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giane, qu'il falloit traverser du 1728 Nord au Midi, dans l'efpace de deux cents lieues, enfuite par Kerman, qui en avoit encore cent ou environ de l'Occident à l'Orient. Thamas Kouli-Kan préféra ce dernier parti, parce que le Segeftan, quelque vafte qu'il fut, n'avoit aucune place forte capable de l'arrêter

&

qu'il avoit d'ailleurs des intelligences fecretes avec le Gouverneur de Kermafin, bonne fortereffe qui défendoit l'entrée du Kerman. Ainfi le Roi ayant marqué le rendez-vous de l'armée aux environs de Hérat, en fit la revûë, & la trouva forte de foixante & dix mille hommes, la plûpart Perfans, il y avoit un corps de Cavalerie de Tartares Ufbecs de douze mille hommes Kouli-Kan eut l'adreffe d'at

que

tirer au fervice du Roi.

Cette armée fe mit donc en

marche fur la fin de Février 1729. elle eut beaucoup à souf- 1729 frir, d'abord dans le paffage des Montagnes qui féparent le Coraffan du Segeftan; enfuite dans les déferts du Segeftan où l'eau leur manqua plufieurs fois : car cette vafte contrée n'eft arrofée que par la Riviére de Hind-mend qui eft l'Arofape de Pline, dont le cours eft d'Orient en Occident & dont l'embouchure eft dans le lac de Daré qui se remplit de fes eaux. Mais en allant vers le Midi on ne trouve que des Terres arides, ou des fables brulans; quelquefois il se trouve des puits creufés profondément & placés à de grandes distances les uns des autres, tels font les puits de Nareft-bad, de Barin, de Bisec, la fontaine de Diden les fources de Medra & de Borgian, que l'on rencontre fur la Toute de Segeftan à Kermasin ;

mais quelle ressource pouvoient 1729 donner ces fortes de puits dansune fi grande étendue de chemin pour une armée fi nombreuse & prefque toute compofée de Cavalerie ? Cependant la confiance que les foldats avoient dans leur: Général & l'impatience où ils étoient d'en venir aux mains avecles Aghuans, leur fit furmonter toutes les difficultés. Le dixiéme : jour de leur marche, l'armée arriva à Segeftan ou Zareng Capitale de la Province, fituée fur une. petite riviére, qui à deux lieuxau-deffous, fe jette dans le HindMend. Entre le fleuve & la Ville, eft une vaste prairie dans la-quelle l'armée campa pendant trois jours & fit fes provisions d'eau pour la longue traite qu'ilreftoit à faire. Le Roi entra dansla Ville qu'il trouva fort peuplée. & ouverte de tous côtés; il y ap-grit que deux mois auparavant,

trente

trente mille Aghuans venant du Bamian dans le Royaumede Can-1729 dahar avoient paffé par cette Ville pour fe rendre à Ifpahan. Il y reçut auffi de la part du Prince de Candahar, de nouvelles affurances de fa fidélité, avec un préfent de douze Chameaux chargés de toutes fortes de rafraichif Temens. Le quinze de Mars l'Armée fe remit en marche, traverfa le Hind-Mend fur un beau Pont de pierre, que le Grand Abbas y avoit fait conftruire cent ans auparavant, & en quatorze jours arriva à Kermafin. Il y avoit une garnison Aghuane dans cette place, avec un fort Château qui pouvoit foutenir un long fiége: Le Roi fit fommer le. Commandant de lui ouvrir les portes, en l'affurant qu'il ne feroit fait aucun mal aux Aghuans s'ils fe rendoient fans refiftance. La condition fut acceptée sur le champ,

E

le Roi fut reçu dans la Ville & 1729 la garnison demanda d'être incorporée dans l'armée Royale. Après s'y être reposée quelques jours de la longue & pénible marche qu'on venoit de faire, les troupes marchérent encore au midi vers Bende: Abaffi, C'est un beau Port de Mer, visà-vis de l'ifle d'Ormus, il eft ap pellé fur les Cartes Gomrom. Bender-Abaffi, fignifie_port d'Abbas, parce que ce Prince le fit réparer & y transporta tout le commerce qui fe faifoit par les Portugais dans l'ifle d'Ormus. II ya un bon Château qui défend le Port, Il étoit important pour le Roi de ne pas laiffer derrière lui cette place entre les mains des Ennemis pendant le fiége de Chiras, parce qu'il en pouvoit tirer abondamment la fubfiftance de l'armée : c'eft ce qui détermina Kouli-Kan à en faire le fiége.

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