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de deux ans : l'Héritier des Sophis rétabli fur le trône de fes 1722 Peres, fur lequel il ne fait que fe montrer. Un homme devenu fameux dans toute l'Afie & en Europe par une heureuse hardiesfe fecondée d'une valeur finguliére; élevé de l'état le plus bas, au rang fuprême ; affis fur le trône du Grand Abbas, après en avoir fait defcendre le Souverain, que lui-même y avoit placé; régnant aujourd'hui avec un pouvoir abfolu, fur une des plus grandes Monarchies du Monde, eftimé de ses nouveaux Sujets à qui il a procuré la paix & l'abondance, redouté de fes Voifins qu'il a forcés à la reftitution de toutes les conquêtes faites fur la Perfe durant les troubles. Enfin le Conquérant du vafte Empire des Indes, qu'il a rendu tributaire des Perfans après lui avoir ́ enlevé d'immen

fes richeffes. Voilà les grands 1722 événemens de la nouvelle Révolution de Perfe, & de l'Hiftoire de Thamas Kouli-Kan.

:

Schah - Huffein, au milieu d'un nombre prodigieux de Femmes dont il avoit rempli fon Haram, n'eut que deux fils & une fille nous parlerons ailleurs de la Princeffe. Mirza - Sefi, l'aîné des trois, étoit un Prince d'une figure & d'un caractére extrémement aimables, grand, bien-fait, robufte, l'air noble, les inclinations bienfaifantes, l'efprit aifé & pénétrant. Le Roi fon Pere, dont il faifoit les délices, le défigna fon Succeffeur; & afin de l'accoutumer de bonne heure au Gouvernement, il le tira du Haram avant les troubles, pour faire fon Lieutenant - Général dans tout le Royaume, avec ordre aux Miniftres de l'admettre à tous les Confeils & de le refpec

le

ter comme lui-même. Cette feule action de Schah-Huffein, étoit 1722 capable de réparer tout le defordre de fon régne, s'il eut eu la force de la foutenir. A peine le Prince eut-il pris connoiffance du Gouvernement, qu'il en reconnut tous les abus: il fongeoit déja à y remédier en remontant à la fource du mal; mais les Eunuques ne lui en donnérent pas le tems, ils étoient trop puiffans pour être aifément réduits, & trop jaloux de leur autorité pour fouffrir une réforme qui l'anéantiroit. Maîtres de l'efprit du Roi qu'ils fçavoient manier à leur gré, ils lui firent entendre que le Prince fe croyant déja indépendant vouloit commander avec une autorité abfoluë, fans confulter même les personnes les plus expérimentées du Confeil & que dévoré de la foif de régner, il y avoit tout lieu de craindre qu'il

ne cherchât à s'abreger le che1722 min du trône par une indépendance réelle, peut-être même par un parricide. Sur ce foupçon qui n'avoit pas le moindre fondement, mais que le foible Huffein ne fe donna pas feulement la peine d'examiner, on lui fait figner un ordre de renfermer le Prince dan le Haram, dont il étoit forti il n'y avoit pas deux mois. Non contens de cette vengeance, les Eunuques qui craignoient toujours de l'avoir pour maître, réfolurent de lui ôter toute espérance à la Couronne, en extorquant un fecond ordre pour lui faire perdre la vûe.

Par ce dernier trait de leur méchanceté & de leur politique, ils affurérent la fucceffion au second fils du Roi, nommé Thamas, Prince d'autant plus au gré des Eunuques, qu'il étoit en tout femblable à fon Pere, hors la dé

bauche qu'il ne connoiffoit pas. Durant le fiége d'Ifpahan, 1722 le Ministére ayant épuisé toutes fes reffources, regarda comme le derniére de faire raffembler toutes les troupes qui étoient répandues dans les Provinces pour les amener promptement au fecours de la Capitale; mais jugeant qu'on n'en viendroit pas aifément à bout, fi on ne leur envoyoit un Chef capable d'en impofer & de fe faire obéir, il fut réfolu de faire partir le Prince Thamas & pour lui donner plus d'autorité fur les troupes, le Roi le déclara folemnellement Héritier du trône & Généraliffime des Armées de Perfe. La difficulté, fut de le faire fortir d'Ifpahan que les Aghuans tenoient étroitement bloqué: il eut cependant le bonheur de fe fauver avec une fimple escorte de cinq cents hommes, quoique les ennemis

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