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en riant, qu'il la trouveroit peutêtre coquette, fi elle avouoit de bonne foy que ce qui la faifoit ainsi rêver, étoit un Amant qui luy plaifoit fort, & qu'il étoit à craindre qu'il ne l'emportât fur luy dans fon coeur. Ce fut le fujet d'une conversation affez enjouée; & quoiqu'elle luy tint encore d'autres fois le même langage, il eut d'autant moins fujet de s'en alarmer, que fa mere ayant arrêté le jour où l'on devoit faire le Contrat de mariage, elle n'y mit aucune oppofition. Ce jour arrivé, le Cavalier se rendit chez elle, & fut fort furpris de ne l'y point rencontrer. La mere luy dit avec des marques d'une inquietude extraordinaire, qu'elle ne fçavoir ce que fa fille étoit devenue, & qu'elle l'avoit inutilement envoyé chercher dans tous les lieux où elle

avoit fait quelque habitude. Le Cavalier défefperé de cette difgrace,mit des efpions partout en campagne; & non-feulement ce jour fe paffa fans qu'on en pût fçavoir des nouvelles, mais encore quinze autres, pendant lefquels on ne ceffa point de raisonner. La mere vouloit que quelqu'un de ceux qu'elle avoit bannis en fayeur du Cavalier, l'eût enlevée pour se vanger de l'un & de l'autre; & qu'il la fit fi bien obferver, qu'elle ne pût leur faire fçavoir en quel endroit on l'avoit conduite. Le Cavalier difoit au contraire, qu'elle avoit fuy volontairement, puifque fi quelqu'un l'avoit enlevée, cette violence auroit fait éclat, & ne seroit pas devenue fecrette. Il étoit toujours frappé de l'Amant dont elle l'avoit ménacé plus d'une fois de luy preferer, & fans fça

voir déterminément ce qu'il devoit croire, il étoit perfuadé, quoiqu'il arrivât, qu'elle étoit perdue pour luy Enfin il fortit de cet embarras par un billet de fa main, qui luy aprenoit qu'elle n'avoit pû s'empêcher de fuivre l'Amant pour qui elle étoit contrainte de l'abandonner; & que s'il vouloit qu'on luy en dît davantage, il pouvoit venir où le porteur du billet le conduiroit. Il ne luy falut rien de plus pour le confirmer dans ce qu'il avoit penté d'abord, qu'elle s'étoit enfermée dans quelque Convent: Ce fut en effet où on le mena La Belle vint à la Grille d'un air modefte; mais toute brillante, par l'heureux calme d'efprit qui paroiffoit fur fon vifage.

Elle dit au Cavalier qu'elle le croyoit trop jufte pour vouloir Le plaindre de fon infidelité, puifqu'elle

puifqu'elle ne le quittoit que pour un objet fi digne de l'amour de tout le monde, que pour peu qu'on s'apliquât à le bien connoître, on ne pouvoit plus aimer que luy qu'elle avouoit hautement qu'elle luy étoit obligée de fon falut; & qu'en luy faifant connoître combien la coqueterie étoit déteftable, il l'avoit tirée comme du fond de l'abifme où la vanité la précipitoit ; qu'il étoit caufe qu'elle avoit pouffé fes reflexions plus loin; & qu'à force de confiderer la neceffité qu'il y a de se sauver, & le peu qu'eft & dure la vie, elle avoit voulu fe mettre à couvert de fon panchant, en renonçant tout-à-fait au monde, pour qui elle fe fentoit un attachement trop fort; qu'en y demeurant, elle auroit pû retomber dans des foibleffes qui l'auroient rendue

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indigne de fon eftime, au lieu que le party qu'elle avoit pris, elle étoit fûre qu'il ne pouvoit fe défendre de l'aimer & de l'eftimer toujours.

Le Cavalier employa tout ce qu'il put trouver de raifons pour la détourner de fon deffein, & luy fit voir avec combien d'innocence elle pouvoit vivre dans le monde, & fe permettre tous les divertiffemens qui convenoient à une perfonne de fon âge. Elle fe montra infenfible à tout; & les larmes de fa mere qui luy porta de rudes attaques, & qui ne pouvoit fe confoler de fa perte, ne firent aucun effet. Elle prit l'habit de Religieufe au commencement du mois paffé; & l'état qu'elle a choisi la rend fi contente, que tout ce qu'elle fouhaite, c'eft de voir finir fon tems de Noviciat pour faire Pro

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