tre. A ces vertus il en joignoit d'autres, qui dans une Cour cor- 1732 rompue ne paffent pas pour des vertus ; il étoit vrai, fincére, ennemi du vice qu'il reprenoit partout avec liberté & jufques dans la perfonne du Prince, quoiqu'avec les égards dûs à la Majesté Souveraine. Cette fincérité que l'on faifoit paffer pour l'effet d'un efprit chagrin & fuperbe, déplaifoit fort aux Courtifans, qui trouvérent le moyen, avec le fe cours de quelques Dames favori tes, d'indifpofer l'efprit de l'Empereur contre le cenfeur de leurs défordres & de fes défauts, & le firent confentir à fe défaire de lui. L'Azéfia aimé de tous les gens de bien qu'il protégeoit, & furtout du Peuple dont il prenoit les intérêts contre les véxations des Grands, fut averti à tems qu'on penfoit à l'arrêter, & fçut prévenir par fa retraite les mau vais deffeins de fes ennemis ; il 1739 étoit Gouverneur du Decan, Province méridionale une des plus grandes de l'Indoftan, qui s'étendoit entre les Royaumes de Golconde à l'Orient & de Guzutat ou de Cambaye au Couchant: ce gouvernement mettoit fous les ordres de Mamoulouk quarante mille chevaux, fans compter l'Infanterie : il fçut se fervir de ces troupes qui lui étoient fort attachées, non pour se révolter contre fon Souverain, mais pour se mettre à couvert des injuftices des méchans. En vain l'Empereur envoya des ordres pour l'arrêter, il ne fut point obéi: cependant l'Azéfia retiré dans le Décan s'y comporta toujours en Sujet fidéle; il ne manqua jamais d'envoyer à l'Empereur le tribut ordinaire de fa Province, il acquit même à l'Empire de nouveaux pays qu'il prit fur des Ra jas Idolâtres, indépendans du Lorfque Schah Mahamet eut (1) On appelle Omrahs les plus grands Seigneurs de l'Etat, c'eft-à dire, les Vicerois, les Gouverneurs de Provinces, les Miniftres. Les Rajas font des Princes Indiens Idolâtres qui gouvernent de petits excufa toujours sous différens 1739 prétextes, tant que le danger ne lui parût pas abfolument pref fant: ce ne fut qu'au bruit des progrès étonnans de l'Ennemi qui menaçoit déja la Capitale, qu'il se détermina à facrifier ses reffentimens au bien public, & partit avec fon armée pour aller joindre celle de l'Empereur à Dehly. Ce Prince lui fit l'accueil le plus favorable, les honnêtes gens de la Cour le revirent avec joie & les troupes qui avoient une entiére confiance en fa conduite reprirent courage en le voyant à leur tête. Tel étoit le Généraliffime des armées du Grand-Mogol avec qui Schah Nadir voulut s'aboucher & traiter de la paix. Mamoulouk qui connoiffoit le génie Etats fous la protection du Grand-Mogoł: ils ont rang d'Òmrahs à la Cour. de 1 de fes troupes, craignant qu'en lui, |