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Kan après avoir fait crever les 1730 yeux à Afzraff au-lieu de le faire mourir à Candahar le renvoya vivant au Roi pour lui laiffer le plaifir de la vengeance & le foin de punir le meurtrier de SchahHuffein comme il le jugeroit à propos:nous avons même vû plus haut que ce Général en partant pour Candahar avoit promis au Roi de lui livrer Afzraff. SchahThamas étoit occupé au fiége de Chiras lorfqu'on lui amena PUfurpateur, la Garnifon de cette Ville s'opiniâtrant à faire une vive resistance parce qu'elle comptoit toujours fur les fecours qu'Afzraff avoit promis; le Roi fit élever un échaffaut qui pouvoit être vu des habitans; fur lequel ayant fait monter Afzraff; il le fit écorcher tout vif avec des étrilles de chevaux; on mit enfuite fa tête au bout d'une pique à la vue des remparts. Malgré

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cette exécution, la Garnison re

fufa toujours de se rendre, per- 1630. fuadée qu'il n'y avoit plus de fa

lut

pour elle: le Roi commanda alors un affaut général qui fut si furieux & fi bien conduit que la Place fut emportée; & l'on passa au fil de l'épée tout ce qui s'y trouva d'Aghuans.

Revenons à Candahar : les Principaux de la Nation Aghuane s'étoient retirés pour la plûpart avant l'arrivée des Perfans, prévoyant bien que quoiqu'ils ne faffent jamais fortis de leur Patrie, ils feroient néanmoins enveloppés dans la vengeance des Vainqueurs parce que toute la Nation étoit coupa ble de la premiére révolte de Mirr-Weys. En effet Kouli-Kan les fit rechercher exactement & envoya contre les Fuyards plufieurs partis qui en ramenerent un grand nombre: ils furent tous

décapités au nombre de plus de 1730 quatre cents, malgré leurs proteftations d'être à l'avenir fidéles au Roi ; & les jeunes enfans de ces illuftres Aghuans furent envoyés en ôtage à Ifpahan. L'Hiftorien Hollandois taxe en cette occafion Kouli-Kan de cruauté, mais peut-être qu'il crut cet exemple de févérité nécessaire pour

étouffer les femences de la rebellion & pour contenir les efprits d'une nation entreprenante; ce qui juftifie notre Général, c'est ce que nous avons vû qu'il fit en faveur des Aghuans d'Ifpahan, de Casbin, de Langor; on leur fit grace parce qu'ils n'étoient plus en état de nuire : mais il jugea fans doute qu'il étoit contraire à la bonne politique de faire grace aux Chefs de la révolte, dans le lieu même où elle avoit pris naiffance; & qui proteftoient de leur fidélité à la vûe

d'une

d'une armée victorieuse. Kouli-· Kan fit encore choisir parmi les 1730 Aghuans, huit mille hommes des mieux faits, pour être enrôlés dans fon armée, & enfin taxa la Nation à cent mille Tomans de contribution pour les frais de la guerre. Le Toman vaut environ foixante & quinze livres de notre monnoye; ainfi la taxe montoit à fept millions cinq cent mille livres argent de France. Huffein-Kan qui avoit donné des preuves conftantes de fa fidélité envers le Roi fut continué Gouverneur de la Province, mais on lui donna un confeil compofé de perfonnes de confiance, char-gées d'éclairer fa conduite &. fans l'avis defquelles il ne pouvoit rien entreprendre de confidérable. Pour la garnifon elle fut toute changée & compofée de Perfans ennemis naturels des ha bitans.

H

Kouli-Kan après avoir pris

1730 tous les arrangemens néceffaires dans Candahar, s'occupa à parcourir la Province pour repren dre diverfes places dont les Mogoliens s'étoient emparés durant les troubles de Perfe; il chaffa bien-tôt ces voisins incommodes & les obligea de regagner leurs frontiéres.Il fit prêter un nouveau ferment de fidélité envers le Roi aux habitans de ces places & y établit des Gouverneurs dont il étoit bien affuré. Enfin après avoir employé près d'un an à fon expéditios contre les Aghuans, il fongea à fe rapprocher de la Capitale du Royaume. Il voulut chemin faifant vifiter les principales Provinces fous prétexte d'étouffer toutes les femences de Rebellion & de rétablir par-tout le bon ordre ; mais en effet pour fe montrer aux Peuples que fa réputation avoit déja fi fort pré

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