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AN.1246

XLIII.

les Mores.

Boll. 30. Maj.

mule prescrite par les legats; & pour reparation il promit d'achever le monaftere Benifacien qu'il avoit commencé de bâtir dans les montagnes de Tortofe; & d'y mettre des moines de Cifteaux avec deux cens marcs d'argent de revenu. Il promit auffi d'achever l'hôpital qu'il avoit commencé prés de Valence & lui donner un revenu de fix cens marcs; enfin de fonder une chapellenie dans l'église cathedrale de Girone. A ces conditions le pape fit expedier le vingt-deuxiéme de Septembre une bulle portant pouvoir aux legats de donner au roi l'absolution › ce qui fut executé folemnellement à Lerida le dix-neuviéme d'Octobre.

a

Dés l'année precedente Ferdinand roi de Castille Jaën prife fur pouffant fes conquêtes fur les Mores affiegoit la ville Ch on. ap. de Jaen en Andaloufie, devant laquelle il demeura to. 18. p. 338. au plus fort de l'hiver, fouffrant la pluïe & le froid. Le roi de Grenade voyant qu'il ne pouvoit fecourir Jaën, vint trouver Ferdinand, fe foûmit à lui, lui baifa la main en figne d'obéiffance, & pour gage de fa fidelité lui remit la place affiegée à la mi-Avril 1246. Ferdinand y entra avec tout le clergé en proceffion; & marcha à la grande mosquée qu'il fit confacrer en église fous l'invocation de la fainte Vierge, par Goutier évêque de Cordoue, qui en cette guerre avoit 111. ep. 410 conduit des troupes avec l'approbation du pape. Cette églife fut la cathedrale de Jaën, où le roi établit un nouvel évêché, lui donnant des villes, des châteaux & des terres fuffifantes.Le premier évêque nommé Pierre n'y fut établi qu'en 12 49. aprés que l'érection du nouSanche roi de veau fiege eut été autorifée par le pape Innocent IV. Alfonfe fils du roi Ferdinand, qui avoit eu grande part au conquêtes de fon pere, fe plaignit au pape

ap. Rain. 1246 n. 48.

XLIV.

Portugal in

terdit par le

page.

le

Mariana.

Inn. lib.

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cur. 29. ap.

n. 68.

d'Alfonfe comte de Boulogne frere du roi de Portugal. Ce roi étoit Sanche II. furnommé Capel, hom- AN.1246 me foible & absolument gouverné par sa femme Mencia fille de Lopé de Haro feigneur de Bifcaïe. Elle x11. c. 4. lui faifoit suivre les confeils de quelques hommes de petite naiffance, avec lesquels elle disposoit des charges & des dignitez, des châtimens & des graces, fou vent à l'infçu du roi. Les grands en furent indignez, & Rain. 1245. quelques prélats porterent leurs plaintes au pape Gre- De Suppl. negoire IX. qui aprés plufieurs admonitions & une lon- gl. c. 2. in 6. gue attente, prononça interdit contre le royaume & excommunication contre le roi. Ces cenfures ayant été long-tems obfervées, le roi promit de reformer les abus dont on fe plaignoit, de reparer les dommages; & de fe conduire fuivant un reglement que pape lui donna, & pour l'execution duquel il nomma des commiffaires. Mais rien ne fut executé, & le roi Sanche ne fe conduifit pas mieux que devant. Les prélats & les feigneurs de Portugal porterent donc de nouveau leurs plaintes au pape Innocent IV. difant en substance: Le roi accable les églises & les Monafteres d'exactions intolerables: fa negligence eft telle à punir les crimes, que les biens tant ecclefiaf tiques que profanes font pillez impunémemt, & que l'on commet hardiment des incendies & des meurtres contre les clercs feculiers, les abbez & les moines. Les nobles & d'autres à leur exemple contractent des mariages dans les degrez défendus: ils méprifent l'excommunication & ne laiffent pas d'affifter au fervice divin & de recevoir les facremens: ils difputent temerairement des articles de foi, & prétendent expliquer les paffages de l'ancien & du nouveau testa

ment, non fans foupçon d'herefie. Les patrons de AN.1246 églises & des monafteres, & d'autres qui fe difent fauffement patrons, en donnent les biens à leurs bâtards, & logent dans les lieux reguliers, dans les cloîtres & les refectoires des perfones indignes, & jufques à leurs chevaux. On enleve impunément des femmes, même des religieuses: on fait souffrir de cruels tourmens à des laboureurs & à des marchans, pour en tirer de l'argent. Le roi laiffe déperir les châteaux & les terres de fon domaine; & fouffre que les Sarrafins de la frontiere empietent fur les terres des Chrétiens. Sur ces plaintes le pape Innocent écrivit encore une lettre d'avertiffement au roi de Portugal en datte du vingtiéme de Mars 1245. marquant qu'il a donné charge à l'évêque de Porto en Galice & à celui de Conimbre, & au prieur des freres Prescheurs du 11.p.439. ap. même lieu de lui rendre compte de fa conduite `au Rain. 1245 concile de Lion qui s'alloit tenir.

72. 6.

Le principal promoteur de ces plaintes étoit Alfonfe frere du roi de Portugal, comte de Boulogne fur mer par fa femme Mathilde & préfomptif heritier de la couronne, car le roi Sanche n'avoit point d'enfans. Il ne laissa pas de poursuivre auprés du pape la cassation du mariage du roi avec Mencia, pour caufe de parenté, le pape commit l'archevêque de Compos telle & l'évêque d'Aftorga pour en informer: mais cette poursuite fut fans effet. Ensuite Alfonse alla luimême à Lion & negocia fi bien avec le pape, qu'aprés le concile il fit expedier une bulle adreffée aux barons & à tous les peuples de Portugal: dans laquelle le pape aïant énoncé les plaintes portées au S. fiege 29. R. 3. 68. contre le roi Sanche, dit que voulant relever ce roïau

11. ep. 244. R. 2. 10.

DIT. ep. cur.

me tributaire de l'église Romaine par la bonne conduite d'un homme fage, il ordonne à tous les Portugais de recevoir le comte de Boulogne dans toutes les villes, châteaux & autres places du royaume où il se presentera: d'obéir en tout à fes ordres, lui donner fecours contre tous ceux qui lui voudront refifter; & lui remettre tous les revenus du royaume, fous peine d'y être contraints par cenfures ecclefiaftiques, fuivant le pouvoir qu'il en donne à l'archévêque de Brague & à l'évêque de Conimbre. En quoi, ajoûte le pape, nous ne prétendons point ôter le royaume au roi, ou à son fils legitime, s'il lui en vient : mais seulement pourvoir à fa confervation & à celle du royaume pendant fa vie. La bulle eft du vingt-quatriéme de Juillet 1245.

Il en arriva ce qu'on en devoit attendre naturellement, c'est à dire une guerre civile. Quelque méprisé que fût le roi Sanche, il ne laiffa pas de trouver quelques feigneurs qui lui furent fidelles; & Alfonfe ne put reduire à fon obéiffance plufieurs villes que par la force. Enfin il demeura maître du Portugal, & Sanche fut reduit à fe refugier à Tolede prés de Ferdinand roi de Caftille.

AN. 1245

Or entre les places que foûmit Alfonfe comte de Boulogne, il y en avoit que le roi Sanche avoit données à Alfonfe fils du roi Ferdinand; & ce fut le fujet de fa plainte au pape, qui lui répondit, Vous devez favoir qu'encore que le comte de Boulogne ait été commis à la garde du roïaume, pour en faire ceffer les abus intolerables qui s'y commettoient il n'a pas 1. p. 593. été de nôtre intention de déroger en rien au droit, 4. Rain. an. ou à la dignité du roi, s'il vient en état de gouverner

Y y iij.

1246. n. 42.

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lui-même. C'eft pourquoi nous écrivons au comte, s'il vous a fait quelque tort, ou fi à l'égard du roi il a excedé les bornes que nous lui avons prefcrites, de le reparer inceffamment. La lettre eft du vingtcinquiéme de Juin 1246. Toutefois le roi Sanche mourut dépouillé & exilé, & Alfonfe garda le royaume, & regna trente-trois ans.

En Angleterre le roi Henri tint un parlement à Londres le dimanche de la mi-Carême, qui cette année 1246. fut le dix-huitiéme de Mars. Le roi y reprefenta aux prélats & aux feigneurs, qu'il avoit envoyé des ambassadeurs au concile de Lion, qui lui avoient raporté plufieurs lettres du pape, portant moderation des entreprises de la cour de Rome, & plufieurs bel les promeffes, au préjudice defquelles le pape continuoit & augmentoit l'oppreffion de l'Eglife d'Angleterre: fur quoi il leur propofa fes griefs redigez en fept articles contenant ce qui fuit: Le pape non content du denier faint Pierre, exigè de tout le clergé d'Angleterre une groffe contribution & fait affeoir & lever des tailles generales, fans le confentement du roi. Il ne permet point aux patrons de prefenter aux églises vacantes, mais il les confere à des Romains, qui n'entendent point la langue du païs, & qui emportent l'argent hors du royaume. Dans les benefices poffedez par ces Italiens on neglige le foin des ames, le fervice divin, la prédication, l'hofpitalité & l'affiftance des pauvres, l'ornement & la reparation des bâtimens qui tombent en ruîne: un Italien fuccede à un autre Italien dans un même benefice, & les Anglois font tirez hors du royaume pour plaider. Le pape exige des pensions & excede le nombre des provi

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