dans leur Ville & n'en avoit pas même pris le chemin : ajoutant 1729 qu'ils étoient chargés de lui offrir de la part de cette même garnifon compofée de fix mille Aghuans, de fe foumettre au Roi, de recevoir les Perfans dans la Ville & même de prendre parti dans l'Armée Royale, à condition d'une Amnistie générale pour le paffé. Le Général qui avoit reçu en même tems d'Ifpahan des nouvelles certaines d'Af zraff, fut charmé de la foumiffion des Aghuans de Cabin, accepta leurs offres & leur donna parole de la part du Roi dont il avoit plein pouvoir, qu'il ne leur feroit fait aucun mal, & qu'ils pourroient en toute fûreté fe rendre au Camp près d'Ifpahan, où ils feroient reçus comme les fidéles Sujets du Roi.

Kouli - Kan donna prompte ment avis à Schah-Thamas de ce

qu'il venoit de conclure; lui pro 1729 pofa enfuite d'aller reprendre le fiége de Chiras avec le refte de l'armée & que lorsqu'il auroit achevé de pacifier l'intérieur du Royaume, il n'avoit qu'à marcher contre les Turcs ; que pour lui il fe chargeroit de poursuivre Afzraff jufqu'aux extrémités du Royaume, affurant le Roi que dès qu'il auroit atteint le meurtrier de Schah - Huffein & qu'il auroit mis les Aghuans hors d'état de lui nuire à l'avenir, il voleroit à fon fecours. La faifon étoit fort avancée, car c'étoit sur la fin de Décembre, les Perfans n'ai ment pas à faire la guerre en hiver. Mais Kouli Kan qui étoit toujours accompagné des premiers Guerriers qu'il avoit formés & endurcis à toutes les incommodités des faifons, infpira tant d'ardeur aux Perfans qu'ils forcérent gayement tous les obf

tacles

tacles de la faifon, & malgré les pluyes, les neiges & les glaces, 1730 ils s'ouvrirent partout un chemin, mais non fans perdre beaucoup d'hommes & de chevaux. Cependant l'armée bien loin de diminuer, groffiffoit de jour en jour, parce qu'on accouroit de tous côtés fur fon paffage pour voir le Reftaurateur de la Per

fe & pour prendre part à fon expédition. Comme il n'y avoit point d'ennemi à combattre ni de Ville à forcer dans toute la route, l'armée fit plus de quatre cents lieues en cinquante jours & arriva enfin le vingt Février fur les terres du Candahar.

Cette Province la plus orientale de Perfe a été pendant un tems un Royaume considérable, qui avoient fes Souverains particuliers : elle a été ensuite longtems le théatre de la guerre entre les Rois de Perfe & les Em

G

pereurs du Mogol qui fe l'enle1730 vérent fucceffivement jufqu'en 1650. qu'elle devint une Province de Perfe par la conquête qu'en fit Abbas ÎI. fans que les Mogols y ayent jamais pu rentrer. C'est un pays plein de Montagnes, arrofé par la feule riviére de Hind-Mend qui y prend fa fource & qui le coupe en deux parties prefque égales. La Capitale qui donne fon nom à la Province, eft la plus forte Ville de l'Afie: on dit qu'elle a été fortifiée par des. Ingénieurs Europeans que le Grand Mogol y employa lorfqu'il en étoit le maître. Placée entre la Perfe & les Indes elle cft un paffage néceffaire pour les Caravanes qui vont dans ces riches pays de Commerce, ou qui en reviennent; on croit que c'eft une des fept Villes qu'A lexandre bâtit en Afie & auxquelles il donna fon nom : Candahar

eft abregé d'Escandar, qui eft le nom que les Orientaux donnent 1730 à Alexandre.

Cependant Afzraff au sortir d'Ifpahan avoit marché jour & nuit fans s'arrêter & en trois jours s'étoit rendu à Chiras: d'Ifpahan à Chiras il y a foixante & quinze lieues; quelles pénibles journées pour des gens chargés de leurs familles. Perfuadé qu'il feroit bientôt affiégé dans cette Ville s'il s'y arrêtoit, & que malgré tous fes efforts il ne pourroit manquer de tomber entre les mains des Perfans, il réfolut de fe retirer dans fa Patrie, espérant d'y faire de nombreuses recrues avec l'argent qu'il emportoit & de revenir bien-tôt avec une Armée auffi forte que celle de Mirr-Magmuh détrôner une feconde fois le Sophi. Avant que de partir il fit donc promettre au Gouverneur qu'il fe défendroit jufqu'à l'extré