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Société Royale de Londres ; & parmi les Af tronomes qu'elle a produits, je citerai particu liérement Flamfteed, le plus grand obfervateur de l'Angleterre ; Hallei auquel on doit entre autres recherches très-intéreffantes, l'idée ingénieufe d'employer le paffage de Vénus fur le difque du Soleil, à déterminer la parallaxe de cet aftre; enfin, Bradlei dont le nom fera célèbre à jamais, par les deux plus belles découvertes aftronomiques que l'on ait faites dans ce fiècle; celle de l'aberration des fixes & celle de la nutation de l'axe de la Terre.

De l'Aftronomie Phyfique.

,

Après avoir expofé les principales découvertes dont l'Aftronomie eft redevable aux Obfervateurs, il me reste à préfenter en peu de mots les avantages immenfes qu'elle a retirés de la connoiffance des forces auxquelles tous les Corps céleftes font foumis, & des fublimes ap plications que l'on a faites de la Géométrie à la Théorie de leurs mouvemens.

Descartes (1) eft le premier qui ait tenté d'expliquer par les loix de la Méchanique, les mouvemens des Planètes & de leurs Satellites il imagina des tourbillons de matière fubtile au centre defquels il plaça les Corps céleftes : celui du Soleil entraînoit les Planètes autour de cet Aftre, & les tourbillons de la Terre, de

(1) René Descartes, né à La Haie en Tourraine, le 31 Mars 1596, mourut en 1650 à Stockolm, où il avoit été appelé par la Reine Chriftine.

Jupiter

Jupiter & de Saturne, faifoient mouvoir les fatellites de ces différentes Planètes. Enfin, la Pefanteur à la furface de la Terre étoit, fuivant lui, l'effet de ces Tourbillons. Si les loix mieux connues du mouvement des Corps ont fait voir la fauffeté de ce fyftême, on doit au moins favoir gré à fon inventeur, d'avoir effayé le premier de foumettre à ces Loix les grands Phénomènes de la Nature.

Il étoit réfervé à Newton de nous faire connoître le principe général qui meut l'Univers. La Nature en le douant du plus profond génie qui ait exifté, prit encore foin de le pla cer à l'époque la plus favorable. La Géométrie de l'infini commençoit à percer de toutes parts. Wallis, Wren & Huyghens venoient de dé couvrir les véritables Loix du mouvement. Les découvertes d'Huyghens fur les Développées & fur la force centrifuge, conduifoient naturellement à la Théorie des mouvemens dans les courbes. Kepler enfin avoit déterminé les orbites des Planètes, & entrevu leur gravitation mutuelle, La Phyfique célefte n'attendoit ainfi pour éclorre, qu'un homme de génie qui, en combinant & en généralifant toutes ces découvertes, fût en tirer la Loi de la Pefanteur univerfelle; c'eft e qu'exécuta Newton avec le plus grand fuccès:

fa Théorie du fyftême du Monde eft, fans centredit, ce que l'on a jamais fait de plus im ortant dans les Sciences.

na

Cet homme immortel à tant de titres quit à Wooltrop en Angleterre, fur la fin de Tannée 1642; fes premiers travaux en Mathématiques, annoncèrent ce qu'il feroit un jour; *O

l'étude des livres élémentaires ne fut pour lui qu'une lecture rapide. A l'âge de 27 ans il étoit déjà en poffeffion de deux de fes plus belles découvertes, fon Calcul des Fluxions & fa Théorie de la Lumière. Le Docteur Barow lui céda fa place de Profeffeur de Mathématiques dans l'Univerfité de Cambridge; & ce fut pendant qu'il la rempliffoit, qu'il publia fon admirable Ouvrage des Principes mathématiques de la Philofophie naturelle. En 1696, il fut nommé Directeur des monnoies à Londres ; & en 1705, la reine Anne le créa Chevalier. Cette princeffe s'entretenoit fouvent avec lui fur les matières les plus abftraites; & plus d'une fois on l'a entendue fe féliciter d'être contemporaine de ce grand Homme. Il mourut au mois de Mars 1727, âgé de 84 ans & trois mois; fon Corps fut tranfporté à l'abbaye de Weftminfter, & de-là conduit avec le cortège le plus magnifique au lieu de fa fépulture où fa famille lui a depuis fait élever un monument (1).

Ce fut en 1666, que Newton, retiré à la campagne, dirigea pour la première fois fes réflexions vers le fyftême du monde. La chûte des Corps à la furface de la Terre, lui fit conjecturer que cette force que nous nommons pefanteur, s'étendoit jufqu'à la Lune, & qu'en fe combinant avec le mouvement de projection

(1) Son Epitaphe finit ainfi : Sibi gratulentur mortales tale tantúmque extitiffe humani generis decus. En voici à peu-près le fens: Que les hommes s'applaudiffent de l'existence de ce mortel extraordinaire qui fut, à tant de titres, l'honneur & la gloire de l'Humanité.

de ce Satellite, elle lui faifoit décrire autour de la Terre une orbite à-peu-près elliptique ainfi que nous voyons les Corps lancés par une force quelconque, retomber fur la Terre, après avoir décrit des Courbes paraboliques. En étendant ces idées aux Planètes, il fit voir, à l'aide d'une Géométrie très-délicate, que la loi des aires décrites par les rayons vecteurs des Planètes, proportionnellement aux tems, indiquoit dans ces grands Corps une force de pefanteur dirigée vers le centre du Soleil, & que l'ellipticité de leurs orbites démontroit que cette tendance décroît à mefure que le carré de leurs diftances au Soleil augmente. D'où il conclut le rapport découvert par Képler, entre les diftan ces & les tems des révolutions des Planètes; enforte que les différentes loix obfervées dans leurs mouvemens, & qui auparavant étoient ifolées, fe trouvèrent être une fuite néceffaire de la loi de l'attraction en raison directe des maffes, & en raifon réciproque du carré de la distance. En tranfportant cette Loi à la Lune confidérée par 'rapport à la Terre, il en conclut la quantité de pieds dont cet Aftre devoit defcendre dans une minute. Mais il fut très-furpris de trouver le résultat de fes calculs différent de celui que l'ob fervation lui donnoit 9 en partant de la grandeur que l'on fuppofoit alors au degré ter

reftre.

Loin de forcer les obfervations pour les rapprocher de fa théorie, ce grand Homme, auffi modefte que favant, abandonna pour un tems fes idées, & il ne les reprit que lorfqu'ayant fait ufage de la mefure du degré que M. Picard

il

fit en France, il trouva le plus parfait accord entre l'obfervation & fon calcul. Il n'héfita plus dès-lors à regarder l'Attraction comme une propriété générale de la Matière. En foumettant au calcul les Phénomènes céleftes eut la fatisfaction de les voir se ranger tous fous cette grande Loi de la Nature. D'après elle, il détermina l'applatiffement de la Terre ; il calcula le Phénomène de la Préceffion des Equinoxes; il fit voir que les Marées font une fuite de l'inégale tendance du centre de la Terre & des Eaux qui la couvrent en partie, vers le Soleil & vers la Lune; & que les inégalités nombreuses de ce Satellite qui avoient éludé les efforts des Aftronomes, font l'effet de fa double pefanteur vers le centre de la Terre & vers celui du Soleil; d'où réfultèrent les meilleures Tables de la Lune qui euffent paru jufqu'alors. Enfin, il démontra que les Comètes font de véritables Planètes qui décrivent des Ellipfes très-alongées, & qui ne font vifibles que dans la partie de leurs orbites la plus voifine du Soleil.

Il est aifé de fentir que ces découvertes fublimes dûrent fixer l'attention du petit nombre de Géomètres en état de les entendre: & comme la multitude des objets qui fe préfentoient en foule à leur inventeur, ne lui avoit pas permis de les traiter avec toute l'étendue néceffaire; que d'ailleurs, une difcuffion plus approfondie exigeoit une analyse plus perfectionnée; les Géomètres qui ont fuccédé à Newton, ont repris les différens problêmes dont il n'avoit pu qu'ébaucher la folution. Et ce qui forme la preuve la plus complette de la vérité de fa

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