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24. Janv.

AN.1234. leur traduisît en grec: ce qui fut fait. Enfuite ils demanderent le tems d'en déliberer, & on leur accorda le jour même lundi & le mardi. Le mardi au foir on manda les nonces pour venir chez le patriarche ̧ où ils trouverent fon clergé affemblé ; & il fit apporter un long écrit, contenant, disoit-il, la réponse à leur opinion. Les nonces en aïant oüi la lecture y trouverent plufieurs fauffetez, & plufieurs puerilitez ridicules. Ils délibererent s'ils le recevroient, & s'y réfolurent, plûtôt pour la confufion des Grecs, que pour leur propre confolation. Mais les Grecs confiderant que les nonces faifoient peu de cas de leur écrit, leur dirent: Retirez-vous avec la grace de Dieu, & nous vous envoïerons incontinent cet écrit. Aprés qu'ils furent partis les Grecs réfolurent de compofer un nouvel écrit, où ils changerent la plus grande partie de ce qui étoit dans le premier, & y ajoûterent plu fieurs propofitions nouvelles. Ils y emploïerent tant de tems, qu'ils l'envoïerent aux nonces lorfqu'ils al loient fe mettre au lit, c'eft pourquoi ils remirent au lendemain à le traduire.

Le mercredi aprés la meffe & l'office, ils s'appliquerent à cette traduction de grec en latin. Cependant le patriarche envoïa s'excufer d'affifter ce jour là à la conference, parce qu'il étoit fort indifpofé: mais aprés leur repas l'empereur les manda, & on s'affembla chez le patriarche. Les Grecs demanderent d'abord aux nonces s'ils avoient vû leur écrit. A quof ils répondirent, que la traduction n'étoit pas encore écrite, comme il étoit vrai: toutefois pour ne pas perdre de tems, ils dirent: Qu'on life l'écrit devant nous, & nous y répondrons. Un des philosophes

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fe leva & commença à lire l'écrit qui étoit long & plein de fyllogifmes & de termes de dialectique contre la défense de l'empereur. Ils vouloient examiner à la rigueur felon les regles de cet art, ce que les nonces avoient avancé fimplement & fans raisonner en forme.

25.Janv.

par. . c. 26.

Les nonces répondirent donc fortement à cet écrit, & l'empereur voïant la peine qu'avoient les fiens à le défendre, dit : Laiffons cet écrit qui ne produit que des disputes : avançons, & montrez par les peres la verité de ce que vous foûtenez. Alors un des nonces bien inftruit dans les livres des Grecs, ouvrit S. Cyrille & lut le neuviéme de fes anathêmes, où il condamne, quiconque dit que J. C. a receu du S. Efprit Cone. Eph. une puiffance étrangere pour faire des miracles: au sup. liv. xxve lieu de dire qu'il les operoit par l'efprit qui lui étoit ”·22. propre. Et dans l'explication de cet anathême S. Cyrille dit, que le S. Efprit eft du verbe, & fubftantiellement en lui. Or, ajoûtoient les nonces, une perfonne divine ne peut être d'une autre que par generation ou par proceffion; le S. Esprit ne vient pas du fils par generation, c'eft donc par proceffion. Les Grecs chicanerent encore un peu fur cette preuve, puis on fe

retira.

n.

Question de

differée.

26.Janv.

Le jeudi vingt-fix les nonces declarerent qu'ils ne xxxII. vouloient plus difputer fur l'article du S. Efprit. Car, l'Euchariftie difoient-ils, fi vous ne voulez pas acquiefcer à la verité manifefte, que pouvons-nous vous propofer de plus? Or l'empereur doit partir demain de cette ville, & nous voulons parler en fa prefence de la feconde caufe de vôtre feparation. Les Grecs confentirent donc, quoi qu'avec peine, qu'on traitât du Sacre

·AN.1234.

26.Janv.

ment de l'autel, & voulurent que les nonces commençaffent. Ils déclarerent qu'ils procederoient fimplement fans argumenter en forme, de quoi les Grecs témoignerent être fort contens. Toutefois ils voulurent détourner la dispute à d'autres questions sur l'azyme & le pain levé, & confumerent le tems en discours frivoles jufques à l'heure du dîner. Enfin le patriarche dit: Montrez-nous comment & en quelle matiere vous confacrez & nous vous répondrons. Ils le firent & le patriarche demandatréve jusques aprés le repas.

Ils s'affemblerent donc encore l'aprés-dînée & le patriarche dit: Nous avons nos freres le patriarche de Jerufalem, celui d'Alexandrie & celui d'Antioche, fans le confeil defquels il ne nous eft pas permis de répondre à vos propofitions. Nous convoquerons un concile pour la mi-Mars: nous vous prions d'y affifter ; & vous entendrez ce qu'on vous répondra fur ce que vous nous avez propofé. Les nonces répondirent: Nous vous avons affez déclaré que le pape nôtre maître ne nous a envoyez ni à un concile, ni à aucun autre patriarche qu'à vous. C'eft pourquoi nous ne voulons en rien exceder fes ordres au préjudice de fa fainteté ou de l'église Romaine. Nous vous confeillons toutefois d'affembler vos freres & de prendre avec eux promptement un bon confeil pour la paix & la reformation de l'église. Vous nous écrirez donc à CP. où nous comptons de demeurer jufques à la miMars comme vous demandez ; & nous attendrons vôtre réponse, afin d'avoir quelque chose de certain à mander au pape fur cette affaire. Et Dieu veüille, que nous en donnions des nouvelles qui foient à fa

a

gloire & à la joïe commune de l'une & de l'autre églife. Aïant ainfi parlé ils fe retirerent.

AN.1234

Le vendredi vingt-feptiéme de Janvier après avoir 27.Janv. dit la Meffe ils allerent au palais prendre congé de l'empereur qui alloit partir, & ils trouverent le patriarche avec lui. L'empereur commença à conferer avec les nonces de la forme en laquelle le patriarche & l'églife Grecque pourroit fe reconcilier avec l'églife Romaine. Ils dirent: Ceferoit en croïant & enfeignant ce qu'elle croit: mais nous eftimons qu'elle n'infifteroit pas beaucoup à obliger les Grecs de le chamer. Il faudroit encore que l'églife Grecque obéit à la Romaine comme avant le fchifme. L'empereur ajoûta: Si le patriarche veut obéir à l'église Romaine le pape lui rendra-t-il fon droit ? C'est-à-dire apparemment la poffeffion de l'église de CP. alors occupée par les Latins. Les nonces répondirent: Si le patriarche rend à fa mere l'obéïffance & tout ce qu'il lui doit, nous croïons qu'il trouvera plus de grace qu'il ne penfe devant le pape & toute l'église Romaine. Enfuite aïant pris congé ils partirent de Nicée & revinrent à CP.

archevêque

ri.

Matth. Par

En Angleterre le fiege de Cartorberi étoit toûjours vacant. Le pape aïant rejetté les deux élections de S. Edmond l'évêque de Chichestre & du prieur Jean, les moi- de Cantorbenes élûrent en troifiéme lieu Jean le Blond theolo- sup. n. 9. 15, gien d'Oxford: mais cette élection fut encore caffée. Godoin. Car on publia à Rome qu'il avoit receu de Pierre, évêque de Vincheftre un present de mille marcs d'argent, outre mille autres marcs que cet évêque lui avoit prêtez pour fervir à fa promotion. L'évêque avoit auffi écrit à l'empereur pour folliciter auprés

p. 325.

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16. Novemb.

6. 1. 2.

du pape la promotion de Jean le Blond: ce qui fit dire au pape qu'il fupplioit l'épée à la main, & le rendit fufpect de brigue & de fimonie. De plus il avoit confeffé étant à Rome, qu'il poffedoit fans difpenfe deux benefices à charge d'ames contre la difpofition du concile de Latran : il eft vrai qu'on disoit pour fa défenfe qu'il les poffedoit avant le concile. Ces trois élections aïant donc été caffées, le pape voulut finir la longue vacance du fiege de Cantorberi, qui duroit depuis plus de deux ans;& accorda aux moines qui étoient venus avec le Blond, la faculté d'élire pour archevêque le docteur Edmond chanoine & treforier de Sarisberi; & lui envoïa même le pallium, afin qu'il entrât plûtôt en exercice de fes fonctions. Mais les moines réfolurent de ne le recevoir ni lui ni autre, que du confentement de leur communauté.

Edmond étoit né à Abindon ou Abington prés d'OxVita ap. Sur. ford: fon étoit un marchand nommé Edouard pere Rich, fa mere fe nommoit Mabile, l'un & l'autre tresvertueux. Edouard fe retira du confentement de fa femme dans le monaftere d'Evesham, & elle prit foin de l'éducation de leurs enfans dont Edmond étoit l'aî né. Elle l'accoûtuma dés l'enfance à jeûner au pain &à l'eau les vendredis, & l'envoya étudier à Paris, elle lui donna deux cilices, pour en ufer deux ou trois fois la femaine: elle lui recommanda auffi de dire le pfautier tout entier les dimanches & les feftes avant que de manger. Par le confeil d'un prêtre il fit vœu de virginité devant une image de la fainte Vierge & l'obferva fidelement. Aïant réfolu de mettre fes fœurs en religion il s'adreffa à un monaftere,ou on refufa de les recevoir, finon pour une certaine fomme d'ar

c..6.

c. 7.

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