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PRÉCIS HISTORIQUE

SUR L'ASTRONOMIE. L'ORIGINE de l'Aftronomie, comme celle de prefque toutes les Sciences, eft enveloppée d'une obfcurité impénétrable. Le Spectacle du Ciel a dû, fans doute, fixer dans tous les tems l'attention des hommes, fur-tout dans ces climats heureux où la férénité de l'air invitoit à l'obser vation des Aftres; mais quelques remarques groffières fur le lever & le coucher du Soleil & des Etoiles ne fuffifoient pas pour former une Science, & l'Aftronomie n'a commencé que du moment où un Obfervateur, ayant recueilli les obfervations de fes prédéceffeurs & fuivi luimême avec plus de foin qu'on ne l'avoit fait encore, les mouvemens des Corps céleftes, effaya de déterminer, quoique d'une manière très-imparfaite, la loi de ces mouvemens. On ignore entièrement & le nom de ce premier Aftronome, & le tems où il vécu; mais, fi l'on en juge par quelques Périodes dont les Caldéens & les Egyp tiens faifoient ufage, & qui fuppofent une Aftro nomie déjà perfectionnée, ce tems doit être fort reculé. En confidérant d'ailleurs l'exactitude des Méthodes empyriques pour le calcul des Eclipfes, qu'une longue tradition a tranfmifes chez quelques peuples de la Terre, & en particulier dans

l'Inde, & dont les Brames fe fervent aujourd'hui fans en connoître ni les principes ni les auteurs; on ne peut s'empêcher de convenir que l'Aftro nomie a été cultivée dans ces climats avec fuccès, dans des tems bien antérieurs à ceux dont l'Hif toire nous a confervé le fouvenir.

Ces confidérations ont porté quelques Auteurs à penfer que les monumens de l'Aftronomie an cienne, ne font que les débris d'une Aftronomie tres-perfectionnée chez un peuple dont le nom & l'hiftoire ont péri par une fuite de révolutions phyfiques & morales. Mais, fans chercher à déprimer ici les recherches de ces Auteurs estimables, je crois pouvoir affurer que dans tout ce qui nous refte de l'Aftronomie des Anciens, il n'y a rien qui ne puiffe être le résultat d'une longue fuite d'obfervations, & des remarques que leur comparaison a dû préfenter. Leurs grandes Périodes & leurs Méthodes empyriques femblent même indiquer avec beaucoup de vraifemblan ce, que leurs obfervations étoient peu précises, & leurs Théories Aftronomiques très-peu avan cées; & que ce n'eft que par le grand nombre des obfervations & par la longueur de l'intervalle qui les féparoit, qu'ils ont fupplée à la précision des inftrumens, ainfi qu'à la connoiffance des véritables caufes des Phénomènes céleftes. Je conviendrai fans peine que la Terre a éprouvé de grandes révolutions; tout, dans le mondephyfique & dans le monde moral, les attefte; & il y a lieu de penfer qu'elles ont détruit plus d'une fois les Sciences & les Arts, & replongé le genre humain dans la barbarie. Mais il me femble que' ce feroit en étendre trop loin l'influence, que de vouloir

vouloir expliquer par ce moyen, l'origine des connoiffances aftronomiques chez les anciens peuples de l'Egypte & de l'Inde. Au lieu d'amufer les Lecteurs par des fyftêmes d'autant plus attrayans, que, dans les ténèbres qui couvrent les premiers âges de l'Aftronomie, on peut fe permettre tous les écarts propres à flatter l'imagination; je ne commencerai l'hiftoire de cette Science qu'aux premières obfervations des Egyptiens & des Caldéens, qui nous font parvenues avec certitude.

De l'Aftronomie chez les Caldéens & chez les Egyptiens.

Les premières obfervations des Caldéens dont nous ayons connoiffance, font trois Eclipfes de Soleil obfervées dans les années 719 & 720 avant notre Ere, & dont Ptolémée fait mention dans fon Almagefte (1). Mais il eft vraisemblable qu'el les avoient été précédées d'un grand nombre d'autres moins précises, & qui, par cette raison, ont été négligées. Ce qui fait le plus d'honneur aux connoiffances aftronomiques de ce peuple, c'est une Période qu'ils nommoient Saros, & qui éroit compofée de 223 mois Lunaires, ou de 6585j. 8 h. Cette Période a l'avantage remarquable de ramener la Lune, à très-peu de chofe

(1) L'Almagefte eft un Ouvrage aftronomique de Pto-. lémée dont je parlerai bientôt. Cet Ouvrage ne nous fut connu que par les Arabes, & fon nom eft formé du mot arabe al, le, & du grec meyas, grand; ce qui fignifie dans ce fens, le grand Ouvrage, l'Ouvrage par excel lence.

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