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naturelle qui leur manque, avec la bonne foi humaine fondement de tout commerce entre differentes nations, qui eft l'effet naturel de la droite raison. Quant au mariage,l'empêchement que produit la diverfité de religion n'eft pas invincible en certains cas finguliers où il s'agit de l'utilité publique & du bien même de la religion.

AN. 1259.

Bulle contre

ap. Rain.ne

22.

L'incontinence étoit devenue fi commune & fi LVI. publique dans le clergé que le pape Alexandre crut, les cleres con y devoir chercher quelque remede, & pour cet ef- cubinaires. fet il écrivit une lettre circulaire adreffée aux archevêques, & à leurs fuffragans, aux abbés & aux autres fuperieurs ecclesiastiques, où d'abord il leur reprefente fortement le compte terrible qu'ils rendront à Dieu des ames dont ils ont la conduite, puis il exagere le scandale que donnent les clercs quientretiennent publiquement des concubines au mépris des canons, & n'ont pas honte d'exercer avec des mains impures les fonctions facrées de leur miniftere. Il marque les reproches qu'ils s'attirent de part des heretiques, l'oppreffion de l'église par les feigneurs & les mépris des peuples. Il exhorte les prélats à faire cesser ce défordre, premierement par leur vie exemplaire, puis en procedant contre les coupables; & il déclare que leurs poursuites ne seront point retardées par l'appel, & que les lettres apoftoliques obtenues par les coupables au préjudice de ces pourfuites feront nulles. La lettre eft du treiziéme de Février 1259.

la

Nous en avons deux exemplaires, l'un adreffé à l'archevêque de Roüen,l'autre à celui de Salsbourg, Stero. 1260.p. par où l'on juge qu'elle fut auffi envoïée aux autres

283

AN.1259.

Gall. Chr. to.
I. p. 587.

LVII. 'Affaire de

provinces, & que ce défordre étoit general dans toute l'églife. L'archevêque de Roüen étoit Eudes Rigaut de l'ordre des freres Mineurs, qui avoit fuccedé à Eudes Clement en 1247.& tint ce fiege vingthuit ans. Cette lettre eft belle, mais de tels maux demandent des remedes plus fpecifiques que des exhortations quelque pathetiques qu'elles foient.

Tant de bulles déja données par le pape AlexanInniverfité. dre en faveur des freres Prefcheurs n'avoient pû vaincre la repugnance des docteurs de Paris à les recevoir; & ilen donna encore plusieurs à même fin pendant cette année 1259. La premiere dattée d'A348. Indi nagni le cinquième d'Avril eft adreffée à l'évêque de Paris, auquel le pape se plaint que quelques doVading.1259 cteurs font de la peine à certains religieux, parce

Duboulai.p.

gnanter ac

cep.

2.4.

qu'ils s'opposent au rappel de Guillaume de SaintAmour. Il ordonne à l'évêque d'affembler tous les docteurs & les écoliers, & de leur défendre fous peine d'excommunication d'en user ainfi, parce que ces religieux ne peuvent en confcience consentir au rétablissement d'un homme juftement con351. Multo damné, querelleur & obftiné dans fa défobéïssance. Enfuite le pape aïant appris que l'université de Paris entretenoit un grand commerce de lettres avec ce docteur : il enjoignit à l'évêque de le rompre fous peine d'excommunication de plein droit.

Duboul. p.

rum relat.

Vading. n. s.

Le recteur de l'univerfité, les Artistes & les docteurs des deux autres facultés de droit & de medecine prétendoient que tous ces ordres du pape ne regardoient que la faculté de theologie, puifque c'étoit la feule à laquelle les religieux prétendoient être admis. C'est pourquoi le pape écrivit à l'évêque

de

AN.1259.

Ex alto.

de Paris une troifiéme bulle, qui commence par de grandes loüanges de l'université; & qui enjoint à prélat d'ordonner aux Artistes & aux autres qui vading. n. 6. refufoient de recevoir dans leur focieté les freres Prefcheurs & les freres Mineurs de les y admettre dans quinze jours fous peine d'excommunication, dont ils ne pourront être abfous qu'en venant en perfonne se presenter au faint fiege. Le pape enjoint encore à l'évêque de faire publier cette bulle, où il approuve l'état de ces religieux & la pauvreté dont ils font profeffion; & de faire brûler publiquement le livre des perils des derniers temps & les autres libelles diffamatoires compofés contre les mêmes religieux en latin ou en françois, en prose ou en vers. Il ajoûte: Vous dénoncerez excommuniez Guillot bedeau des écoliers de la nation de Picardie, qui le dimanche des Rameaux dernier paffé, pendant que frere Thomas d'Aquin prêchoit, eut l'audace de publier en prefence du clergé & du peuple, un libelle diffamatoire contre les freres Pref cheurs; & vous ferez enforte qu'il foit chaffé pour toûjours de la ville de Paris. Cette bulle eft du vingt-fixiéme de Juin.

353.

Peu de jours aprés le pape en écrivit une à l'uni- Duboul. p. verfité, fur ce qu'elle lui demandoit le rappel de Rain.n. 27. Guillaume de Saint-Amour. Il lui reprefente que ce docteur ne s'eft point humilié, n'a point retracté fon livre condamné par le faint fiege, ni donné aucun figne de repentir, & fait efperer de le recevoir en grace quand il paroîtra converti. Ènfin le pape écrivit à faint Louis, le loüant de fa foûmiffion aux ordres du faint fiege & de la protection MM m m

Tome XVII.

AN. 1259.

Dubois. to. 2.

P. 372

p. 414.

LVIII.

College de
Sorbone.

Joinville. p.6.

Dubreuil.

Antiq. p. 617. Duboulai. p. 224.

Sup. liv.

XIV. n. 34.

qu'il donne aux hommes pacifiques, c'est-à-dire aux religieux mandians, contre ceux qui troublent l'école de Paris. Il prie le roi de prêter main-forte à l'évêque de Paris pour l'execution des bulles que je viens de rapporter.

Cet évêque de Paris étoit Renaud de Corbeil, qui tenoit le fiege depuis neuf ans. Guillaume d'Auvergne mourut le trentiéme de Mars l'an 1248. avant Pâques, c'est-à-dire 1249. & eut pour fucceffeur Gautier de Château-Thierri auparavant chancelier de l'église de Paris. Il ne tint le fiege qu'environ un an, & Renaud en prit poffeffion le dixiéme de Juillet 1250. étant porté folemnellement par quatre barons fuivant l'ancienne coûtume. Il fut évêque de Paris pendant dix-huit ans.

De fon temps fut fondé le college de Sorbone le plus fameux de l'université, ainsi nommé de fon fondateur Robert de Sorbone, qui avoit lui-même tiré ce nom du lieu de fa naiffance, fuivant l'usage du temps. Il fut premierement chanoine de Cambrai, puis de Paris, & clerc, c'est-à-dire chapelain du roi faint Louis, qui l'appella prés de fa perfonne fur la grande renommée de fa vertu, & le faifoit quelque fois manger à fa table. Il commença la fondation de fon college l'an 1250. lors que le roi ou plûtôt la reine Blanche en fon abfence lui donna pour cet effet une maison à Paris devant le palais des Thermes, c'eft le palais de l'empereur JuHen l'apoftat, dont on voit encore les reftes. Enfuite le roi donna à Robert de Sorbone toutes les maisons qu'il avoit au même lieu, en échange de quelques-unes que Robert avoit dans la ruë de la

Bretonnerie, & qu'à la priere du roi il avoit données aux religieux de fainte Croix. La lettre eft du mois de Février 1258. le college de Sorbone fut fondé pour de pauvres étudians en Theologie.

AN.12590

Dubois. pi

417.

Les religieux de fainte Croix font une congregation de chanoines reguliers inftituée vers le commencement du même fiecle par Thierri de Celles chanoine de Liege. Leur chef-lieu eft le mo- Chapeauv. nastere de Hui, fondé en 1234. par Jean d'Apia évê- 70. 2. p. 262que de Liege.

to.

Parif. to. s. 1

1006.

Nous avons trois écrits de Robert de Sorbone qui montrent plus de pieté que de doctrine, & dont le ftile eft extrêmement fimple, pour ne pas dire plat; mais celui de Guillaume de Saint-Amour & des autres auteurs du même temps n'eft guere plus relevé. L'avantage de ceux de Robert eft qu'ils font folides, de pratique, & tendant uniquement à l'utilité des ames. Ils regardent tous trois la pe- Bibl. Past nitence. Le premier eft intitulé: de la Confcience; le second, de la Confeffion; le troifiéme, le Chemin du paradis. Le premier femble être fait pour les écoliers; car il roule fur une comparaison perpetuelle de l'examen des étudians par le chancelier de l'univerfité avec le jugement de Dieu. Si quelqu'un, dit-il, s'étoit propofé d'enseigner à Paris à quelque prix que ce fût, parce que s'il étoit refusé il feroit perdu: il feroit fort curieux d'apprendre du chancelier ou de quelqu'un de son confeil fur quel livre il devroit être examiné, fuppofé qu'il ne pût être licencié fans examen ; car on en dispense quelquefois les grands. Or nous voulons tous aller en paradis & tous ceux qui y feront, feront docteurs

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