Imágenes de páginas
PDF
EPUB

entendre ce premier symbole. Les Grecs refifterent tant qu'ils purent, mais enfin on lut le symbole de Nicée tout au long, puis celui de CP.

Alors les nonces dirent: S'il eft vrai comme vous foûtenez, que vos faints ont défendu de rien ajoûter au fymbole de Nicée : qui est-ce qui a osé ajoûter ce que le fymbole de CP. contient de plus? Les Grecs craignant de répondre à cette queftion, s'efforçoient de détourner ailleurs la difpute: mais les nonces les prefferent d'autant plus vivement. Enfin aprés plufieurs confultations & plufieurs fuites, ils répondirent: Ce n'est pas une addition, c'eft une explication de la verité. Les nonces demanderent fi cette explication faisoit que le second symbole fût un autre que le premier. Les Grecs répondirent que non, & que cette explication ne faifoit ni addition, ni changement. Ainfi les nonces tirerent d'eux ce qu'ils prétendoient : pouvant dire de même que le Filioque n'eft ni une addition au symbole ni un changement, & n'ayant autre chofe à prouver, finon qu'il eft vrai au fond que le S. Efprit procede du Fils. Les Grecs continuerent de leur demander ce qu'ils avoient ajoûté au symbole ? Les nonces auroient pû répondre qu'ils n'avoient rien ajoûté, fuivant l'explication que les Grecs leur avoient donnée eux-mêmes : toutefois pour plus grande feureté ils leur firent cette question: Nous eft-il permis de croire ce qui eft de neceffité de foi? Les Grecs répondirent: Oui. Et ce qu'il nous eft permis de croire, nous est-il permis de l'écrire, de le chanter, de le prêcher? Ils en convinrent. Or, ajoûterent les nonces, c'est une verité de foi que le S. Efprit procede du fils. Prouvez-le, dirent les Grecs. Vos SS. le

AN.1234.

20.Janv.

AN.1234.

20. Fany.

cp. 1. p.9. E.

prouveront, dirent les nonces. Ecoutons S. Cyrille dans le premier difcours de l'adoration, où il dit : L'ef De ador. in fp. prit n'eft aucunement changeant: ou s'il est sujet au changement le défaut retombe fur la nature divine: puifqu'il eft du Pere & même du Fils, étant une effufion fubftantielle de l'un & de l'autre. Et dans la lettre à Neftorius qui commence ainfi : Puifque le Sauveur dit : Quoi que le S. Esprit ait son hypoftafe propre, & foit connu en lui-même en tant qu'il eft Ef-. conc. p. 405. prit & non pas Fils: toutefois il ne lui eft pas étranger. Car il eft nommé l'Esprit de verité, & J. C. eft la verité, & il vient de lui par effufion comme Dieu le

Conc. Eph.

par. I. c. 26. n. 10. to. 3.

D.

P. 1203. A.

[ocr errors]

Pere.

A ces paffages les Grecs répondirent, que l'effufion n'eft pas la proceffion: mais les nonces les refuterent Conc. Eph. par S.Cyrille même, qui dit dans l'expofition du fympar.3.c.45 bole de Nicée: Aprés avoir parlé de J. C. les bienheureux peres font auffi mention du S. Efprit, & ils difent qu'ils croient en lui comme au Pere & au Fils : car il leur eft confubftantiel, & en eft une effufion, to. 1. p. 102. c'eft-à-dire il en procede. Et S. Athanase à la fin de l'expofition du fymbole de Nicée: Le S. Efprit procedant du Pere eft toûjours entre les mains du Pere qui l'envoïe & du Fils qui le porte, & par lequel il remplit tout. Ces paffages difent clairement que le S. Efprit vient du Fils comme du Pere. Ainfi fe termina la conference du vendredi.

edit. 1698.

21. Fanv.

Le famedi vingt-uniéme les Grecs remirent la conference aprés le dîné, parce qu'ils ne jeûnent pas ce jour-là, & ils envoïerent querir les nonces par des officiers de l'empereur. Or les Grecs firent reflexion que le jour precedent les Nonces avoient cité plu

fieurs paffages des peres; aïant grande quantité de lïvres Grecs qu'ils avoient apportez de CP. c'eft pourquoi ils concerterent de les furprendre par de petites queftions & des difputes de mots. Ils firent donc paroître dans l'assemblée un de leurs philofophes, qui aprés un grand préambule s'adreffant aux nonces leur dit: Nous avons que vous êtes des hommes faints & favans, & que vous aimez la paix & la verité; or iln'y a point de catholique qui ait honte de confesser sa foi. Dites-nous donc par qui, quand, ou & pour quelle raifon vôtre Filioque a été ajoûté au fymbole ? Les nonces virent leur fineffe, & que ne croyant pas qu'ils puffent répondre à cette question, ils vouloient les confondre devant cette affemblée. Ils retorquerent donc la question contre les Grecs & leur dirent: Vous avez dit & fort bien, qu'un catholique doit confesser publiquement ce qu'il croit. Vous devez donc nous dire fi vous croïez que le S. Efprit ne procede pas du Fils. Ils répondirent: Nous ne croyons pas qu'il procede du Fils. Ce n'eft pas-là, dirent les nonces, ce que nous demandons: mais fi vous croyez & fi vous dites qu'il ne procede pas du Fils.

Les Grecs ne voulurent point l'avoüer précisement: mais ils presserent les nonces de répondre à leur question. Ceux-ci voyant qu'il étoit nuit ne croyoient pas devoir entamer une fi grande matiere: mais les Grecs prefferent, & firent allumer dans le palais des flambeaux de cire & des lampes. Les nonces ainfi preffez répondirent: Vôtre premiere queftion eft de favoir qui a fait cette addition? Nous disons que c'est J. C. Où ? Dans l'évangile, lorsqu'il a dit : Quand l'Efprit de verité fera venu il vous enfeignera toute

,

AN.1234

21. Fin.

Jo. XVI. 13,

AN.1234.

21. Janv.

XVI. 13.

verité? Pourquoi ? pour l'instruction des fideles & la confusion des heretiques qui devoient nier cet article: car quiconque ne le croit pas eft en voïe de perdition. Nous prouvons cette verité par l'évangile, par les épîtres de S. Paul, par les écrits de vos peres: par les nôtres, fi vous les voulez recevoir : comme S. Auguftin, S. Gregoire, S. Jerôme, S. Ambroise, S. Hilaire & plufieurs autres.

A ces mots les Grecs demeurerent en filence comme tous étonnez, & l'empereur dit en Grec : Calôs: c'est à-dire, Fort-bien. Et aprés avoir long-tems confulté avec fes favans, il dit aux nonces: Montrez-nous où il eft dit dans l'évangile que le S. Efprit procede du Fils. Un d'eux lut ce paffage de S. Jean: Quand l'Efprit de verité.fera venu il vous enseignera toute verité; & il ajoûta: En disant l'Efprit de verité,il dit que le S. Efprit procede de la verité; & c'eft ce que nous voulons prouver. Les Grecs firent entrer un de leurs philofophes pour répondre, & les nonces lui demanderent: L'efprit en ce paffage pour quel efprit fe prendil? Il répondit: Pour le S. Elprit. Et la verité fe prendelle ici pour J. C. ou non? Il répondit: La verité eft de plufieurs fortes, l'une des propofitions complexes, l'autre des incomplexes: puis étant preffé, il dit qu'en ce paffage la verité ne fignifioit pas J. C. mais la verité créée. Enfuite il fut obligé de s'en dédire & d'avouer que le S. Efprit eft l'efprit de J. C. Les nonces demanderent pourquoi il eft nommé l'efprit du Fils de Dieu ? Les Grecs aïant consulté répondirent: Parce qu'il eft de même substance que le Fils. Donc, reprirent les nonces le > pere fubftantiel au Fils doit être auffi nommé l'efprit du

étant con

Fils, ce qui eft faux. Alors ils fe feparerent, & il étoit prés de minuit.

AN.1234.

ferences.

Le dimanche les nonces s'occuperent à l'office di- 23-Jan XXI. vin; & le lundi de la feconde semaine vingt-troifié- Suite des conme de Janvier ils vinrent le matin au palais: où comme ils commençoient à difputer contre les philofophes des Grecs, l'empereur leur di par maniere de reproche: Vous devriez montrer fimplement la verité de cette question, fans philofophie & fans fyllogifmes: cette maniere de difputer ne produit que des conteftations & des querelles. Les nonces répondirent: Un ferviteur de Dieu, comme dit S. Paul, ne 2. Tim.11.24; doit point quereller: auffi aimons-nous beaucoup mieux montrer la verité fimplement : mais nous pouvons dire avec le même apôtre que c'eft vous qui nous. avez contraints de n'être pas fages, en nous réduisant par vos réponses à nous écarter de nôtre fimplicité. Nous demandâmes hier à vos philofophes pourquoi le S. Efprit eft nommé l'efprit du Fils de toute éternité. Il femble qu'on ne peut en donner que trois raifons: ou parce qu'il eft de même fubftance, comme répondit vôtre docteur: ou parce que le Fils envoye le S. Efprit dans les creatures, ou parce que le S. Efprit procede de lui. Nous avons refuté la premiere raison: nous détruifons la feconde, en difant que le S. Efprit eft l'efprit du Fils de toute éternité, & toutefois le Fils ne l'a pas envoie de toute éternité dans les creatures. Reste donc la troifiéme, qu'il est nommé l'efprit du Fils, parce qu'il procede de lui.

Les Grecs ayant oui cette raifon, demanderent qu'on la leur donnât par écrit ; & les nonces l'aïant d'abord donnée en latin, ils demanderent qu'on Tome XVII.

K

2. Cor. XII.

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »