en rien rendre à l'avenir, mais d'en tenir prêts les revenus pour les remettre à un certain jour entre les mains du procureur des conjurez: fous les mêmes peines d'être brûlez & traitez comme les Ro

mains.

En Allemagne fainte Elifabeth veuve du Lantgrave de Turinge mourut aprés une vie courte, mais trés-édifiante. Elle étoit fille d'André roi de Hongrie, & fut fiancée dés le berceau avec Loüis fils du Lantgrave à qui on l'envoïa à l'âge de quatre ans. On vit dés fon enfance l'inclination qu'elle avoit pour la verTome XVII.

D

XII. Sainte Elifa. beth de Hond

grie,

AN. 1231. tu, & aprés l'accompliffement de fon mariage, elle continua les exercices d'une haute pieté du confentement du jeune prince fon mari, qui étoit lui-même trés-vertueux. Il trouva bon qu'elle se mît fous la conduite d'un faint prêtre nommé Conrad prédicateur fameux, & qu'elle lui promît obéiffance : mais Conrad fe fervoit de cette autorité, principalement pour moderer le zele exceffif de la princeffe. Elle eut trois enfans, Herman qui fut depuis Lantgrave & deux filles, Sophie qui époufa le duc de Brabant, & une autre qui fut religieufe & abbeffe d'Aldembourg. Quand Elifabeth fe relevoit aprés fes couches, elle portoit elle-même fon enfant à l'église pour l'offrir à Dieu.

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Elle s'occupoit à filer de la laine pour faire des étofes qu'elle diftribuoit aux pauvres, principalement aux Freres Mineurs. Dans une famine qui furvint en Allemagne l'an 1225. elle fit donner aux pauvres tout le bled qu'on avoit recueilli dans fes terres ; & cela en l'abfence du Lantgrave qui étoit en Pouille auprés de l'empereur Frideric, & qui à fon retour approuva la conduite de la Princeffe, fans écouter les plaintes de fes intendans. Pour foulager les pauvres infirmes,qui ne pouvoient venir chercher l'aumône au château bâti fur une haute montagne: Elifabeth fit batir en bas un hôpital, où elle alloit les fervir de propres mains, & prenoit un foin particulier des enfans. Elle nourriffoit neuf cens pauvres tous les Sup. liv. jours. Aprés la mort du Lantgrave Louis arrivée,comHift Landgr. me j'ai déja dit, en Pouille l'an 1227. Henri fon frere fe mit en poffeffion de fes états au préjudice de Herman fils du défunt, qui n'étoit qu'un enfant de quatre

IXXIX. n. 36.

4.41.

$. 40.

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ans; & chaffa Elifabeth du Château de Vartberg fa AN. 1231,
refidence, dépouillée de tout; enforte qu'elle fut
obligée de se retirer à Lisenac qui est la ville voisi-
ne dans une miferable hôtellerie;parce que perfonne
n'ofoit la recevoir, de peur d'irriter le prince. Pour
furcroît d'accablement on lui envoya fes trois enfans,
& elle vêcut ainfi quelque tems dans une extrême pau-
vreté, mais avec une merveilleuse patience. L'abbesse
de Kitzingen au diocefe de Virfbourg, qui étoit fa
tante l'aïant appris, la retira chez elle, puis elle en
donna avis à l'évêque de Bamberg, dont Elisabeth
étoit aussi niéce, & ce prélat la fit venir dans sa ville,
où il l'entretint honorablement. Il voulut même la
marier la voïant si jeune, car elle étoit demeurée veu-
ve à vingt ans : mais elle le refufa constamment.

Cependant ceux qui avoient accompagné le Lant-
grave Louis en fon voyage raporterent fes os en Tu-
ringe, & l'un d'eux fit de tels reproches au Lantgrave
Henri de fon inhumanité envers Elifabeth fa belle
fœur, qu'il s'en repentit, la ramena au château de
Vartberg, & la traita depuis avec beaucoup de respect
& d'amitié. Mais l'année fuivante 1229. Elifabeth ne
pouvant fouffrir plus long-tems les honneurs qu'elle
recevoit dans ce château, pria Henri de lui rendre
sa dot & se retira à Marpourg auprés de Conrad son
directeur. Alors le pape Gregoire informé des ver-
tus de cette princeffe, lui écrivit pour la confoler &
l'encourager, la prenant fous la protection du faint
fiege, & la recommanda à Conrad. Ce faint prêtre la
traitoit avec la feverité convenable à une ame auffi
avancée dans la perfection: jufques à lui ôter deux
filles qui la fervoient, parce qu'elle les aimoit trop

C. 421

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AN. 1231.

Vita. c. 26.

13.6.

tendrement. Il moderoit fon amour pour la pauvreté, qui la portoit à aller mandier fon pain de porte en porte; & ne pouvant fixer ses aumônes, il fut reduit a lui défendre absolument de donner de l'argent, ne lui permettant de donner que du pain. Elle embraffa Bonav. Serm. la regle du tiers-ordre de S. François ; & vifitoit souVading. 1229. vent l'hôpital qu'elle avoit autrefois fait bâtir à Marpourg. Comme elle vivoit en cet état, arriva de Hongrie un comte envoïé par le roi fon pere, pour la prier d'y retourner, & y mener une vie plus convenable à fa naissance: mais elle ne fut point touchée de cette offre, & répondit qu'elle continueroit de fervir Dieu comme elle avoit commencé. Enfin elle mourut le Bullar. Greg. dix neuviéme. de Novembre 1231. âgée feulement de vingt-quatre ans, & fut canonisée par une bulle du premier de Juin 1235. qui ordonne de celebrer fa fête le jour de fa mort.

IX. 2. II.

Martyr R.
19. Νου.

XIII.
S. Heduige

logne,

25. Octob.

Heduige tante d'Elifabeth & ducheffe de Pologne, duch. de po- étoit auffi une princesse d'une vertu finguliere. Son Vita ap. Sur. pere étoit Berthold duc de Carinthie, marquis de Moravie & comte de Tirol: fa mere Agnés fille du comte de Rotlechs. Ils eurent huit enfans, quatre fils & quatre filles : deux des fils furent évêques, favoir Berthold patriarche d'Aquilée & Ekembert évê que de Bamberg: les deux autres Otton & Henri fuivirent la profeffion des armes, & fuccederent au pere dans fes états. Les filles furent Heduige, Agnés fi faSup. l.xxxiv. meufe par fon mariage avec Philippe Augufte roi de France, Gertrude reine de Hongrie mere de fainte Elifabeth: la quatriéme fut abbeffe de Lutzingen en Franconie de l'ordre de faint Benoît.

2.57.

Heduige fut mife dés fon enfance dans ce monaf..

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