famedi aprés la faint André, c'est-à-dire le cinquié- AN.1248. me de Decembre 1248. Deux cardinaux y prefiderent, favoir Pierre évêque d'Albane & Huguès preftre du titre de fainte Sabine; & fuivant l'ordre du pape il s'y trouva quatre archevêques, de Narbone, de Vienne, d'Arles, d'Aix; & quinze évêques, de Beziers, d'Agde, d'Uzés, de Nifmes, de Lodeve, d'Agen, de Viviers, de Marseille, de Frejus, de Cavaillon, de Carpentras, d'Avignon, de Vaison, de Die & de Trois-châteaux. On y publia vingt-trois canons pour faire executer les anciens touchant la confervation de la foi, de la paix & de la liberté ecclesiastique ; & voici ce qui m'y paroift de plus remarquable: On renouvellera tous les trois ans le ferment de la paix, fuivant les statuts des conciles. On peut voir entre autres celui de Toulouse en 1229. Le concile de Valence con- n. tinuë: On ajoûtera maintenant à ce ferment de ne donner aucun secours à Frideric fchifmatique & perturbateur de la paix : & fi par hazard il venoit en ces provinces ou quelqu'un de fa part, persone ne le recevra ou ne lui obéira. Enfuite on renouvelle l'excommunication contre lui & fes fauteurs & contre ceux qui l'ont appellé ou l'apelleront; & on les declare infames & incapables de tout acte legitime. Sup. liv. LXXIX. 58. 6. 28. 433. Conc. Val.c 2. 6.22.23¢ Pour reprimer les parjures devenus tres frequens 6.6.7.8 on enjoint aux évêques de faire exactement observer les peines portées par les canons. Ceux qui n'executent pas les fentences des inquifiteurs feront traités comme fauteurs d'heretiques. Ceux qui quittent de leur autorité les croix qu'ils doivent . 15 AN.1248. 0.15. fur leurs habits comme ayant abjuré l'heporter refie, feront jugés comme heretiques. Nous avons appris, dit le concile, que quelques excommuniez font des ftatuts ou des ordonances contre ceux qui les excommunient ou qui dénoncent les excommunications; ce qui eft prefque heretique, étant fait au mépris des clefs de l'églife. C'est pourquoi nous ordonons que ceux qui auront fait de tels ftatuts foient excommuniez pour cela même, & que l'on ceffe l'office divin par tout où ils fe trouveront. Mais pouvoit-on efferer que la feconde cenfure feroit plus refpectée que la premiere? Ce concile défend aufli les conjurations & les confrairies, ce qui femble regarder la ligue faite l'anLXXXII... née precedente par les barons de France contre le clergé. #. 20. 48. Sup. liv. XI. S. Louis en Rain. an. n. Gefta Duchefne p. 347. Sup. liv. LXXVIII. n. 15. Cependant le roi faint Louis arrivant dans l'isle de Chipre y fut receu par Henri de Lufignan roi du pays, auquel le pape Innocent avoit auffi doné le roïaume de Jerufalem, le regardant comme vacant par la condamnation de Frideric & de Conrad fon fils, Louis par le confeil de fes barons & de ceux du roïaume de Chipre, réfolut de paffer l'hyver dans cette ifle, ne pouvant affez à temps aller en Egypte, parce que fes vaiffeaux & fes galeres, fes albaleftriers & le refte de fes gens n'étoient pas encore arrivés. Or il avoit réfolu de porter la guerre en Egypte, pour attaquer dans fon païs le fultan qui étoit maître de la terre fainte, comme on avoit fait trente ans auparavant. Le roi de Chipre avec prefque toute la nobleffe & les prélats de ce royaume fe croiferent; & le terme du départ pour tou te l'armée fut fixé à Pasque de l'année fuivante. Pendant le féjour en Chipre le roi termina plufieurs differens entre les feigneurs croifés, qu'il étoit toû jours difficile de contenir étant indépendants les uns des autres, & peu foûmis à leurs fouverains. L'archevêque Latin de Nicofie capitale de l'ifle avoit un differend avec les gentils hommes du païs pour lequel ils étoient prefque tous excommuniez: le legat Eude de Château-roux fe rendit mediateur entre les parties, les accommoda & fit abfoudre les gentils-hommes. L'archevêque Grec étoit banni de l'ifle depuis long-temps comme schifmarique & défobéiffant à l'archevêque Latin; mais il revint alors & fe foûmit avec les autres Grecs qui avoient efté excommuniez. Le legat leur dona l'abfolution, & ils abjurerent devant lui quelques er reurs. Il y avoit en Chipre des Sarrafins captifs, dont plufieurs demandoient inftamment le baptême, quoiqu'on les avertît expreffement qu'ils n'obtiendroient pas pour cela leur liberté. Le legat en catechifa cinquante-fept, c'eft-à-dire les fit catecumenes le jour de l'Epiphanie 6. de Janvier 149. & aprés en avoir baptifé trente de fa main, il alla à la proceffion des Grecs fur un certain fleuve, où en prefence du roi de France & du roi de Chipre, ils reconnurent qu'il n'y avoit qu'un Dieu, une foy & un baptême, & qu'ils faifoient cette ceremonie en memoire de ce qu'à pareil jour N. S. fut baptisé par S. Jean dans le Jourdain. Ils tremperent la croix dans l'eau en disant: Le pere eft lumiere, le Fils lumiere, le S. Efprit lumiere. Ils firent là des prieres AN.1249. pour le pape, mais ils n'en voulurent point faire pour l'empereur Vatace, parce que le pape l'avoit excommunié. C'est ce que raconte le legat lui-même dans une lettre au pape. To. 7. Spicil. p. 223. XII. Ambaffade S. Louis. p. 215. Duchefne, p. 348 Matth Additam. p. Il y dit auffi que le lundi aprés la fainte Luce, de Tarrarie à c'est-à-dire le quatorziéme de Decembre 1248. arriverent en Chipre des ambaffadeurs d'un roi des Tartares, quiétant venus à Nicofie, presenterent à faint Louis une lettre de leur maistre nommé Ercalthai écrite en langue Perfiene & en lettres Arabiques, où aprés un grand compliment du stile empoulé des Orientaux, il disoit: Je prie Dieu qu'il donne la victoire aux armées des rois de la Chrétienté & les faffe triompher des ennemis de la croix ; & enfuite: Nous voulons que tous les Chrétiens foient libres & en feureté dans leurs biens, que les églises ruïnées foient rebâties & qu'ils prient pour nous en repos: Kiocaï roi de la terre ordonne qu'il n'y ait point de difference dans la loi de Dieu entre le Latin, le Grec, l'Armenien, le Neftorien, le Jacobite & tous ceux qui adorent la croix : ils font tous un chés nous, &· nous vous prions de les favorifer tous également : La lettre portoit creance pour les deux ambassadeurs, David & Marc. Celui qui y eft nommé Kiocaï eft Caïouc-can, & Ercalthai ne parle que de part. P. 347. fa Quand cette lettre fut prefentée à faint Loüis il avoit auprés de lui un frere Prescheur, nommé André de Longjumeau, qui connoiffoit David le premier de ces ambaffadeurs pour l'avoir vû dans l'armée des Tartares, quand il y avoit efté avec les les autres de la part du pape. Le roi fit traduire AN.1249. p. 348. Spi en Latin par ce frere André la lettre du Tartare, & en envoya copie en France à la reine Blanche. Peu de temps auparavant le roi de Chypre & le comte de Joppé avoient prefenté à faint Louis cil. p. 217. une lettre du coneftable d'Armenie qui leur étoit adreffée. Elle étoit écrite pendant un voïage vers le can des Tartares, & le coneftable disoit : Il y a huit mois, que nous marchons jour & nuit, & on dit que nous ne fommes pas encore à mi-chemin du lieu où eft le can. Et enfuite parlant d'un païs qu'il nomme Tangath: C'eft de-là que les trois rois vinrent à Betlehem, & les gens de ce païs font Chrétiens. J'ai efté dans leurs églises & j'y ai vû Jesus-Chrift dépeint & les trois rois offrant leurs prefens. C'est par eux que le can & tous les fiens viennent de fe faire Chrétiens. Ils ont devant leurs portes des églifes & fonnent les cloches; ensorte que quiconque va voir le can eft obligé d'aller d'abord à l'église faluër Jefus Chrift foit qu'il foit Sarrafin ou Chrétien, foit qu'il le veuille ou non. Nous avons auffi trouvé plufieurs Chrétiens répandus dans l'Orient & plufieurs belles & anciennes églifes que les Turcs ont ruïnées : de quoi les Chrétiens vinrent se plaindre à l'ayeul du can d'à prefent. Il les receut avec grand honneur, leur donna la liberté & défendit de leur faire aucune peine: dequoi les Sarrafins receurent une grande confufion. Mais ces Chrétiens manquent de predicateurs pour les inftruire, ce qui eft un grand reproche contre ceux qui le devroient faire. Dans |