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SECTION DEUXIEME.

Des Phafes des Corps céleftes vus de la Terre.

ARTICLE PREMIE R.

Des Phafes proprement dites.

LES Planètes & les Satellites n'étant éclairés que par le Soleil, doivent préfenter à un Spectateur placé fur la Terre, quelques fingularités qui dépendent de leurs fituations par rapport au Soleil & à la Terre. On apperçoit dans certains tems leur furface éclairée toute entière, dans d'autres on n'en apperçoit qu'une partie. Elles fe dérobent même quelquefois totalement à nos yeux, On a nommé Phafes ces diverfes apparences. Commençons par celles de la Lune,

S. I.

Des Phafes de la Lune.

Nouvelle Lune. Lorfqu'en tournant autour de la Terre, ce Satellite (fig. 29) fe trouve entre le Soleil & nous, ou, ce qui revient au même, lorsque la Lune eft en conjonction, la Terre T ne peut l'appercevoir, puifque fa partie éclairée étant toujours tournée vers le Soleil elle ne nous préfente alors que fa partie obfcure; fa maffe nous déroberoit même alors entièrement, ou du moins en partie, la lumière de cet

Aftre, fans l'inclinaifon de l'orbite de la Lune fur l'Ecliptique, en vertu de laquelle ce Satellite eft fouvent au-deffus ou au-deffous de ce plan, & ne fe trouve point par conféquent fur la Ligne qui joint le Soleil & la Terre. Ĉette Phase de la Lune eft appelée NOUVELLE LUne.

Premier Quartier. Quelques jours après la Nouvelle Lune, ce Satellite en s'avançant vers l'Orient " commence à nous laiffer appercevoir un peu de fa furface éclairée. Au bout de fept jours nous en voyons une moitié C, c'eft ceque l'on nomme PREMIER QUARTIER. On l'appelle auffi Croiffant: fes cornes font tournées vers l'Orient, & fa partie éclairée vers l'Occident. Pleine Lune. En continuant d'avancer, la Lune après fept autres jours, fe trouve en oppofition; & fans l'inclinaifon de fon orbite, la Terre lui déroberoit alors la lumière du Soleil. Mais le plus fouvent elle la reçoit. Et comme alors fa furface éclairée fe trouve directement tournée

,

vers la Terre elle nous paroît très-brillante & nous voyons fa furface éclairée toute entière. Cette Phafe eft la PLEINE LUNE.

Dernier Quartier. Enfin, après sept jours encore, la Lune ne préfente plus à la Terre qu'une portion de fa partie éclairée. C'eft le DERNIER QUARTIER. Ses Cornes font tournées vers l'Occident, & fa partie éclairée vers l'Orient.

En revenant entre le Soleil & nous, elle achève fa révolution Synodique, & le tems qu'elle emploie à la faire, eft ce que l'on nomme Lunaifon

ou Mois Lunaire.

De la Lumière Cendrée.

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en

Avant ou après la Nouvelle Lune, on apperçoit une Lumière très-foible fur la partie de la furface de la Lune, qui n'est pas éclairée par le Soleil; cette Lumière ne peut venir du Soleil. Pour en expliquer la caufe, il faut obferver que lorsque la Lune eft en conjonction avec le Soleil, la Terre eft, par rapport à la Lune oppofition avec le Soleil, enforte qu'à cet instant la Terre doit paroître dans fon plein, & par conféquent dans fon plus grand éclat, à un Spectateur placé fur la Lune. La Lumière réfléchie par la Terre doit même être plus confidérable que celle de la Pleine Lune, puifque la furface de la Terre eft beaucoup plus grande que celle de ce Satellite. C'eft cette Lumière que la Terre réfléchit à la Lune, qui nous rend visible la partie de la furface non éclairée par le Soleil; on la nomme Lumière Cendrée, à caufe de fa couleur. S. II.

Phafes de Vénus.

Toutes les Planètes ont auffi des Phafes analogues à celles de la Lune. Mais à caufe de la grande distance de Jupiter & de Saturne à la Terre, leurs Phafes font infenfibles, & ces Planètes nous préfentent toujours, à peu de chose près, leur partie éclairée toute entière. Mars & Mercure ont des Phafes fenfibles; mais la Planète fur laquelle elles font plus remarquables eft Vénus. Lorsqu'elle eft près de fa conjonction, on

ne peut l'obferver , parce qu'elle est alors trop près du Soleil, & qu'elle fe trouve plongée dans fes rayons. Mais à mefure qu'elle s'en dégage, elle préfente un fpectacle abfolument femblable à celui que nous offre la Lune dans les mêmes circonftances. En la confidérant avec un Télefcope, on voit fa partie éclairée augmenter de plus en plus, jufqu'à ce qu'étant près de l'oppofition, cette Planète fe replonge de nouveau dans les rayons folaires qui nous la font perdre de vue. Elle reparoît enfuite fort brillante, & fa furface éclairée va en diminuant fuivant les mêmes degrés, felon lefquels elle avoit augmenté.

S. III.

Phafes de l'Anneau de Saturne.

L'Anneau de Saturne (fig. 30) eft, comme je l'ai obfervé dans le premier Chapitre, fort mince, relativement à fa largeur. Il préfente des Phénomènes très-finguliers dépendans de fa pofition relativement au Soleil & à la Terre. Pour en donner une idée, j'observerai qu'il n'eft, ainfi que tous les Corps célestes de notre Systême Planétaire, éclairé que par la lumière du Soleil. D'où il fuit que cet anneau doit difparoître à nos yeux toutes les fois que fon plan prolongé paffe entre la Terre & le Soleil, parce que dans cette pofition nous nous trouvons au-deffous de la partie éclairée de l'anneau. Il doit difparoître auffi, lorfque fon plan prolongé paffe par le Centre du Soleil, parce que cet Aftre ne l'éclaire plus que dans le fens de fon épaif

feur qui eft très-petite. Dans ces deux cas Saturne paroît rond comme les autres Planètes : dans tous les autres il est accompagné de fon anneau.

Mais il peut arriver que cet anneau ne paroiffe pas l'environner tout entier; ce qui a lieu lorfque par le peu d'élévation de la Terre au-deffus de fon plan, l'angle fous lequel fa largeur peut être apperçue, eft moindre que celui fous lequel

on voit le diamètre de Saturne. Alors cette Planète paroît accompagnée de deux Corps lumineux, qui femblent n'avoir aucune adhérence entre eux: ce font les deux extrémités de l'anneau qui font vues de chaque côté de la Planète tandis qu'une des branches de l'anneau eft cachée derrière elle, & que l'autre paroiffant fur la Planète, fa Lumière fe confond avec celle de la Planète elle-même.

Ces bifarreries de l'anneau de Saturne étonnèrent beaucoup Galilée qui les obferva le premier, ainfi que les Aftronomes qui les obfervèrent enfuite. Ils fe tourmentèrent inutilement pendant plus de quarante ans pour en deviner la caufe, jufqu'au moment où le célèbre Huyghens, ayant porté l'art des Télescopes à un degré de perfection inconnu avant lui, fuivit ces apparences avec plus d'exactitude qu'on ne l'avoit fait encore, & démontra qu'elles étoient produites par un anneau fort mince dont Saturne eft environné. Les Lecteurs curieux de prendre des connoiffances plus étendues fur cet objet, peuvent confulter l'excellent ouvrage de M. Du Séjour, qui a pour titre : Effai fur les Phénomènes relatifs aux disparitions périodiques de l'Anneau de Saturne.

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