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velle, & demanda un peu de temps pour en déliberer avec fon chapitre. Mais le roi le lui refufa, fit faifir toutes les dépendances de l'évêché, & y mit garnifon. C'eft pourquoi l'évêque vous demande confeil & aide, coa

AN. 1233

Alors l'évêque de Beauvais fe retira avec fon confeil, & le confeil aïant déliberé fur fon affaire, con clut d'envoïer à Beauvais les trois évêques de Soiffons, de Laon & de Châlons, pour informer du droit de l'évêque, & des torts qu'il prétendoit avoir soufferts: ce qui fut executé. Enfuite les trois évêques firent le rapport de leur enquête la semaine de devant la Paffion, au concile qui fe tenoit à Laon ; & qui ordonna que l'on feroit encore au roi deux monitions, outre une premiere faite avant l'information; & pour cet effet furent députez trois autres êvêques, Anfelme de Laon, Geoffroi de Cambrai & Azon Marlot. to. d'Arras: qui firent au roi une fommation de rendre à l'évêque de Beauvais les habitans qu'il avoit fait prendre, & lui donner main-levée de fes regales. La monition eft dattée de Poiffi, le dimanche de la passion 1232. c'est-à-dire le vingt de Mars 1233. Le roi n'aïant point accordé la main-levée, Milon mit tout fon diocese en interdit, que les autres évêques étendirent fur toute la province.

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lib. 111. c. 30

Au commencement de Septembre la même année 1233. ils s'affemblerent à S. Quentin, & y réfolurent Marlot. to. 2. qu'ils iroient tous à Rome, fi l'archevêque de Reims p. 616. le jugeoit à propos, ou du moins ceux qu'il y envoieroit, pour conferver les libertez de leurs églifes. Les chapitres des cathedrales de la province se plaignitent des évêques, prétendant qu'ils n'avoient pû or

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AN. 1233.

donner l'interdit fans leur participation ; & le chapitrë de Laon fut remercié par le roi de n'avoir point gardé l'interdit. Sur ce fujet on tint un autre concile à S. Quentin le troifiéme dimanche de l'Avent de la même année, & on yappella les chapitres des cathedrales, afin qu'ils n'euffent point de prétexte d'en rejetter l'autorité. En ce concile l'interdit fut revoqué fur la remontrance de Simon d'Arci doïen d'Amiens; & on déclara en general, que les évêques ne pouvoient rien ordonner fans la participation de leurs chapitres. L'évêque de Beauvais fe plaignoit hautement de cette conclufion, dont il appella & alla à Rome pour fuivre fon appel. Le pape voulut accommoder l'affaire, & nomma pour médiateur entre le roi & l'évêque Pierre de Colmieu doïen de S. Omer: comme il marque dans fa lettre au roi du fixiéme d'AVIII. ep. 19. vril 1234. Mais Milon évêque de Beauvais mourut la même année le fixiéme de Septembre à Camarino en Italie; & quelques années aprés Robert de Creffonfart fon fucceffeur leva l'interdit & fit fa paix avec le roi.

ap.Rain.1234 4. 120

XVIII.

Suite des vio

les Rom. en

Angl.

an. 1232. p.

En Angleterre la conjuration formée contre les Romains, commença à éclater aux fêtes de Noël en Jences contre 1231. Un petit nombre de gens armez aïant la tête couverte pour n'être pas reconnus, vinrent piller les Matth. Parif. greniers de l'église de Vingam, appartenante à un Romain trés-riche. Son agent voyant la violence alla se plaindre au Vicomte, qui envoïa de fes officiers avec quelques chevaliers voifins. Ils trouverent que ces inconnus avoient vuidé les greniers pour la plus grande partie, & vendu le blé à bon marché à l'avantage de toute la province: ils en donnoient

314.

a

même

même volontiers aux pauvres qui en demandoient. AN. 1232. Comme les chevaliers les interrogeoient qui ils étoient, ils les tirerent à part, & leur montrerent des lettres du roi qui défendoient de les empêcher d'agir. Ces lettres étoient fauffes, mais les chevaliers, qui ne s'en appercevoient pas, les aïant vûës fe retirerent avec leur fuite. Ainfi en quinze jours ces inconnus vendirent tout & fe retirerent avec beaucoup d'argent. Cette violence étant venue à la connoiffance de Roger évêque de Londres, il affembla dix autres évêques, & le lendemain de fainte Scolastique, c'est-à-dire le onzième de Fevrier 1232. il excommunia à faint Paul de Londres tous les auteurs de cette violence, avec ceux qui avoient mal traité Cencio chanoine de Londres, & avec tous les conju

rez.

Ces violences recominencerent à Pâques, & s'étendirent prefque par toute l'Angleterre: on vendoit les blés des Romains à bon marché, & on faifoit de grandes largeffes aux pauvres. Les clercs Romains fe tenoient cachez dans des abbaïes, & n'ofoient même fe plaindre: aimant mieux perdre les biens que la vie. Les auteurs de la violence étoient environ quatre-vingts hommes & quelquefois moins,aïant pour chef Robert de Thinge jeune chevalier & de bonne famille, qui fe faifoit nommer Oüitham. Le pape aïant appris ces defordres peu de temps aprés, en fut extrêmement irrité ; & envoïa au roi d'Angleterre des. lettres piquantes, où il lui faifoit de grands reproches de fouffrir que des ecclefiaftiques fuffent ainfi pillez dans fon roïaume, fans avoir égard aux fermens de fon facre. Il lui ordonnoit donc fous peiTome XVII.

F

AN. 1232.

28.

ne d'excommunication & d'interdit, de faire informer de la violence, & d'en punir feverement les auteurs. Il donna commiffion à Pierre évêque de Vincheftre & à l'abbé de S. Edmond, d'en faire la recherche dans la partie meridionale d'Angleterre : & de dénoncer les coupables excommuniez, jusques à ce qu'ils vinffent à Rome fe faire abfoudre. Pour la partie feptentrionale il donna la même commission à l'archevêque d'Yorc, à l'évêque de Durham, & à Jean chanoine d'Yorc, mais Romain de naissance.

Dans une lettre à l'archevêque d'Yorc & aux autres évêques, il se plaint que l'on a foulé aux piés une ap. Rain.132. médaille, portant l'image de S. Pierre & de S. Paul, que l'on a déchiré fes bulles : qu'un de fes curfeurs ou huiffiers a été mis en pieces, & un autre laiffé demi mort. Il fe plaint que l'on n'a point dénoncé excommuniez ces voleurs & ces incendiaires publics, ni mis les églises en interdit: enfin il ordonne de les dénoncer folemnellement. La lettre eft du neuvième de Juin 1232. Il faut croire que le pape ne favoit pas en core ce qu'avoit fait l'évêque de Londres. Cependant on informa de la part tant du roi que du pape au fujet des violences commises : & l'on en trouva plufieurs coupables, comme auteurs ou comme compli ces: mêmes des évêques, des clercs du roi, des ar chidiacres & des doïens ; & d'ailleurs des chevaliers & grand nombre d'autres laïques. Le roi fit arrêter pour ce fujet des vicomtes avec leurs prevôts & leurs officiers: d'autres s'abfenterent. Le grand jufticier Hubert de Bourg fut trouvé coupable d'avoir donné à ces voleurs des lettres, tant au nom du roi qu'au fien,afin qu'on n'empêchât point leurs violences.Ro

Matth. Parif. p. 316.

bert de Thinge leur chef vint entre-autres devant le roi: déclarant que ce qu'il avoit fait étoit en haine des Romains, qui par une fraude manifefte s'efforçoient de le dépouiller d'un feul benefice qu'il avoit; & que plûtôt que de le perdre il avoit mieux aimé eftre excommunié injustement pour un temps. Les commiffaires du pape lui confeillerent d'aller à Rome reprefenter fon droit & fe faire abfoudre, & le roi lui donna des lettres de recommandation.

Dans le même temps, la semaine de la Pentecôte, qui cette année fut le trentiéme de mai, vint à Rome Jean, prieur de l'église de Cantorberi, que les moines avoient élû archevêque au lieu de l'évêque de Chichestre. Le pape le renvoïa à Jean Colomne & à quelques autres cardinaux, qui l'aïant foigneusement examiné pendant trois jours fur dix-neuf articles, déclarerent au pape qu'ils n'avoient point trouvé de caufe pour le refufer. Le pape toutefois le trouva trop vieux & trop fimple pour foûtenir une telle dignité; & lui aiant perfuadé d'y renoncer, il permit aux moines de proceder à une troifiéme élection,

AN. 1232.

p. 317

XIX.
Le pape chaf

Ric. S. Germ. an. 1231. Rain. n. 37

Cependant le pape Gregoire chaffé de Rome par les Romains toûjours rebelles, demeura fucceffivement fe de Rome. à Spolete, à Anagni & à Rieti, d'où le vingt-quatrième de Juillet il écrivit à l'empereur Frideric, le priant de venir promptement au fecours de l'églife fa 40. mere: c'eft-à-dire felon le ftile de ce temps-là, du pape & de fa fuite. L'empereur fomentoit fous-main La revolte des Romains, même par fes largeffes; & ne laiffoit pas de promettre au pape d'emploïer fes armes pour la protection de l'églife. Il envoïa même pour l'en afsurer l'archevêque de Messine, & Pierre

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