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paffer fes troupes en revûe de1732 vant le Roi, il lui propofa de venir dans fon camp avec toute la Cour: Schah-Thamas n'étant plus le maître de s'opposer aux volontés de fon Miniftre, fe rendit au camp où il fut reçu avec tout le refpect qui lui étoit dû ; l'armée paffa en effet en revûe & le Général feignant toujours d'agir par les ordres du Roi réforma tous les Officiers qu'il fçavoit attachés à leur Souverain & enrichit de leurs dépouilles fes créatures & les foldats dont l'affection s'achète fi aisément par les libéralités. La revuë faite, le Roi se dispose à retourner à Ifpahan, mais KouliKan l'engage à paffer la nuit dans le Camp, où il lui avoit fait préparer une tente magnifique, difant qu'il vouloit le régaler fplendidement le lendemain pour faire voir à toute l'armée &

au

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au Peuple d'Ispahan qu'il avoit regagné toute la confiance de Sa 1732 Majesté, » démarche par confé»quent, ajoutoit-il, extrêmement » avantageuse au bien de l'Etat. » Le Roi fit tout ce qu'on voulut & paffa la nuit dans le camp, non fans quelque foupçon de ce qu'on lui préparoit.

Le lendemain de grand matin, Kouli-Kan affembla tous les grands Officiers de l'Etat & les Miniftres du Roi qu'il avoit mis pour la plupart dans fon parti & leur représenta Schah - Thamas comme un lâche, un imbécile un homme absolument incapable de gouverner l'Etat : » il ne → veut point, ajouta-il, consen"tir à faire la guerre aux Turcs: » c'eft un Prince fans courage, » insensible à la gloire de fes Su» jets & aux maux qu'ils ont foufferts par les irruptions, les brigandages, & la cruauté d'une

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» nation toujours acharnée à no 1732 » tre perte. Il n'y a de (1) Roi que celui qui porte glorieufe »ment la Couronne. Hâtonsnous de détrôner un Prince dont la foibleffe & la lâcheté replongeroient bientôt la Perfe dans tous les malheurs dont » nous venons de la tirer. Nous avons dans fon fils un héritier du Sang de nos Rois ; qu'il foit » mis fous une fage tutelle où il apprendra le véritable art de régner, & en attendant fa Majorité, que le Royaume foit gouverné par un habile Régent qui ait à cœur l'honneur & » l'intérêt de la Perfe. Tout l'u»nivers s'apperceyra bien-tôt de >> cet heureux changement.

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Les fentimens ne furent point partagés fur la dépofition du

(1) Cette maxime étoit bonne dans la bouche d'un Ufurpateur, qui cherchoit un prétexte pour colorer fon crime.

la

Roi, parce qu'il n'y avoit dans l'affemblée que les Partisans du 1732 Général. Sur le champ SchahThamas fut déclaré indigne d'occuper le trône des Sophis, pour avoir lâchement trahi les intérêts de l'Etat & avoir confenti que Monarchie fut démembrée, & perdit fes plus belles Provinces plutôt que de fe priver d'un honteux repos & de continuer une jufte guerre. Quant au choix du Succeffeur, la délibération fut plus longue : plufieurs membres de l'affemblée foit pour faire leur Cour à Kouli-Kan, foit qu'ils euffent reçu de lui des ordres fecrets, s'oppoférent à l'élection du Prince fils du Roi, difant dans la difpofition préfente du Royaume, on avoit befoin d'un Souverain qui régnât par lui-même & qui fe mit à la tête des armées, & non d'un Roi enfant: ils ajoutérent que ce ne feroit pas

que

trop reconnoître les obligations 1732 infinies que la Nation avoit à l'Athémat-Doulet, que de lui donner le titre & la qualité de Roi avec toute l'autorité annexée à la Couronne, puifque fans lui la Perfe feroit encore la proie des barbares Aghuans & qu'il étoit feul capable de la rétablir dans fa premiére fplendeur. Thamas Kouli-Kan, comme s'il fe fut trouvé outragé par cette propofition, prenant un ton & un air qui marquoit de l'indignation, imposa filence à l'Orateur qui commençoit à s'étendre fur fes louanges: & dit que la Couron ne devoit refter dans l'augufte Maison des Sophis tant qu'elle auroit des Princes pour la porter ; & que Mirza Abbas étant le feul rejetton de la famille Roya le, quoiqu'au berceau, il n'y avoit pas à choifir pour la Royauté; mais à quoi ils devoient principa

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