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ARTICLE II.

Des Eclipfes & du Paffage de Vénus.
S. I.

Des Eclipfes de Lune.

LA Terre, comme tous les Corps opaques, intercepte la lumière du Soleil. Elle forme derrière elle, relativement à cet Aftre, un cône d'ombre TLH, (fig. 31) qui, à raison des groffeurs refpectives du Soleil & de la Lune, fe termine à un point H éloigné de la Terre d'environ 300 mille lieues, & par conféquent beaucoup au-delà de la diftance de la Lune. L'axe de ce cône d'ombre eft le prolongement de la droite qui joint les centres du Soleil & de la Terre. Il eft conféquemment fur le plan même de l'Ecliptique. On voit ainfi que fi, dans l'inftant où la Terre paffe entre le Soleil & la Lune L, ce Satellite eft dans le plan de l'Ecliptique, il fera plongé dans ce cône d'ombre & privé de la lumière du Soleil. Dans cette pofition la Lune fera éclipfée en entier, & il y aura Eclipfe de Lune.

Mais fi lors de l'apparition de la Lune, elle eft affez élevée au-deffus de l'Ecliptique, pour qu'il n'y ait qu'une partie de fa furface engagée dans l'ombre de la Terre, l'Eclipfe ne fera pas totale, elle ne fera que partielle, & d'autant moindre que la Lune fera plus élevée fur le plan de l'Ecliptique, ou plus abaiffée au deffous.

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Il fuit delà que fi l'orbite de la Lune étoit exactement fur le plan de l'Ecliptique, il y auroit chaque mois Eclipse totale de Lune, lors de l'oppofition de ce Satellite; mais fon orbite étant inclinée à l'Ecliptique, il arrive le plus fouvent que dans fon oppofition, il eft audeffous où au-deffus du cône d'ombre formé par la Terre, & dans ce cas il n'y a point d'Eclipfe.

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La prédiction des Eclipfes de Lune, fe réduit donc à déterminer d'après les connoiffances que l'on a du mouvement de la Terre, de celui de la Lune & du mouvement de fes noeuds, quelles font les oppofitions dans lefquelles la Lune eft affez peu élevée fur l'Ecliptique, pour qu'au moins une partie de fa furface s'engage dans l'ombre de la Terre, & c'eft ce que l'on fait avec beaucoup de précifion, au moyen des excellentes Tables que l'on a conftruites dans ce fiècle, pour représenter le mouvement du Soleil & de la Lune; enforte qu'au moyen de ces Tables, on eft en état de prédire, à très-peu de chose près, le tems des Eclipfes, leur grandeur & leur durée.

Une circonstance effentielle des Eclipfes de Lune, c'eft que l'on apperçoit ce Satellite, quoique plongé dans l'ombre de la Terre: fa couleur paroît d'un rouge fombre, & la lumière qui la rend visible, n'eft que la lumière même du Soleil, réfractée par l'Atmosphère de la Terre comme je l'expliquerai plus au long, en parlant des réfractions de l'Atmofphère.

S. II.

Des Eclipfes de Soleil.

Si, lorsque la Lune eft en conjonction avec le Soleil, elle eft en même tems fur le plan de l'Ecliptique, il eft vifible que fe trouvant alors entre la Terre & le Soleil, elle doit nous cacher fon difque tout entier ou en partie.

Elle le cachera tout entier, fi fon diamètre, vu de la Terre, paroît fous un plus grand angle que celui du Soleil; dans ce cas, il y aura Eclipfe totale de Soleil.

Elle ne le cachera qu'en partie, fi fon diamètre eft vu de la Terre fous un plus petit angle. que celui du Soleil; dans ce cas on verra autour de la Lune un anneau de lumière, qui fera l'excès du diamètre apparent du Soleil fur celui de la Lune.

Les circonftances des mouvemens du Soleil & de la Lune font telles que ces deux cas peuvent exifter. Comme la diftance de ces deux Aftres à la Terre font variables, leurs diamètres apparens le font auffi, de manière que lorsque la Lune eft Perigée & le Soleil Apogée, ou la Terre Aphélie ce qui eft la même chofe, le diamètre apparent de la Lune eft plus grand que celui du Soleil; & fi, dans ce cas, elle fe trouve exactement entre le Soleil & la Terre, elle le cache en entier. Mais fi la Lune eft Apogée & le Soleil Perigée, ou la Terre Périhélie ce qui eft la même chofe, le diamètre apparent de la Lune eft plus petit que celui du Soleil, & lorfqu'elle fe trouve exactement entre le Soleil &

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la Terre, elle ne le cache pas en entier, & elle en laiffe appercevoir une partie fous la forme d'un anneau lumineux.

J'ai cherché à représenter ces deux fortes d'Eclipfes dans la figure 32; S eft le Soleil; 0000, l'orbite de la Terre; xxxx, celle de la Lune. Si la Terre étant à fon Périhélie A, la Lune eft à fon Apogée B, fon diamètre apparent étant alors moindre que celui du Soleil, elle ne nous en cache qu'une partie : on voit autour d'elle un anneau de lumière. Le cône d'ombre formé par la Lune, ne s'étend pas alors jufqu'à la Terre, qui, par conféquent, eft toujours éclairée. par une partie du Soleil.

Mais fi la Terre étant dans fon Aphélie, la Lune eft dans fon Périgée C, fon diamètre apparent étant alors plus grand que celui du Soleil, elle le cache entiérement à la Terre. Le cône d'ombre formé par la Lune, s'étend alors au delà de l'Obfervateur, & l'Eclipfe eft totale.

Il y a des Eclipfes partielles de Soleil, comme nous avons vu qu'il y en avoit pour la Lune. Elles ont lieu lorfque la Lune ne fe trouvant pas exactement entre le Soleil & l'Obfervateur, ne lui cache qu'une partie du difque Solaire, ce qui vient de l'élévation ou de l'abaiffement du centre de la Lune, au-deffus ou au-deffous de la Ligne menée de l'oeil de l'Obfervateur au centre du Soleil; mais il y a une différence effentielle entre les Eclipfes de Soleil & celles de Lune, & qui confifte en ce que ces dernières ont lieu au même inftant pour tous les pays de la Terre, fur l'horizon defquels la Lune fe trouve alors. Du moment où elle atteint l'ombre de la Terre,

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la partie qui s'y plonge ceffe d'être visible; mais il n'en eft pas ainfi des Eclipfes de Soleil ; elles commencent à des inftans différens, pour les divers lieux de la Terre, parce que chacun d'eux rapportant la Lune à différens points du Ciel, les uns doivent la rapporter fur le Soleil avant les autres. La différence de pofition des lieux de la Terre, fait même que, pour quelques uns, l'Eclipfe eft totale, tandis qu'elle n'eft que partielle pour d'autres. Toutes ces variétés qui dépendent de la Parallaxe de la Lune, rendent le calcul des Eclipfes de Soleil beaucoup plus compliqué que celui des Eclipfes de Lune. M. Du Séjour à publié dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, des recherches très-intéreffantes fur cette matière, & dans lefquelles il développe toutes les fingularités de ces Eclipfes. Je ne puis qu'y renvoyer les Lecteurs qui defireroient de plus grands détails fur cet objet.

C'est un Phénomène bien remarquable que celui qui, au milieu d'un beau jour, nous prive de la lumière du Soleil, & nous plonge dans une obfcurité profonde; à la vérité cette obfcurité fe diffipe en peu de tems; mais ce doit être un fpectacle effrayant pour les hommes, qui n'étant point prévenus de ce Phénomène, en ignorent la caufe. Its doivent craindre dans ce moment un bouleversement de la nature entière. Nous ne devons donc point être étonnés des frayeurs que ces fortes d'Ecliples ont infpirées dans les tems d'ignorance; & fi dans ce fiècle nous en fommes garantis, ainfi que de la frayeur des Comètes, c'eft un bienfait dont nous fommes redevables au progrès des Sciences. Comme on

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