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AN.1246

Vading. n. 8.

XLIX.
Evêque de
Maroc.
Sup. liv.

LXXX

Fading.1146.

afin que nous puiffions proceder ainfi que nous jugerons convenable felon Dieu. La lettre eft du vingt-uniéme de Juillet 1246.

L'autre commiffion eft du neuviéme de Novem bre, & le pape y parle ainfi : Nous avons appris que l'églife d'Odensée étant vacante, un tel qui en étoit prevôt fit entrer dans le chapitre une multitude de Laïques, & intimida tellement les moines qu'il fe fir élire évêque. Il contraignit de même par fes menaces l'archevêque de Lunden fon metropolitain de confirmer l'élection & de le facrer: quoiqu'il le connûz pour un concubinaire public, élû contre les canons, par la puiffance feculiere. Cet évêque continuë de garder fcandaleufement fa concubine; & comme il eft encore chargé de plufieurs autres crimes, il n'ofe reprendre fes diocefains: au contraire ils ne veulent ni entendre fes prédications, ni affister à sa messe. Nous vous ordonnons donc d'aller fur les lieux, de vous informer foigneufement fi le mal est aussi grand qu'on le publie, & nous en instruire par vos lettres. Ce pouvoir contre des évêques donné à un fimple frere Mineur eft digne de reflexion.

L'église de Maroc étoit vacante par le decés de frere Agnel du même ordre, que le pape Gregoire 1*** 2. 63. IX. en avoit ordonné évêque en 1237. Le pape Innocent lui donna pour fucceffeur un autre frere Mineur, . 9. 10. r. nommé frere Lopé Fernandez Daïn, qu'il recommanda aux fidelles du diocese, par fa bulle dattée de Lion le dernier d'Octobre 1246. En même tems il écrivit en fa faveur au roi de Maroc, qu'il louë de la protection qu'il donne aux Chrétiens qui font dans fes états & fait des fa vœux pour sa converfion à la foi. Le pape écrivit

de même au roi de Tunis & à ceux de Ceuta & de Bougie, à tous les fidelles des côtes maritimes d'Efpagne: aux évêques des mêmes côtes, à ceux de Baïone & de Marseille, aux archevêques de Narbonne & de Genes, au roi d'Arragon, au maître de l'ordre de S. Jacques enfin à tous les Chrétiens qui fe trouvoient en Afrique.

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Mais quelques années aprés l'évêque de Maroc étant venu à Lion se plaignit au pape, que le roi n'avoit pas donné aux Chrétiens fes fujets des places de sûreté comme le pape l'en avoit prié, pour les mettre à couvert des infultes de leurs ennemis: particulierement ceux qui portoient les armes pour fon fervice. Surquoi le pape écrivit au roi de Maroc lui reiterant Rain la même priere, & s'il n'y fatisfait pas, il le menace de rapeller de fon fervice les Chrétiens qui font dans fes terres & de défendre à d'autres d'y paffer. La lettre eft du feiziéme de Mars 1252. Mais quel droit avoit de donner ces ordres à des Chrétiens dont il n'étoit point le feigneur temporel

le

pape

n. 29.

L.

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Nouvelles

terre.

c. 25.

Le pape Innocent IV. aïant appris que le roi d'An gleterre s'oppofoit à fes exactions, entra en grande impofitions colere & refolut de mettre le royaume en interdit. fur l'AngleMais le cardinal Jean de Tolede Anglois de nation Matth. Parif. qui avoit été moine de Cifteaux, lui dit: Seigneur, p. 624. pour Dieu moderez-vous, & confiderez que le tems elt fâcheux. La terre fainte eft en grand peril, l'églife Grecque s'eft feparée de nous, Frideric, qui n'a point d'égal en puiflance entre les princes Chrétiens, nouseft oppofé. Nous fommes chaffez d'Italie, & comme en exil. La Hongrie & les païs voisins n'attendent que leur ruine entiere de la part des Tartares: l'Al

Z z iij

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lemagne eft agitée par fes guerres civiles: en Espagne on maltraite les évêques jufques à leur couper la langue, nous appauvriffons la France, & elle a confpiré contre nous: l'Angleterre fatiguée & épuisée par nos vexations, commence à parler & à fe plaindre, comme l'âneffe de Balaam accablée de coups, ainfi nous attirons tout le monde contre nous. Le pape ne fe rendoit pas à cette remontrance & vouloit punir l'Angleterre, quand les ambaffadeurs qui en etoient partis arriverent; & l'affurerent que les amis avoient adouci le roi, & qu'il en obtiendroit bien-tôt ce qu'il defiroit. Cette nouvelle réjouit le pape & ramena la serenité sur fon visage.

Reprenant donc courage, il manda aux prélats d'Angleterre, que tous les beneficiers refidens en leurs benefices lui païaffent le tiers de leur revenu & les non refidens la moitié, & il commit l'évêque de Londres pour l'exécution de ce mandement. Le prélat en affembla quelques autres, avec lefquels il devoit propofer l'ordre du pape dans S. Paul de Londres le lendemain de la S. André, c'eft-à-dire le premier jour de Decembre 1246. Mais toute l'affemblée s'oppofa à cette contribution par les raifons fuivantes. L'ufage des églises cathedrales eft que les chanoines refidens, qui font peu en quelques unes, entretiennent les moindres clercs & les autres miniftres de l'églife du revenu des benefices qu'ils ont en divers lieux: or fi on en retranche la moitié, le fervice de l'église manquera, les chanoines ne pouvant plus y fournir, ni refider eux mêmes dans les cathedrales, avec fi peu de revenu: car à peine leur refteroit-il le quart, déduction faite de frais de recolte & les autres charges. Les

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maisons religieufes d'Angleterre font fondées du revenu des Paroiffes, qui à peine leur fuffit: fi on le reduit à la moitié, la moitié des religieux feront obligez à fortir pour aller mandier, aller mandier, errant par le monde, au préjudice de leur observance & expofez à divers pechez. L'hospitalité & l'aumône, qui fe pratiquent p. 626. dans les monasteres & dans les paroiffes par les curez, cesseront necessairement, & par consequent l'amitié & la faveur du peuple qui en fentoient les effets. Le clergé trop pauvre pour foûtenir fes droits fera expofé à l'oppreffion.

Outre les pauvres dont le nombre eft infini, les ecclesiastiques font subsister leurs parens & leurs ferviteurs, qu'ils feront obligez de congedier; & qui n'étant pas accoûtumez à travailler chercherent à vivre de pillage au prejudice du repos public. La moitié du revenu des benefices ne doit être comptée qu'aprés la déduction des charges: favoir les pensions,les logemens des prélats, les reparations & les ornemens des églifes, les frais de culture. On a païé depuis peu au pape fix mille marcs d'argent pour le vingtiéme : à proportion la moitié montera à foixante mille marcs, & avec les deductions necessaires à quatre-vingt mille, à quoi tout le royaume d'Angleterre pourroit à peine fuffire; & tout cet argent fortiroit du royaume, au lieu qu'il y demeure étant dépensé par le clergé. Par ces raifons l'églife Anglicane s'opofoit à cette nouvelle exaction, appellant à J. C. même, & au concile qui fe tiendroit. un jour. Mais il ne fut pas besoin de poursuivre cet appel: car le roi envoya à l'assemblée de Londres un chevalier & un docteur, qui défendirent étroitement de fa part de confentir à cette contribution.

p. 596.

Additam. p.

1083.

La même année le pape Innocent canonifa folemAN. 1246 nellement S. Edme de Cantorberi le troifiéme dimanMatth. Parif. che de l'Avent feizième jour de Decembre: mais la bulle ne fut expediée que le onzième de Janvier de l'année fuivante 1247. Elle eft adreffée aux évêques & aux autres prélats, & contient un abregé de ses vertus & de fes miracles: le dimanche neuviéme de Juin fuivant le corps de S. Edme fut transferé dans l'église Hift. p. 618. conventuelle de Pontigni, en prefence du roi S: Louis, Nang Geta de la reine fa mere & d'une multitude innombrable de noblesse. Le roi donna aux Anglois une plus grande liberté qu'aux autres nations de vifiter fon tombeau.

Addit.p.1087.

P. 346.

LI.

Richard de

Vita ap. Boll.

Cependant Richard évêque de Chichestre disciple Vertus de s. de ce faint n'en étoit pas mieux traité du roi d'AnChicheftre. gleterre. Etant revenu aprés avoir été facré par le pape à Lion, il trouva que les officiers du roi avoient confumé tous les revenus de fon évêché, & que le roi avoit fait publier des défenfes de lui rien prêter. Il montra au roi les lettres du pape, portant ordre de te. 9. p. 280. le mettre en poffeffion, mais elles ne lui attirerent que l'indignation de ce prince. Il fe retira donc dans fon diocefe, pauvre & dénué de tout, fubfiftant par la charité de ceux qui vouloient bien le loger & le nourrir: mais il ne laiffoit pas de faire fes vifites, & d'adminiftrer les facremens felon qu'il en voïoit le befoin : Afin de ne pas paroître abandonner fon droit, il alloit quelquefois à la cour demander humblement la reftitution de son église: mais on le renvoïoit toûjours avec mépris & outrage. Et voïant un jour que le doïen & les chanoines de fon église en étoient afAligez, il leur dit d'un visage guai: Ne favez-vous pas

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