Imágenes de páginas
PDF
EPUB

peut être curieux de favoir combien dure l'obfcurité totale dont je viens de parler, j'obferverai que fa plus grande durée a lieu pour les peuples fitués fous l'Equateur, & que dans les circonftances les plus favorables, elle est de 7′ 58′′.

S. III.

Paffage de Vénus fous le difque du Soleil.

Par la même raifon que la Lune en paffant entre le Soleil & la Terre, intercepte fa lumière & l'éclipse en tout ou en partie; Vénus & Mercure, dans certaines circonftances, produisent auffi une Eclipse beaucoup plus petite, leur diamètre apparent étant beaucoup plus petit que celui de la Lune. Lorfque ces Planètes paffent exactement entre le Soleil & la Terre, elles forment en fe projettant fur le difque de cet Aftre, une petite tache noire que l'on ne peut guère appercevoir qu'avec un Télefcope. Cette petite tache, en vertu du mouvement de la Terre & de celui de la Planète, paroît décrire une corde du difque du Soleil, & il eft vifible que la différente pofition de deux Obfervateurs fur la Terre, doit leur faire paroître cette corde plus ou moins éloignée du centre du Soleil, fuivant que, par l'effet de la Parallaxe, ils rapportent la Planète à un point plus éloigné ou plus près de ce centre. Il doit donc y avoir, relativement à ces deux Obfervateurs, une différence fenfible dans la durée du paffage de la Planète fur le difque du Soleil, c'eft-à-dire, dans le tems qu'elle emploie à parcourir les cordes qu'elle leur paroît décrire, l'un d'eux doit ceffer de la voir fur le Soleil avant l'autre,

Pautre, & l'on fent aifément que la différence doit être plus ou moins grande, fuivant le rapport de la distance mutuelle des deux Obfervateurs, à celles de la Planète & de la Terre au Soleil. On pourra ainfi conclure ce rapport de la différence obfervée dans la durée des paffages. Mon objet n'eft pas de donner la méthode dont on fait ufage pour cela ; il me fuffira d'obferver ici que la durée des paffages de Vénus donne ce rapport avec plus de précifion que ceux de Mercure, & que c'est au moyen de ces paffages que l'on a conclu que la distance moyenne de la Terre au Soleil eft de 34761680 lieues.

S. IV.

Des Eclipfes des Satellites de Jupiter.

Si la Terre forme un cône d'ombre derrière elle, relativement au Soleil, on conçoit aifément que Jupiter doit en former un beaucoup plus confidérable, & que fes quatre Satellites en fe plongeant dans ce cône, doivent s'éclipfer Comme ce Phénomène arrive très-fréquemment à caufe de leur nombre, de la proximité du premier Satellite, & de la grandeur du cône d'ombre de Jupiter, on en fait un grand usage dans la Géographie, pour déterminer les Longitudes. Ces Eclipfes ont donné lieu à une découverte des plus importantes de la Phyfique céleste celle du mouvement fucceffif de la Lumière.

Pour la faire entendre, foit J K L (fig. 33 ) l'orbite de Jupiter; & TMN, l'orbite de la Terre. Suppofons que, lorfque la Terre eft en T & Jupiter en J, & par conféquent dans fa

plus grande proximité de la Terre, on obferve une Eclipfe du premier Satellite de Jupiter; fuppofons encore que l'on calcule, d'après les mouvemens de ce Satellite & de Jupiter, l'inftant où ce Satellite fera éclipfé, lorfque Jupiter fera en K & la Terre en N, c'est-à-dire, beaucoup plus éloignée de Jupiter. Il eft vifible que fi l'on voyoit ce Satellite s'éclipfer au moment où il entre dans l'ombre de Jupiter, il n'y auroit point de différence entre l'instant de l'Eclipfe obfervé & l'inftant calculé. Mais l'obfervation donne au contraire une différence très-fenfible entre ces deux inftans. L'inftant obfervé arrive toujours plus tard que l'inftant calculé ; & la différence eft quelquefois de 14 ou 15 minutes, lorfque Jupiter eft fort loin de la Terre. D'où il fuit que ce Satellite ne difparoît pas encore, quoique plongé dans l'ombre; ce qui ne peut venir que de ce que le dernier trait de Lumière qu'il nous envoie, ne nous parvient qu'après un nombre de minutes d'autant plus confidérable que le Satellite eft plus éloigné de la Terre.

De ces obfervations on a conclu que la Lumière emploie environ 16 minutes à parcourir le diamètre de l'orbite de la Terre, c'eft-à-dire, 69 millions de lieues, & cette découverte intéreffante a été pleinement confirmée par celle de l'aberration des fixes, comme je l'ai expliqué en parlant de cette aberration.

SECTION TROISIÈME.

Des Apparences occafionnées par les Atmosphères des Corps céleftes.

ARTICLE PREMIER.

De l'Atmosphère de la Terre & des Apparences qu'elle produit.

LA Terre eft enveloppée d'un fluide élastique & compreffible que l'on nomme Air, & dont la maffe entière a été défignée par le nom d'Atmo Sphère. Il participe aux mouvemens de la Terre fur elle-même & autour du Soleil, ce qui le rend immobile relativement à nous.

L'Air eft 800 fois plus denfe que l'Eau. Il pèfe, comme tous les autres corps, fur la Terre: c'est fa preffion qui tient le Mercure fufpendu dans le Baromètre à la hauteur de 28 pouces; fa compreffion fur un Homme d'une moyenne grandeur, équivaut à un poids d'environ 33600 livres.

Si la denfité de l'Air étoit par-tout la même la hauteur de l'Atmosphère feroit de deux lieues. Mais il eft moins denfe à mefure qu'il s'élève audeffus de la furface de la Terre, enforte que la hauteur de l'Atmosphère eft de plus de deux lieues, & l'on conclut de l'étendue du Crépufcule qu'elle doit être au moins de 16 lieues.

par

L'Air fe condenfe par le froid & fe dilate la chaleur; d'où il fuit que l'Atmosphère ne

peut jamais être dans un parfait équilibre, & que la chaleur du Soleil doit le troubler fans ceffe. C'eft, fuivant toutes les apparences, ce qui cause les vents alizés, comme nous l'avons dit à la fin du fecond Chapitre.

S. I.

De la Couleur azurée du Ciel.

Confidéré en petites maffes l'Air eft invisible. Il est trop rare pour que les rayons de lumière qu'il nous réfléchit puiffent affecter fenfiblement nos yeux. Mais confidéré en grande maffe, & comme formant notre Atmosphère, il devient vifible. La multitude de rayons que chaque point de cette maffe nous renvoie, produit alors une impreffion fenfible fur l'organe de la vue, & nous l'appercevons avec une couleur bleue, parce qu'elle nous réfléchit les rayons bleus en plus grande quantité que les autres. Telle eft la caufe de cette couleur azurée ou de ce bleu céleste qui dans un tems ferein paroît nous environner de toutes parts, & que le vulgaire croit appartenir à une voûte à laquelle les Etoiles font attachées. Cette voûte apparente n'eft autre chofe que l'Atmofphère de la Terre. Et fi cette Planète en étoit dépouillée, l'interv lle qui fépare les Etoiles, nous paroîtroit d'une obfcurité profonde.

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »