tement. Ténedos eft une des Ifles 1730 de l'Archipel fur la côte d'Afie, près du Détroit des Dardanelles. Le Divan réfolut d'envoyer en Perfe une armée de deux cents millehonimes qui feroit comman le Prince fils aîné du Sul dée par en chef fur la frontiére eût ordre de faire marcher du côté de Tauris toutes les troupes qui fe trouveroient dans le pays. Cuperli ayant formé une armée de quarante mille hommes, commença par en détacher quatre mille pour fervir d'escorte à un convoi de fix cent Chameaux chargés de vivres & de munitions de guerre pour la Ville affiégée. Mais le Détachement fut battu & le convoi enlevé : le Pacha lui-même bientôt après ayant été furpris dans fa marche, fut fut défait & obligé de fe retirer 1730 du côté d'Erivan, fans pouvoir conferver aucune communication avec Tauris. Cette premiére défaite des Turcs quoique peu confidérable en elle-même occafionna à Conftantinople un grand événement. Schah-Thamas qui avoit fait plufieurs prifonniers dans le dernier Combat, fut confeillé de fe venger des cruautés exercées par les Turcs lorfqu'ils firent irruption dans l'Arménie Perfanne; il choifit parmi fes prifonniers trois cents Turcs pour être les malheureuses victimes de fa vengeance: il leur fit couper le nez & les oreilles & dans cet état les fit embarquer fur la Mer Noire dans un vaiffeau du Pays. Le Grand Vifir en fut informé à propos ; comme il avoit été l'auteur de la guerre de Perfe & qu'il avoit ordonné lui-même les mauI le vais traitemens faits aux Perfans, 1730 il craignit avec raifon qu'une exécution de cette nature n'eut des fuites fàcheufes ; & pour les prévenir, il dépêcha des Courriers avec des ordres précis aux Gouverneurs des places fituées à l'embouchure de la Mer Noire de couler à fond le premier vaiffeau qu'ils apperçevroient. Le fuccès répondit à fon attente, vaiffeau fut englouti, & l'affaire n'auroit point éclaté, fi un nommé Patrona qui avoit été, dit-on, témoin de l'exécution en Perfe, & du naufrage de ces iniférables, n'eut découvert ce qu'il importoit au Grand Vifir de tenir caché. Ce Patrona arrivé à Conf tantinople, affemble le Peuple dans la grande Place, & lui faifant une peinture vive des indignités commises fur les foldats Turcs, en repréfailles de celles que le Grand Vifir avoit fait com mettre contre les Perfans, il excita une révolte générale dans la 1730. Ville; le Peuple devenu furieux, courut au Serrail en criant juftice & vengeance. Je paffe le détail cette affaire qui n'eft pas de mon fujet, il fuffit de dire que la révolte ne put être appaifée que par la mort du Grand Vifir & des premiers Miniftres & par la dépofition du Sultan Achmet qui fut obligé de céder l'Empire a fon Neveu Mahmouth aujourd'hui régnant. Pendant ces Révolutions de Conftantinople qui finirent le premier Octobre de cette année, le Roi de Perfe continuoit avec fuccès le fiége de Tauris & le pouffoit fi vivement qu'avant la fin du fecond mois le Pacha qui y commandoit, à la veille de manquer de vivres & de munitions de guerre, donna parole au Roi de rendre la Ville, fi dans dix jours il ne recevoit pas les fecours qu'il 730 attendoit le Roi détacha aufli tôt de fon armée vingt mille hommes de Cavalerie & les envoya du côté de Bagdad pour occuper les paffages par lefquels il pourroit arriver du fecours à Tauris. Ceux-ci rencontrérent en effet, à deux journées en deça de Bagdad 15000. hommes qui venoient du Grand Caire; ils les attaquérent dans un défilé, où les Turcs ne pouvant fe mettre en bataille furent taillés en piéces, fix mille furent tués fur la place, & le refte s'étant fauyé, abandonṇa fes provifions, fes munitions de guerre & quelques piéces de canon. Le Pacha de Tauris apprit bien-tôt ces fâcheufes nouvelles & ne voyant plus de fecours à efpérer fe foumit au Vainqueur & le reçut dans la Ville. La reddition de cette place, jointe aux autres ayantages queles |