Imágenes de páginas
PDF
EPUB

paffer au Camp ; pour la garnifon Aghuane il lui fit grace en fa- 1730 veur de la trahison & l'incorpora dans fes troupes mettant à leur place une autre garnison toute compofée de Perlans.

Les Princeffes qu'Afzraff avoit enlevées du Haram furent retrouvées à Langor, mais dans un état pitoyable : épuifées de fatigues par les longues marches qu'on leur avoit fait faire, manquant non-feulement de toutes les commodités auxquelles elles étoient accoutumées, mais fouvent même du néceffaire:fans céffe environnées des horreurs de la mort que le Barbare leur mettoit fouvent devant les yeux, en les menaçant de les égorger toutes de fa main, le jour que la Ville feroit forcée. Quel bonheur inefpéré pour elles! lorfqu'elles apprirent qu'Afzraffchargé de chaînes étoit hors d'état de leur nuire; quelles actions de

*

graces n'en rendirent-elles pas 1730 leur Libérateur ! Kouli-Kan leur fit rendre toutes fortes d'hon

neurs, leur procura toutes les commodités qu'elles purent fouhaiter, & pour les confoler de leur longue captivité & des peines qu'elles avoient fouffertes, il voulut avant que de les renvoyer au Roi, qu'elles euffent la fatisfaction de voir le supplice de leur Raviffeur.

Tous les tréfors d'Afzraff tombérent aufli entre les mains du Vainqueur; ils devoient monter à des fommes immenfes: fi nous en croyons un Mémoire particulier, il y avoit fix millions d'argent monnoyé, & une fi grande quantité de pierreries qu'on ne fçauroit les apprécier. Le Général en ufa comme de fon propre bien, l'argent fut diftribué aux foldats dont il acheva de gagner l'affection par cette libéra

lité. Pour les Pierreries il les fit referver pour en faire ufage dans 1730 l'occafion, & les envoya à Hérat dans le Coraffan fous une bonne escorte, après en avoir préfenté quelques unes aux Princeffes.

Le 20. de Mars, l'Armée décampa de Langor & s'approcha de Candahar. Huffein-Kan vint au devant avec l'élite de la jeuneffe pour féliciter Kouli-Kan de l'heureux fuccès de fes armes & pour l'affurer de la parfaite foumiffion des habitans de cette Ville. Le Général Perfan y fit fon entrée en Conquérant environné des principaux Officiers de l'armée & fuivi de dix mille hommes, traînant après lui le malheureux Afzraff avec fa famille & tous ceux de fon parti pour les livrer au fupplice. Af zraff eut la tête tranchée, & tous les fiens furent massacrés dans la

grande place de Candahar, le 1730 corps du Chef fut embaumé & envoyé à Ifpahan où il fut publiquement empalé & expofé enfuite fur le grand chemin. Ainfi dans moins de trois mois le cruel Afzraff qui fe regardoit comme un puiffant Monarque fut chaffé d'Ifpahan, fugitif, poursuivi, pris, mis à mort & condamné à fervir de fpectacle aux paffans & de pâture aux oiseaux. C'est là un de ces jeux cruels de la fortune qui fe plaît à brifer & à fouler fous fes pieds, les Idoles dont elle avoit fait pendant quelquetems l'objet de la vénération des Peuples; ou pour mieux dire c'eft-là un de ces grands exemples que la providence Divine donne de tems en tems aux hommes pour mettre un frein à leur ambition & pour les contenir dans les bornes de l'état où la même Providence les a placés.

La relation qui fe trouve dans les Lettres Edifiantes & Curieu- 1730 fes que j'ai déja citée, raconte autrement la fin d'Afzraff: on y dit qu'au fortir d'Ifpahan il prit la route de Chiras où il s'enferma pendant quelque-tems; qu'ayant vû bien-tot après arriver KouliKanaux portes de la Ville,il chercha à l'amufer par des conférences pour gagner du tems & pour affurer fa fuite: que fur le chemin de Chiras à Candahar fes troupes fe débanderent & qu'il refta avec quatre à cinq cents hommes de fes plus fidéles ferviteurs: que quand il arriva aux environs de Candahar Huffein-Kan en fortit avec un Corps de troupes fraiches, lui coupa le chemin, le combattit & le tua.

J'ai vu une troifiéme Relation qui me paroît beaucoup plus vrai femblable que les deux autres,fur ce fait; fuivant laquelle Kouli

« AnteriorContinuar »