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S. IIE

De la Nature des Atmosphères.

L'Atmosphère de la Terre paroît être un fluide en vapeurs, qui, par une preffion confidérable & un froid exceffif, pourroit fe condenfer au point d'être réduit fous une forme fluide telle que l'eau ou le mercure. Quoique jufqu'à préfent on n'ait pas pouffé jufqu'à ce point, la condenfation de l'air, tout nous porte cependant à croire qu'elle eft poffible, & ce qui la rend extrêmement probable, c'eft que l'on peut avec tous les fluides connus, former des fluides invifibles, élastiques, compreffibles, & qui ont en un mot, toutes les propriétés générales de l'air. Les expériences fuivantes établiffent cette vérité d'une manière inconteftable.

Le moment de l'ébullition d'un fluide, eft celui où il paffe à l'état de vapeurs. Cet effet arrive lorfque la force expanfive que la chaleur communique à fes parties, eft fuffifante pour vaincre leur adhésion mutuelle & la preffion de l'air ou des fluides environnans, qui tendent à les rapprocher. La preffion de l'Atmosphère étant en raifon des hauteurs du Baromètre, on voit ainfi qu'il faut, pour faire bouillir l'eau, un degré de chaleur plus ou moins confidérable, fuivant que le Baromètre eft plus haut ou plus bas; c'eft en effet ce que l'expérience a depuis longtems appris aux Phyficiens. On voit encore que dans le vuide de la machine Pneumatique (i),

(1) Machine au moyen de laquelle on pompe l'air de

où la preffion de l'air eft à-peu-près nulle à caufe de fa rareté, l'eau doit bouillir & fe vaporifer au feul degré de chaleur de l'Atmofphère.

Le vuide le plus parfait que nous puiffions faire, eft celui qui fe forme au haut du tube d'un Baromètre de Toricelli, fait avec foin. On a donc imaginé de faire paffer dans ce tube quelques gouttes d'eau, où du fluide dont on vouloit connoître la vaporifation. Ces gouttes fpécifiquement plus légères que le Mercure montent à fa furface; & comme rien alors ne comprime leurs parties, on a obfervé qu'elles se réduisent en vapeurs, & que l'élafticité de fe ces vapeurs fait baiffer le Baromètre plus ou moins, felon le degré de chaleur de l'Atmofphère, & la facilité plus ou moins grande du fluide à fe vaporifer. Dans une température moyenne, l'eau fait baiffer le Baromètre de 5 à 6 lignes; l'efprit-de-vin le fait baiffer de 16 à 18 lignes, & l'Ether de 9 à 10 pouces. Ce dernier fluide l'abaiffe même à fon niveau lorfque la température eft d'environ 32d du Thermomètre de Réaumur ; d'où il fuit que dans ce cas, l'élasticité des vapeurs de l'Ether, eft égale à celle de l'Atmosphere.

Il eft aifé de voir que l'abaiffement du mercure a l'avantage de faire connoître le degré de preffion néceffaire pour arrêter la vaporifation à une température donnée ; car il eft clair par exemple, que fi un Baromètre dans lequel

deffous un récipient de verre qui la furmonte. Son nom vient du grec Пveũμa, le vent.

on a mis une goutte d'efprit-de-vin, a baiffé de r8 lignes, lorfque le Thermometre marque 10°, c'eft une preuve qu'à ce degré de chaleur, la preffion d'une colonne de 18 lignes de mercure, fuffit pour empêcher ce fluide de fe réduire en vapeurs. MM. de Lavoifier & de la Place fe propofent de publier une fuite d'expériences fur cet objet, & de déterminer la loi des vapeurs de plufieurs fluides à différentes températures; mais on doit rendre à M. Daniel Bernouilli, la justice d'obferver que dès 1751, il a fait connoître la plupart des résultats précédens, dans la pièce qui a remporté le prix de l'Académie des Scienfur les Courans.

ces,

Il fuit de ce que nous venons de voir, que fi l'on fuppofoit l'Atmosphère tout-à-coup anéantie, l'eau & tous les autre fluides qui font à la furface de la Terre, entreroient en ébullition: une partie fe réduiroit en vapeurs, & formeroit une nouvelle Atmosphère; il est donc naturel de penfer que les différens airs dont l'Atmosphère eft compofée, & que l'on a fu diftinguer & analyfer dans ces derniers temps, font autant de fluides qui fe réduifent en vapeurs, aux différens degrés de température & de compreffion qui ont lieu à la furface de la Terre. Tous ces airs fe dilatent par la chaleur & fe condenfent le froid comme les vapeurs, & l'on parviendra peut-être un jour, au moyen d'un froid exceffif & d'une forte compreffion à faire paffer à l'état fluide, l'air fixe qui, de tous ces airs, paroît le moins s'en éloigner.

par

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On peut conclure delà, ce me femble, qu'à la furface du Soleil, l'eau, le mercure & les

autres fluides terreftres ne pourroient exifter que fous la forme de vapeurs, & qu'ils y exiftent peut-être fous cette forme, tandis que l'air fixe peut exifter fous la forme fluide, à la furface de Saturne. Il paroît donc que le Globe Terreftre ne doit les avantages que la fluidité de l'eau lui procure, qu'à la distance où il est du Soleil ; & qu'à une distance beaucoup plus grande ou beaucoup plus petite, ce fluide exifteroit fous forme de glace, ou en vapeurs.

ADDITION A L'ART. V DU CHAP. II (pag. 78).
Remarque fur la longueur de l'Année.

LE changement de pofition de l'orbite de la

Terre, occafionne encore une petite variation dans la durée de l'année tropique. Pour la faire entendre, on doit obferver qu'en même tems que l'orbite terreftre s'incline fur l'Equateur par l'action des Planètes, fes noeuds, ou ce qui re vient au même, les Points Equinoxiaux ont un mouvement qui fe combine avec celui que l'action du Soleil & de la Lune occafionne; d'où il fuit que la Préceffion des Equinoxes n'eft pas feulement l'effet des attractions folaires & lunaires, mais encore celui de l'action des Pla nètes. A la vérité cette influence des Planètes est très-petite; elle eft d'ailleurs inégale dans les différens fiècles, enforte qu'au tems d'Hip. parque, elle étoit moindre qu'aujourd'hui. L'influence des attractions du Soleil & de la Lune étoit auffi plus petite, parce qu'elle eft, fuivant la théorie, plus petite, lorfque l'obliquité de

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P'Ecliptique fur l'Equateur eft plus confidérable; d'où il fuit que cette obliquité ayant diminué depuis Hipparque, l'effet des attractions du Soleil & de la Lune, fur la Préceffion, a augmenté En vertu de ces deux caufes, la Préceffion des Equinoxes étoit alors moindre que dans ce fiècle; or nous avons vu que c'eft uniquement de la quantité de cette Préceffion, que dépend la différence des deux années fidérales & tropiques; cette différence étoit par confé quent moindre que de nos jours. Ainfi, l'année tropique devoit, au tems d'Hipparque, fe rapprocher davantage de l'année fidérale, & par conféquent être plus longue qu'aujourd'hui d'envi ron une vingtaine de fecondes. Au refte, cette diminution de l'année n'eft que périodique, & au bout d'un certain tems elle augmentera felon les mêmes loix fuivant lefquelles elle diminue.

Quant à l'année fidérale, on avoit cru y re marquer quelques variations; mais en difcutant avec foin les obfervations anciennes & modernes, il paroît qu'elle n'a pas fouffert d'alté ration fenfible depuis Hipparque. D'ailleurs on s'eft affuré que l'action mutuelle des Pla nètes ne doit point influer fur le tems de leurs révolutions, ni fur leurs moyennes distances au Soleil,

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