dres. Il alla rejoindre fes autres 1733 troupes à Técrit, où il paffa le Tigre avec toute fon armée fur des radeaux, & s'avança ensuite jufqu'à Moful.

Son deffein étoit de mettre le fiége devant cette Ville, ne doutant pas qu'elle ne se rendit à la premiére fommation, fur l'avis qu'il avoit reçu qu'elle étoit dépourvûe de tout, qu'il y avoit beaucoup de monde, mais trèspeu de vivres & encore moins de munitions, fans aucune fortification considérable. Cependant l'a vis fe trouva faux, Moful étoit très-bien pourvûe, & le Pacha du Diarbec à la tête de vingt mille hommes étoit à portée de la fecourir au befoin. Moful eft une grande Ville bâtie fur la rive droite du Tigre à foixante lieues audeffus de Bagdad & à quarante au-deffous de Diarbekir: elle eft à l'oppofite de l'ancienne Ninive

qui n'eft à préfent qu'une confufion de vielles Mafures qui s'é- 1733. tendent une lieue le long du fleuve. Sur les premiers bruits de l'irruption des Perfans dans le Diarbec, les principaux habitans de Mofulavoient d'abord voulu s'enfuir avec leurs meilleurs effets; mais d'un côté l'incertitude de fçavoir où fe mettre en fûreté dans un pays ouvert & inondé de foldats & de coureurs Arabes non moins à craindre, les cris & même les menaces du Peuple au désespoir de fe voir abandonné, les défenses expreffes que fit le Pacha à qui que ce soit de sortir de la Ville fous peine de la vie ; d'un autre côté les avis certains que l'on eut que le Général Perfan n'avoit point de

gros canons

à fa fuite & que le Généraliflime Topal Ofman s'approchoit de Diarbekir avec une puiffante armée, & ne tarderoit pas de venir

à leur fecours;tous ces motifs dé1733 terminérent les habitans à fe renfermer dans leur Ville & à en rétablir à la hâte la fortereffe & l'enceinte à quoi tout le monde de tout âge, de tout fexe, & de toute condition, travailla avec tant de diligence que Kouli-Kanvenantà paroître trouva la Ville hors d'infulte. Le Seraskier de la Province s'étoit même venu pofter fous le canon de la Citadelle avec le corps d'armée qu'il commandoit & avoit fi bien fortifié fon camp, qu'il ne pouvoit être forcé au combat, réfolu de fe tenir tou→ jours fur la défensivé & de ne rien hazarder du tout jufqu'à l'ar rivée de Topal Ofman.

Cependant l'armée de KouliKan étoit réduite à cinquante mille hommes, dix mille ayant péri, foit dans l'action de KouchKaleffi, foit au fiége de Bagdad ou dans les marches forcées

qu'ils avoient eu à faire. Les for-----ces confidérables que les Turcs 173 3 raffembloient pour le venir combattre le déterminerent à faire venir les trente mille hommes qu'il avoit laiffés dans le Curdistan avec un nouveau corps de Cavalerie d'Awchars. Après cette jonction il fe crut affez fort pour tailler en piéces toutes les armées Ottomanes qu'on pourroit lui oppofer. Impatient d'en venir aux mains avec Topal Ofman, il écrivit au Pacha de Moful, » qu'é» tant informé qu'un certain Général Turc, dont la lenteur ne » lui donnoit pas une grande idée » de fon courage, étoit en mar>> che depuis long-tems pour ve»nir s'oppofer à fes conquêtes; » il le prioit de faire fçavoir à ce Général de fe hâter un peu plus

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» parce qu'il étoit preffé; & que
» pour
lui abreger le chemin il
»iroit volontiers au-devant de
» lui avec une partie de fes forces

qui fuffiroit pour le faire reper 1733» tir de fa témérité «. Le Pacha ayant envoyé cette Lettre à Topal Ofman, qui fe trouvoit alors aux environs de Diarbekir ой étoit le rendez-vous général des Turcs, ce dernier fe chargea de répondre à Kouli-Kan, & le fit, dit-on, en ces termes : » quoique » le Grand-Seigneur mon Maître ait des foldats en auffi grand nombre que le fable de la mer, » & qu'outre fon Grand-Vifir, "> eut pu choisir parmi ses Pa»chas des Chefs pour les com» mander, dont la réputation feule fuffiroit pour t'anéantir; cependant Sa Hautesse a cru que »ce feroit affez, pour réprimer » ton orgueil, de t'oppofer quelques-unes de fes troupes & de » mettre à leur tête un pauvre » boiteux (1), accablé d'années » & d'infirmités ; j'efpére qu'a

il

(1) Topal en langue Turque, fignifie, Boi

teux.